Tout comme en France, l’État québécois est devenu un
mammouth impossible à dompter. En 2003, Jean Charest avait promis la
réingénierie de l’État. Malheureusement, avant même de débuter le gouvernement
Charest s’est aplati devant les groupes d’intérêt subventionnés, les syndicats
en tête.
Depuis, aucun parti politique n’ose s’attaquer à ce mammouth
tout-puissant. Nous devrons attendre que les agences de notation nous servent
un ultimatum comme ce fut le cas pour les Européens.
Source le QL
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Il ne
faut pas réformer l'État
16 mai 2013
par Michel de Poncins
Il ne faut surtout pas réformer l'État! Il faut le faire maigrir selon une
méthode adaptée, ce qui n'est pas évident. Les politiques qui en France ont
imaginé des actions diverses pour prétendument le réformer étaient soit
ignorants soit complices.
Raffarin avait annoncé 230 mesures pour réformer l'État, ce qui devait générer
500 millions d'euros d'économies. La chasse aux taille-crayons était ouverte,
avec Francis Mer comme « Grand Veneur » qui avait réuni une
commission de plusieurs dizaines de personnes pour organiser cette chasse!
François Fillon avait le projet de noter les ministres. Ce rôle de professeur
était comique. Il les jugeait sur leurs aptitudes à faire passer des textes:
cela revenait à leur capacité de nuire puisque le pays croule sous l'inondation
de lois.
Une autre méthode fut la révision générale des politiques publiques (RGPP) qui
consiste en une analyse des missions et des actions de l'État, suivie de la mise
en oeuvre de scénarios de réformes structurelles. Cette RGPP inaugurée en 2007
puis poursuivie en 2012 n'a guère donné de résultats probants. Elle ne le
pouvait pas, car selon une vieille tradition républicaine, elle dégageait une
forte puanteur d'usine à gaz.
La fausse droite laissant la place à la vraie gauche, celle-ci a voulu
continuer mais autrement. Nous voilà partis vers un audit des politiques
publiques qui doit se prolonger pendant tout le quinquennat. Adieu à la RGPP et
bonjour à la MAP ou « modernisation de l'action publique ». Personne
ne voit pourquoi cela marcherait mieux maintenant.
Les objectifs avoués
Les personnes au pouvoir depuis des lustres sont noyées dans la même idéologie
super-étatique, et ce quelle que soit leur place appartenance sur l'échiquier
politique. Bien que lavés et relavés par la Pensée Unique Totalitaire qu'ils
alimentent comme d'autres, il leur reste assez de bon sens pour constater
qu'ils agissent dans le vide.
En 2007, un audit avait dénoncé les dysfonctionnements: « Le travail de
coordination interministériel connaît un emballement pathologique propre à la
France ». Il y a trop de réunions interministérielles, trop de
conseillers, trop de décisions prises sans l'avis des ministres, et le
gouvernement ne parvient plus à travailler.
Le phénomène s'est accru d'année en année. Les rapporteurs n'ont certes pas eu
l'idée que le mal venait justement du nombre de ministres! L'une des
conséquences est la pléthore croissante des cabinets ministériels.
Il en résulte, de temps à autre, la résurgence de l'idée de réformer l'État.
Les objectifs avoués n'ont rien d'absurde: dépenser mieux, être plus efficace,
faire des économies. Pour justifier l'immense remue-méninge de la maladie de la
réformite, les chiffres d'économies prévues sont calculés à grand renfort
d'experts. Ils sont faux par nature; s'ils étaient justes, par miracle, ces
économies ne seraient jamais réalisées, les administrations faisant le gros dos
en attendant la fin de l'épidémie.
L'explication de la réformite
La réformite se trouve dans l'obésité croissante de l'État, sur toile de fond
d'idéologie socialiste qui répand l'effet de ruine dans tout le corps social
composé.
L'État prétend s'occuper de toute la vie nationale dans tous les détails, au
lieu de laisser le marché jouer librement, et il s'invente ainsi une foule de
tâches et d'objectifs dans lesquels il n'est pas possible de mettre de l'ordre
et qui sont souvent contradictoires.
Tous les autres signes de la décadence de la France en découlent: inflation des
ministères, inflation des conseillers et des « machins » inutiles,
parlottes innombrables sans effet et sans intérêt, efforts perdus de
coordinations impossibles, gaspillage inimaginable de temps et d'efforts.
Dans un pays libre, personne n'aurait l'idée d'infliger aux populations une
horreur « bourreaucratique » comme le chèque-transport, faisant suite
au chèque-déjeuner ou au chèque-vacances! Chacun gèrerait les évolutions du
prix des carburants dans le cadre du marché. Et l'exemple vaut pour la majeure
partie des actions étatiques qui devraient donc être supprimées à grande
vitesse, comme il est parfaitement possible de le faire.
Jean-Louis Borloo est à lui seul un exemple emblématique. Étant l'auteur d'une
parlotte mémorable du nom de Grenelle de l'environnement, il a inspiré 268
mesures. Celles-ci conduisent à l'inflation législative au nom de concepts
aussi fumeux que le développement durable.
Dégraisser le mammouth suprême
L'État au fil du temps est devenu le mammouth suprême, père de tous les
mammouths qui pillent la richesse nationale. Le rappel historique ci-dessus
montre que le réformer est une tâche impossible. Ceux qui prétendent qu'un
programme d'économies suffit sont des menteurs car la racine du mal subsistera.
La seule solution est de supprimer totalement des tâches complètes: plus de
bureaux, plus de formulaires, plus de contentieux, plus de ministère, plus de
cabinets, plus de guerres internes, plus de circulaires, plus de parlottes...
Si quelqu'un veut et peut le faire, nous tenons à sa disposition une première
liste de tâches réellement idiotes à supprimer.
Les lecteurs qui ne seraient pas convaincus peuvent constater qu'il existe
depuis longtemps un ministère de la Réforme de l'État: le mammouth produit
lui-même sa mauvaise graisse.