L'histoire
Avignon, été 2005. Ana retrouve Uli, son demi-frère israélien, à l'occasion de la mort de leur père. Elle décide de retourner en Israël à la recherche de sa fille qu'elle a abandonnée à la naissance, 20 ans plus tôt. A leur arrivée, Ana et Uli sont pris dans la tourmente du retrait des colons de Gaza.
Mon avis
Désengagement est le premier film de Amos Gitaï que je vois. Le sentiment général après la vision de ce nouveau film est plutôt positive. Le film a deux parties distinctes qui aurait pu faire deux films différents avec les mêmes personnages. La première se déroule en Avignon en France, chronique familiale, décès d'un père et retrouvailles de ses deux enfants. Le traitement est plutôt léger même si le sujet est grave, avec un brin de folie, de dérision et de décalage. La deuxième se passe dans la bande de Gaza pendant l'évacuation des colons israéliens à l'été 2002. Les personnages sont les mêmes (le frère et la soeur) mais le thème, les évènements, les sentiments et les conséquences sont bien sur totalement différents. La mise en scène prend un coup d'accélérateur, devient plus grave, plus prenante, la légèreté du début a disparu pour laisser place à la dure réalité d'un conflit séculaire. Le drame familiale se confond alors avec l'Histoire. Le scénario monte en puissance et l'émotion nous étreint de plus en plus jusqu'à un final déchirant. Les jolies scènes intimistes du début laissent place à des scènes de plus en plus fortes émotionnellement. La scène des retrouvailles entre la mère et la fille, sans musique, sans parole, est une pure merveille d'émotion et de force.
Comme d'habitude, mais cela de vient un pléonasme de dire que Juliette Binoche est formidable, l'actrice française illumine le film de sa présence. Que ce soit en France ou à Gaza, elle a su adapter à merveille les deux côtés de son personnages et de son histoire qui s'accélère. Encore une grande performance. A ses côtés le beau Liron Levo est lui aussi très bien. Son apparente fragilité du début laisse place ensuite à une force de caractère exemplaire, nous laissant voir toutes facettes de son personnage, des zones d'ombres aux zones publiques, aussi ambigües les unes que les autres à mon sens. A noter la participation de Jeanne Moreau, mais elle n'a malheureusement qu'une seule scène avec la belle Juliette, forcément trop peu. Le reste du casting est juste et convaincant, rien à dire.
Désengagement est un très beau film, puissant, dur, émouvant. Les deux parties sont très différentes mais complémentaires même si le contraste est grand. Une belle mise en scène pour une belle mise en images. Des acteurs magnifiques pour des personnages complexes mais attachants. Ca donne envie de voir les autres films du réalisateur israélien. En tout cas celui-ci est une réussite.
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