Enchanté de faire votre plein d'essence, et autres joyeuses calembourdes, de Marie Treps
Publié le 23 mai 2013 par Onarretetout
« La fiente de l’esprit qui vole », dont on ne sait pas où elle va tomber, c’est ainsi que Victor Hugo qualifiait le calembour. Marie Treps rappelle que ce jeu est souvent subversif. Il se nourrit d’expressions dont le sens s’est perdu avec le temps et qu’on cherche, soit à détourner avec allégresse, soit à actualiser pour y trouver une résonance. Ainsi, par exemple, de cette expression « anguille sous roche », qui vient, non du poisson, mais du verbe « guiller », disparu de notre vocabulaire ; ainsi de « fier comme un pou », qui vient du masculin de « poule », avant qu’on ne l’appelle « coq ». Une amie me disait, très justement, qu’on aurait pu choisir, au lieu de pou, un paon... Marie Treps explore hardiment les origines linguistiques de ces expressions, mais aussi traque les calembours dans la littérature. Elle en trouve, et cela ne surprend pas, chez Frédéric Dard, mais aussi chez Georges Perec, chez Beaumarchais, chez Marcel Proust, Albert Cohen et d'autres... Ce sont parfois de bons mots attribués à la servante, au paysan, mais c’est toujours en cherchant une connivence avec le lecteur, ou la lectrice. Outre le fait de débusquer ces calembourdes, comme elle les désigne, Marie Treps propose d’en inventer de nouvelles (c’est un jeu sans fin), d’explorer ce qu’on fait des noms de famille, et propose un « dingo-dico ». Avec toutes ces trouvailles, elle crée une nouvelle : « Et patati et pataquès. Le roman de madame Rose ». Savourieuse.
Mais je m’aperçois que je ne vous ai rien dit du pataquès : un autre dérapage, involontaire celui-là.