Pourquoi François Hollande ne comprend rien ?
Posted: 23 May 2013 11:45 AM PDT
La France s’enfonce de plus en profondément dans la crise. Nicolas Sarkozy porte certes sa part de responsabilité. Mais à la tête du pays depuis plus d’un François Hollande ne peut plus fuir ses responsabilités. Notre pays retombe en récession après un recul de - 0,2 % du PIB au 1er trimestre 2013. Normal ? Le record absolu de chômage vient d’être battu le 25 avril dernier. Normal ? La dette publique explose à un niveau sans précédent. Normal ? Face à cette réalité François Hollande a annoncé ses intentions lors de sa conférence de presse du 16 mai dernier. Des mesures néolibérales qui ne feraient pas rougir Milton Friedman, mais qui n’offriront aucune amélioration de la situation économique de notre pays. Normal ?
Plus le temps passe et plus François Hollande déçoit. Parmi ses soutiens d’hier, Emmanuel Todd a été contraint de reconnaître que sa théorie du « Hollandisme révolutionnaire », dans laquelle l’action du peuple devait infléchir celle de François Hollande, n’était qu’un vœu pieux. La situation économique de notre pays a beau se détériorer à une vitesse folle, « Flamby » ne réagit pas et s’acharne à appliquer des recettes néolibérales qui ne fonctionnent pas comme il a pu le constater depuis 1 an.
Car les maux de l’économie française sont connus de tous. Désindustrialisation, liée à une compétition inégale avec des pays pratiquant des dumping environnementaux, sociaux ou fiscaux, alors que l’industrie reste le secteur, où les gains de productivité sont les plus forts tout en assurant une meilleure répartition des revenus.
Le manque de compétitivité de notre économie est en plus « plombé » par la politique de l’euro cher voulue par la BCE. Cette politique monétaire accroît nos importations et diminue nos exportations, ce qui pèse sur notre balance commerciale et ce qui favorise l’envolée de notre déficit.
La responsabilité de l’Allemagne est également forte, puisque cette dernière joue le rôle de passager clandestin au sein de l’UE en pratiquant une politique de déflation salariale.
Les solutions à notre disposition sont multiples et passent notamment par la mise en place de politiques protectionnistes, la sortie de l’euro, la fin de l’indépendance de la Banque Centrale, une politique monétaire plus accommodante, la dévaluation…
Rien de tout cela dans la conférence de presse de François Hollande, qui est persuadé que le malade ne pourra être guéri que par une nouvelle saignée, qui si elle ne s’avère pas efficace sera suivie d’une nouvelle saignée et ainsi de suite.
Ainsi alors que les jeunes ont de grandes difficultés à s’insérer sur le marché du travail et que le chômage des seniors explose, François Hollande ne trouve rien de plus intelligent que de repousser l’âge de la retraite. La raison ? L’allongement de l’espérance de vie… La ficelle est un peu grosse mais elle a toutes les chances de fonctionner. Pourtant les Français doivent comprendre que le calcul ne doit pas se faire en rapportant le nombre de retraités sur celui des actifs, mais en rapportant le montant des retraites sur celui de la productivité des actifs qui ne cesse de progresser. A titre d’illustration, la comparaison avec celle du nombre d’agriculteurs est plus pertinente. Ainsi comment les agriculteurs sont parvenus, ces 60 dernières années, à nourrir une population grandissante alors que le nombre d’agriculteurs a chuté drastiquement ? Grâce à la hausse de la productivité. La situation des retraites est exactement la même, alors que François Hollande nous épargne l’argument de l’allongement de l’espérance de vie et qu’il assume l’austérité qu’il fait subir aux salariés et aux retraités au profit des grands argentiers.
Sa deuxième proposition prend les contours d’une véritable provocation. Alors que les politiques néolibérales de l’UE ont plongé la France dans le marasme économique, François Hollande propose encore plus d’Europe pour nous sortir de la crise. L’idée serait de doter l’UE d’un véritable gouvernement économique. Mais pour appliquer quelle politique ? Celle de la troïka qui montre chaque jour sa grande réussite en Grèce ? Pour laisser l’Allemagne libre de pratiquer sa politique de passager clandestin ? Quant aux arguments fantômes de la lutte contre la fraude fiscale, la politique d’industrialisation ou la transition énergétique, que François Hollande commence par les appliquer en France…
Mais notre Président « socialiste » ne s’est pas arrêté en si bon chemin puisqu’il a accusé Nicolas Sarkozy de ne pas avoir été assez « courageux » sur la compétitivité de notre économie. L’hôpital qui se fout de la charité. La « gauche » qui reproche à la droite décomplexée ne pas avoir suffisamment « cassé » le code du travail. Et l’on pense à tous les sacrifices qui risquent d’être imposés aux salariés notamment au niveau des baisses de salaire ou des hausses d’heures travaillées, alors que des pays comme le Japon ou les Etats-Unis seront toujours plus efficaces avec une dévaluation de leur monnaie.
L’apothéose est encore à venir lorsque François Hollande nous sort de son chapeau sa méthode anti-chômage qui consiste à élargir les contrats d’avenir aux secteurs du tourisme et des services à la personne et en étendant les contrats de génération aux créations d’entreprises ou d’exploitations. Ces mesures sont louables mais il s’agit de soutien à l’activité et en aucun cas de mesures structurelles capables d’inverser durablement la courbe du chômage.
Pourquoi François Hollande ne comprend rien à la politique économique de notre pays ? Parce qu’il a été élevé au biberon du néolibéralisme au sein d’un PS qui a opéré sa mutation en 1983 sous l’impulsion de Jacques Delors. Différentes solutions sont possibles. Soit il ne peut pas croire en l’existence de solutions en dehors des politiques néolibérales, ce qui caractériserait son manque de réflexion et de d’esprit critique par rapport à un système économique qui ne fonctionne plus. Soit, et c’est plus probable, il n’a pas la volonté ou le courage de s’opposer à un système économique favorables aux entreprises multinationales et aux grosses fortunes, qui ne gardent à l’esprit que la maximisation de leurs profits et qui mettent en place de puissants lobbies pour lutter contre les mesures défavorables à leurs intérêts (protectionnisme, inflation, dévaluation, droit du travail, retraites…).
Notre rôle est de nous opposer à ces politiques et à ceux qui les servent. François Hollande en fait indéniablement partie.
Theux