Pour la commission d’enquête parlementaire sur « l’affaire Cahuzac », il ne s’agit pas d’aller plus vite que la justice, de s’y substituer, de préjuger. Elle aborde un tout autre volet : l’Etat et ses services ont-t-il été utilisés, « instrumentalisés » pour la défense d'intérêts particuliers ? Edwie Plenel et Fabrice Arfi ont ouvert les débats de cette commission. Plenel n'en est pas à sa première originalité investigatrice, rappeleons-nous les écoutes téléphoniques, "les Irlandais de Voncennes", le Rainbow Warrior ...
Le champ d’action couvre la période qui va du 4 décembre 2012, jour de parution du premier article de Mediapart révélant l’existence du compte suisse de Jérôme Cahuzac, au 2 avril 2013, jour où ce dernier a reconnu publiquement les faits en même temps qu’il était mis en examen.
Pierre Moscovici a été au centre de cette première audition. Médiapart s'étonne qu'il ait lancé une demande administrative en de mauvais termes à la Suisse, obtenant du coup une réponse négative. Cette réponse viciée fuitera au mois de janvier dans Le JDD, semblant alors blanchir le ministre.
Il serait abusif de conclure trop rapidement à propos de travaux qui vont se dérouler pendant plusieurs mois et dont les conclusions seront rendus publics à l’automne. Dores et déjà on peut cependant reconnaître que Médiapart a fait preuve de courage et de ténacité dans cette affaire en dépit des rebuffades réitérées voir même des menaces et d’un certain discrédit véhiculé par des médias plus traditionnels et concurrents. Comme Plenel le déclare, « on est passé à deux doigts d’un étouffement complet de l’affaire » et le Journal du Dimanche sous la mauvaise influence de Moscovici avait pour ainsi dire « liquidé » Médiapart en titrant « Les Suisses lavent Cahuzac » …
Edwy Plenel insiste d’ailleurs sur le volet du déficit démocratique qui règne dans notre pays, en particulier autour de la liberté « réelle » de la presse. C'est le sens du seul combat qu'il mène, bien au delaà des personnes. Le comble de cette histoire qui ne fait que commencer résidant dans une autre affaire, celle de Compiègne, de son hippodrome et du ministre du budget de l’époque, Eric Woerth. Cahuzac avait à l’époque, comme président de la commission des finances de l’Assemblée, très largement dédouané son prédécesseur à Bercy.
Je te tiens, tu me tiens … Celui qui peut rire à juste titre se nomme bien Edwy Plenel. L'éclairage que Médiapart apporte à cette presse d'investigation tellement nécessaire est à saluer, comme sont à prendre en considération les autres "affaires" qu'il soulève, rencontrant les mêmes difficultés : les comptes de campagne de Sarkozy, l'affaire Tapie-Lagarde etc. Certains peuvent penser qu'il ne s'agirait que de remuer de la boue; ils se trompent. Il s'agit d'une lutte salutaire pour la défense de la démocratie.