« Me voici seul enfin, tel que je devais l'être :
Les jours sont révolus. »
Simon regardait sa misérable vie danser dans la fumée du premier café, le cœur étrangement léger.. Un couteau dégoulinait de rouge, sur la table..
« Ces dévouements couverts que tu faisais paraître
Ne me surprendront plus . » :
« Tu ne ressembles à aucun autre... tu as quelque chose de particulier.. j'ai jamais connu quelqu'un comme toi..
Il y en avait partout, par terre, les meubles, le frigo.. même le plafonnier avait été éclaboussé.
« Le mal que tu m'as fait et ton affreux délire
Et ses pièges maudits, » :
« Je t'ai épousé uniquement parce que mes parents voulaient pas d'une traînée sous leur toit... mais toi ça t'dérangera pas, tu dois t'estimer incroyablement chanceux, déjà.. »
« Si tu envisages de divorcer, je te prendrai tout, jusqu'au dernier centime, et même ceux que tu n'as pas encore.. »
« Depuis longtemps déjà les cordes de la lyre
Me les avaient prédits. » :
« Vous êtes tout juste bon à ramasser les poubelles ou les merdes de chien dans un parc »
« Hé regardez ! Voilà Mickey, avec ses grandes oreilles décollées ! Hé Mickey, fais gaffe, tu vas t'envoler ! »
Quelques morceaux de verre miroitaient, par terre, heureusement il avait toujours les gants du boulot avec lui (les précédentes avaient été tailladées..)
Alors qu'il se levait pour aller chercher la pelle et la balayette, la cafetière expira les paroles du dernier couplet :
« Au vent de ton malheur tu n'es en quelque sorte
Qu'un fétu ballotté ; »
« Nan mais r'ga'd moi ste tête d'abruti, on dirait un pigeon tombé du nid ! »« mais qu'est-ce qui vont penser les gens, en l'voyant ! »
« En cloque ! la claque ! »
Claquement de porte, de talons, des premiers mots :
" - Ah t'es encore là.. mais qu'est-ce que c'est qu'ce bordel ! Si tu crois que j'vais nettoyer ! C'est ton boulot après tout ! Ça t'échauffera ! J'vais m'coucher, claque pas la porte en partant !"
« Mais j'accuse surtout celui qui se comporte
Contre sa volonté. "(*)
Il ramassa les morceaux de verre, essuya les traces de confiture (aux fruits rouges, sa préférée..), referma le sac poubelle (qu'il devait acheter lui-même..), éteignit la cafetière, sortit sans claquer la porte, et se dirigea vers l'arrêt de bus le plus proche, le sac sur l'épaule.
Sur le chemin, Simon regardait sa misérable vie danser dans l'air encore frais ; chaque molécule émanant du sol murmurait ce refrain : « t'es trop con Simon, t'es vraiment trop con ! »
(* : Me voici seul enfin... )