La fragrance en elle-même, ensuite, propose un accord inhabituel, celui des notes épicées (noix de muscade, immortelle) associées à une trame poudrée (iris). Dès les notes de tête, ce parfum surprend, avec sa touche de noisette, très inhabituelle dans une composition. S'y ajoutent l'amorce épicée qui s'intensifiera au fûr et à mesure, avec l'immortelle; mais aussi une pincée de framboise, relativement discrète, mais assez présente pour évoquer, aux côtés des notes poudrées, un effet maquillage un peu "lipstick". Cette framboise se manifeste d'ailleurs plus, je trouve, par un effet "ionone" (aux tonalités framboise, violette ou boisées) qu'à proprement parler fruit rouge. On note aussi dans la composition de l'ylang-ylang, même si sur ma peau, cette note florale reste en sourdine.
Sur peau, justement, l'effet poudré et cosmétique, voire presque, ici, gourmand, s'affirme plus que sur touche, où les notes épicées et cuirées vont peu à peu prendre le dessus. Le parfum a tendance à s'arrondir au porté, alors que sur touche, en tête, persiste une note plus mordante, "dérangeante", au sens inhabituel du terme, peut-être dûe à l'association ylang-framboise - noisette et immortelle, mais aussi à la noix de muscade qui prend de l'ampleur dans l'évolution. Comme le souligne l'article qui est dédié à Immortelle Marylin sur Au parfum, cette fragrance est intéressante, car l'on y perçoit une facette cosmétique, douce, à fois féminine et enfantine (un peu à la manière de Louve par exemple), qui cohabite avec quelque chose de plus corsé, plus sombre, qui lui donne toute son originalité. Ces deux facettes peuvent symboliser l'ambivalence de la célèbre star, entre l'image solaire et sophistiquée qu'elle projetait sur le devant de la scène, et les angoisses plus noires qui l'habitaient.
Immortelle Marylin est donc une fragrance ambivalente, superposant une facette poudrée, symbole de la féminité absolue à un fond épicé, plus sec, qui peut plaire ou déplaire, mais assez novatrice dans son style.