Il pense à ses journées. Belles et toujours pareilles, il les aime comme ça. Il aime ses habitudes, car il sait qu'elles ne tiennent qu'à un fil. Ses yeux. Ses mains. Ses pieds. Son ventre. L'inquiétude gronde en lui, il essaie de la contenir. C'est le soir au moment du coucher que ça le prend le plus fort. Ou alors au milieu de la nuit. Il se retrouve comme emprisonné dans une pièce sans fenêtres. Il manque d'air. Une chape de plomb s'abat sur lui. Il se lève, va boire un verre d'eau, il ouvre la porte et aspire un grand bol d'air frais. La nuit est froide, inhospitalière, le monde semble déserté.Il se demande ce qu'il doit faire, comment il doit agir.Il ne peut pas, ne veut pas, se projeter en avant, il lui reste l'instant présent. Penser à autre chose. Il doit réfléchir à la marche du monde, même si elle se fait sans lui. Même s'il ne peut pas marcher aussi vite.