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L’auteure :
Fille de militaire, élevée
dans des pensions religieuses dont elle a gardé un intérêt pour la religion catholique, A. de Saint André a fait des études littéraires puis s'est orientée vers le journalisme.
Elle a travaillé à "Elle" au "Figaro magazine" et à "Canal Plus". Elle a aussi écrit un roman policier puis des livres inspirés de ses expériences personnelles, où se reflètent ses goûts
littéraires, en particulier sa passion pour André Malraux. Elle fait encore des reportages mais se consacre de plus en plus à l'écriture dans sa petite maison bretonne. (Source :
Babélio)
Interview http://www.gallimard.fr/Media/Gallimard/Entretien-ecrit/Alix-de-Saint-Andre.-En-avant-route
L’histoire :
Alix de Saint-André a pris trois fois la route de Compostelle. La première fois, elle est partie de Saint-Jean-Pied-de-Port, sur le chemin français, avec un sac plein d'idées préconçues, qui se sont envolées une à une, au fil des étapes.
La deuxième fois, elle a parcouru le «chemin anglais» depuis La Corogne, lors d'une année sainte mouvementée.
L'ultime voyage fut le vrai voyage, celui que l'on doit faire en partant de chez soi. Des bords de Loire à Saint-Jacques-de-Compostelle, de paysages sublimes en banlieues sinistres, elle a rejoint le peuple des pèlerins qui se retrouvent sur le chemin, libérés de toute identité sociale, pour vivre à quatre kilomètres-heure une aventure humaine pleine de gaieté, d'amitié et de surprises. Sur ces marcheurs de tous pays et de toutes convictions, réunis moins par la foi que par les ampoules aux pieds, mais cheminant chacun dans sa quête secrète, Alix de Saint-André, en poursuivant la sienne, empreinte d'une gravité mélancolique, porte, comme à son habitude, un regard à la fois affectueux et espiègle.
Ce que j’ai aimé :
Alix de Saint André a suivi le chemin de Compostelle trois fois.
Elle partage avec nous cette expérience avant tout humaine faite de rencontres et d’entraide. Car les pélerins ne sont pas tous férus de religion, et beaucoup font la route pour des raisons spirituelles ou culturelles et non pas religieuses. Alix de Saint André avoue elle-même avoir « la foi plutôt méfiante. » (p.149) et ce qu’elle cherche avant tout sur le chemin est une solitude mêlée d’introspection rythmée par l’amplitude de ses pas.
« Nous faisons savoir au pèlerin qu’il rencontrera au long du chemin des saints et des canailles, mais qu’il ne désespère pas, car il devra aider les autres et parfois se faire aider lui-même, qu’il trouvera de nouvelles valeurs et découvrira la transcendance. » (p. 126)
Cette solitude sera difficile à connaître tant le chemin est rencontre : Raquel et son verbiage incessant pour le premier et deuxième voyage, sept « maris » tombés du ciel pour le troisième voyage. Il faut accepter de rompre cette solitude pour laisser le monde venir à soi et emplir cœur et esprit sur le chemin. Dans cette alliance subtile entre vie intérieure et relations sociales, se construit la magie du chemin et s’établit le sentiment durable d’appartenir à une entité commune bienfaitrice, celle du « pèlerin ».
« Le chemin n’est pas fait pour aller vite d’un point A à un point B, il est fait pour se perdre, et perdre du temps. Ou prendre son temps, si l’on veut. Retrouver un monde à taille humaine et ses humains habitants. » (p. 169)
Le ton adopté par l’auteur n’est pas dogmatique, ni poétique, il est humain, drôle, enlevé, les anecdotes sont aussi bien liées aux douleurs du corps (et surtout des pieds et des articulations), qu’aux rencontres inattendues et pesantes quelquefois, en passant par les joies du chemin et à ses enseignements multiples.
« Sur le chemin, la pauvreté n’était pas à fuir mais à rechercher. (…) L’économie du monde spirituel fonctionnant à l’inverse de l’économie du monde matériel (plus on donne d’amour et plus on en a, par exemple), pour vivre vraiment au présent, le temps des enfants, des poètes et des mystiques, il me fallait apprendre à être pauvre. » (p. 304)
Un beau récit profondément humain.
Ce que j’ai moins aimé :
Il s’agit là d’un récit divertissant, ludique, mais le style reste assez simple, il ne faut pas trop en attendre.
Premières phrases :
« Le 14 juillet 2003, ma cousine Cricri et moi-même étions dans le très typique village de Saint-Jean-Pied-de-Port, au Pays basque, attablées devant une nappe à carreaux rouges et blancs typique, en train d’avaler du fromage et du jambon typiques avec un coup de rouge typique aussi, en fin d’après-midi, sous la menace d’un orage de montagne, bien noir mais presque tiède. »
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D’autres avis :
Presse : Télérama ; L’express ;
Blogs : Joëlle ; Kathel, Alain, Cathulu, Praline, Sandrine, Lystig, Alex, Flora, Aproposdelivres, Mango, Saxaoul, Aifelle, Chiffonnette
En avant, route ! Alix de Saint André, folio, juin 2011, 6.95 euros