Daft Punk - Random Access Memories (2)
Le quatrième album de Daft Punk vient de sortir. Enfin. Après un insupportable jeu de cache-cache, Random Access Memories se livre enfin à la critique. Oublions le buzz médiatique, concentrons-nous sur la proposition.
La question que tout le monde se pose est : que vaut le duo masqué en 2013 ? Le morceau Get Lucky poursuit son chemin balisé qui le verra consacré chanson de l'été dans peu de temps. Et pour le reste ?
Si Random Access Memories n'était qu'un seul mot, ce serait postmoderne. Cet adjectif a connu depuis 40 ans un parcours si étrange et instable qu'on ne sait plus trop quel sens lui donner aujourd'hui. Tout semble pouvoir être postmoderne : un roman, un film, un tire-bouchon. Pourtant, ce mot a pu désigner l'ironie artistique qui emprunte aux anciens comme aux modernes dans une anarchique relecture culturelle. Mal digérées, les références d'une oeuvre postmoderne peuvent paraître opportunistes, cyniques voire obscènes. Sinon, elles s'entrechoquent à merveille dans une joyeuse émulation.
Les Daft Punk sont postmodernes à leur manière et ce, depuis le début. Jusqu'au choix de leur nom, recyclage d'un critique anglais qui qualifia leur premier projet de "punk stupide". C'est une évidence, Thomas Bangalter et Guy Manuel de Homem-Christo sont passés maîtres dans l'art de la récup', de la refonte, de l'emprunt qui brouille les ondes électroniques. Et selon votre degré de tolérance, Random Access Memories suscitera chez vous de l'aversion ou de la passion. Certains n'y verront qu'une bouillie prétentieuse et vulgaire apte à rivaliser avec les pires moments de l'italo-disco. D'autres crieront au génie visionnaire d'un duo qui s'est de toute façon fait tacler à chaque sortie d'album.
Si la promotion putassière de l'album a bien failli me passer l'envie de l'écouter, je pense aujourd'hui qu'il serait dommage de faire l'impasse. Random Access Memories contient suffisamment d'excellents morceaux (Give life back to music, Instant Crush, lose yourself to dance, Beyond ) pour mériter l'achat. Les deux robots prouvent ici que la musique du futur peut s'écrire sur de vraies cordes. Ils sont humains après tout.
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Et si la meilleure version de Get Lucky n'était pas de Daft Punk ?