Une fois n'est pas coutume, je trouve la rentrée riche en émotions côté parfums. En effet, qu'il s'agisse de niche ou de mainstream, le mois de septembre nous a réservé quelques bonnes surprises. Trois parfums ont particulièrement retenu mon attention: Love eau intense de Chloe, Mon parfum Chéri d'Annick Goutal, et enfin, le Baiser volé de Cartier.
Le Baiser Volé, de Cartier, s'éloigne du registre du désormais regretté Baiser du Dragon, mais n'en reste pas moins une belle création, assez en marge de ce qui se fait en mainstream aujourd'hui. Créé autour de l'idée d'un beau lys, fleur dont on ne peut extraire l'odeur à l'état naturel et dont il faut en restituer l'effet par d'autres procédés, ce parfum s'ouvre sur des notes un peu vertes, avec un effet "croquant", et un peu laiteux qui me rappelle vaguement Amaranthine. Peu à peu, le lys s'impose, dévoilant ses facettes "fleurs blanches" et épicées. Je ne sais pas si ce lys a été ici reproduit à l'aide du headspace ou si on l'a reconstitué à l'aide d'autres fleurs blanches telles que l'ylang-ylang, mais ici ses aspects salés, que l'on retrouve dans Lys Méditerrannée de Fredéric Malle , sont délaissés au profit de notes épicées presque poivrées, et d'une évolution poudrée, asssez inattendue pour ce registre. On distingue du galbanum en tête, de l'yang-ylang, pour l'effet bouquet floral, de l'eugénol, des notes poudrées telles que l'iris ou l'héliotropine, de la vanille en fond. L'effet est à la fois chic, sage, élégant, et empreint d'une certaine personnalité tout en restant dans un registre sobre.
Mon parfum Chéri m'avait beaucoup intriguée lors de son lancement en juin dernier, car ses notes à la fois terreuses et presque "poussiéreuses" se déroulant vers une évolution plus fruitée (prunol), et poudrée (iris, héliotropine) en faisaient un parfum original et facetté. Il me faisait l'effet d'une fragrance tout droit sortie des années 40, rappelant les chypres de l'époque, avec cet effet un peu "fourrure", très Femme. Cette structure très facettée fait que selon les jours où je le sens, certains aspects ressortent plus que d'autres. Aujourd'hui par exemple, c'est cet effet irisé, poudré, qui m'interpelle, m'évoquant des robes satinées, quelque chose de très féminin, d'autres fois, ce sont plutôt les accents terreux du patchouli et l'effet presque champignon, végétal de la feuille de violette, (et de l'octine, peut-être?), qui me sautent au nez. Deux aspects au prime abord assez éloignés qui cohabitent ici pour un effet tout en contraste: la féminité, le frôlement d'une robe en soie, en satin, qu'expriment les notes poudrées, cotoyant quelque chose de naturel, un peu "brut". Cet ensemble crée quelque chose de nouveau, jamais senti auparavant, même si bien sûr, Mon Parfum Chéri peut rappeller à coup sûr les grands chyprés d'époque, (notamment avec cette prune que l'on retrouvait dans Femme de Rochas), il me semble d'ailleurs qu'un internaute a parlé d'un "parfum de garce" sur auparfum, et c'est une image qui me parle.