Si c'est aujourd'hui Bertrand Duchaufour, puis Emilie Coppermann qui ont repris le fil créatif de la marque, ce sont d'abord Jean-Claude Ellena, puis sa fille, Céline Ellena, qui ont initié les premières fragrances de The Different Compay.
Parmi celles-ci, plusieurs me plaisent, comme Jasmin de Nuit, (Céline Ellena), une composition originale autour du jasmin, qu'on aurait dépourvu de ses accents indoliques au profit d'un musc assez animal en fond, paré de notes ambrées mais surtout épicées. Leur Bergamote est aussi très jolie, tandis que Sel de vétiver, De Baschmakov et Sublime Balkiss sont autant de créations originales et réussies.
Mais fidèle à mon goût pour les orientaux, c'est Oriental Lounge (Céline Ellena également), que j'avais envie d'évoquer, notamment pour la réécriture originale du genre qu'il propose, mais aussi pour sa note prononcée en fond de labdanum, une de mes matières premières préférées (bon, avec la vanille, l'iris, le jasmin....).
La première chose qui saute au nez lorsqu'on sent Oriental Lounge, c'est cette note de curry en tête, qui, non contente d'ajouter d'emblée une dimension épicée au parfum, procure immédiatement un effet un peu "sec", qui peut surprendre dans un registre ambré où les les notes s'étirent souvent sur un fini baumé, poudré-crémeux et langoureux. Cela donne également un curieuse sensation "végétale", pas au sens "vert" du terme, mais au sens d'une impression de toucher quelque chose à la texture d'une feuille, naturelle.
L'autre surprise est de ne pas y trouver la traditionnelle note de vanille, quasi indissociable de la famille des orientaux, ou du moins si discrète ici qu'on la distingue à peine. C'est d'ailleurs plutôt l'ambre qui domine, et plus exactement le labdanum. (Rappelons que l'ambre à proprement parler n'existe pas, ce que nous appelons note ambrée dans un parfum résulte généralement d'un mélange de vanille, de benjoin, de labdanum et parfois de patchouli).
Au-delà de ce tandem feuille de curry/labdanum, ce parfum exprime toute la sensualité du genre "oriental" avec d'autres matières telles que la rose, en coeur, mais aussi la cannelle, étirant ainsi la sensation épicée du départ. Peu à peu au fil de la composition, l'effet "sec" s'atténue, s'épanouissant doucement dans ce fond ambré, sensuel, arrondi et alangui de fève tonka et de santal, (ou du moins une matière première peut-être synthétique, mais à l'effet "santal").
Tout au long de son évolution, Oriental Lounge déploie des accents dorés/moirés, épicés (presque piquants) et ambrés, avec une densité assez compacte, sans pour autant jamais dégager un sillage étouffant.