Jérôme Poret propose d’investir le Lavomatic pour ce qu’il est : une boutique ouverte dans une des rues les plus contrôlées de la ville de Saint-Ouen. Certains magasins ont le rideau baissé, d’autres comme le Lavomatic restent ouverts. Transformé en atelier depuis plus de trois ans, Seamus Farrell l’ouvre à d’autres artistes pour un projet spécifique qui prend en considération le lieu et le territoire où il se trouve. S’il y a des artistes fascinés par les machines, d’autres le sont par la façon dont les lieux sont portés par les personnes qui les habitent ou les parcourent. Qu’on soit de passage, à l’écoute du moindre son ou en le subissant, celui-ci prend une place particulière dès qu’on y prête attention. Saint-Ouen est aussi une ville riche de lieux de diffusion sonore. Jérôme Poret fait partie de ces plasticiens qui aiment naviguer entre plusieurs pratiques. De formation plastique et de culture musicale, il traverse les lieux où le son est restitué et se vit collectivement de façon simultanée. Jérôme Poret a réalisé plusieurs projets à l’occasion de résidences comme celle auConfort Moderne à Poitiers, qui est aussi une salle de concert. C’est aussi à l’occasion d’expositions, par exemple celle au Centre d’art Micro-Onde à Vélizy qui est attenant au théâtre de L’Onde, qu’il tente d’enregistrer des fragments de réel et d’occuper ces espaces en créant une histoire qui associe références artistiques et culture populaire. Il tente de rendre le son tangible, notamment autour de la notion de vibration en donnant forme à la création mécanique du son pour en extraire une certaine matité en mettant en relief le processus de fabrication et la culture qui la supporte. Parmi les trois projets présentés, l’artiste commente « Stage Divine » et « FlashForward » comme étant « deux projets qui ensemble proposent une lecture qui oppose l’horizontalité des corps figés dans un saut sérigraphié à celui de l’évanescence des portraits filmés ». Que ce soit à partir de sérigraphies, de projection, d’objets ou de fanzines qui seront présentés, Jérôme Poret entretient un rapport particulier à la notion de fabrication où la notion d’économie est proportionnelle à une dynamique de DIY (Doityourself), en cohérence avec le lieu et le contexte où est montré un projet. Depuis plusieurs années, il mutualise la réalisation et la présentation de son travail par cooptation et affinités avec des personnes complémentaires à sa pratique sur le principe de la collaboration que ce soit entre un graphiste, un musicien, différents labels ou éditeurs.
Cécile Bourne-Farrell, curator.