C’est une méta-analyse portant sur les données de 190.285 personnes consolidées à partir de 41 études menées à travers le monde sur la maltraitance infantile sévère. La maltraitance -violence physique, psychologique, sexuelle ou négligence- touche environ 1 enfant de moins de 18 ans sur 5 (ici au Royaume-Uni).
Le Dr Andrea Danese, pédopsychiatre au King’s College de Londres et auteur principal résume en disant que la maltraitance augmente considérablement le risque d’obésité à l’âge adulte et que la prévention de la maltraitance permettrait, aussi, de prévenir le risque d’obésité plus tard dans la vie.
De précédentes études ont bien montré que le stress précoce est associé à un risque accru d’obésité mais cette large analyse vient confirmer cet impact de la maltraitance sur différents groupes de populations et à partir de différentes méthodologies.
Les auteurs démontrent l’association, quels que soient les critères, les modes d’évaluation ou les définitions utilisées pour la maltraitance, et quels que soient les facteurs de confusion, comme le statut socio-économique du foyer, le tabagisme ou la consommation d’alcool des parents, ou encore la pratique ou non d’une activité physique. En outre, le lien est démontré avec l’obésité à l’âge adulte, ce qui exclut l’hypothèse que l’obésité de l’enfant puisse être la raison ou l’un des facteurs de la maltraitance infantile. L’analyse montre aussi qu’avec la dépression à l’âge adulte, le lien entre maltraitance infantile et obésité « adulte » est encore plus significatif, suggérant que la dépression, elle-même conséquence possible de la maltraitance, est aussi un facteur accélérateur d’obésité chez les sujets maltraités durant leur enfance.
Des explications ont été suggérées par de précédentes études, expliquent les auteurs : La maltraitance pourrait toucher certaines zones du cerveau, alors en développement, liées à l’inhibition de l’alimentation et le stress impacter les hormones qui régulent l’appétit. Les sujets maltraités dépensent également moins de calories en raison des effets de ce stress précoce sur le système immunitaire pouvant entraîner fatigue et activité réduite. Mais ces explications doivent encore être confirmées.
En conclusion, la maltraitance infantile peut être considérée comme un facteur potentiellement modifiable d’obésité et des interventions doivent être redéfinies pour combiner la prévention de l’obésité dans la prise en charge globale de la maltraitance chez l’Enfant.
Source: Molecular Psychiatry (in press) Childhood maltreatment and obesity: systematic review and meta-analysis via King’s College Child maltreatment increases risk of adult obesity