Leïla en vert et contre tout: L’homme qui changeait les déserts en prairies.

Publié le 22 mai 2013 par Jsbg @JSBGblog

Non, il n’est pas nécessaire de savoir voler et de cracher des rayons laser par ses orbites pour sauver la planète. Nul besoin non plus de revêtir cape et collants pour être un superhéros. Aujourd’hui, je vais vous conter l’histoire d’un homme qui a su tirer les enseignements d’une terrible erreur et qui pour s’en rattraper, risque bien de sauver l’humanité. Cet homme est Allan Savory, un scientifique qui a déterminé l’origine de la désertification et du changement climatique mais surtout, qui a trouvé la seule et unique solution pour inverser la situation. Et quand je vous parle d’inverser la situation, c’est convertir les déserts en prairies verdoyantes, réduire considérablement la concentration de méthane et de CO2 dans l’atmosphère et par la même occasion, d’éradiquer la famine dans le monde.

Allan Savory est un biologiste et environnementaliste né en Rhodésie (aujourd’hui Zimbabwe) en 1935. À tout juste 20 ans, le jeune Allan a été impliqué dans la création d’un parc national où faune et flore devaient être préservées. Etrangement, malgré les efforts du gouvernement pour protéger la zone, les terres ont commencé à s’assécher. La faute a rapidement été imputée au bétail qu’on estimait trop nombreux.Après avoir étudié le phénomène, Allan Savory est arrivé au constat gênant qu’il y avait trop d’éléphants et qu’ils étaient la cause de la désertification. Pour Savory, il devenait urgent de réduire le nombre. Comme c’était un sujet très délicat, le gouvernement a fait étudier les résultats de l’analyse d’Allan Savory par un corps d’experts qui l’a corroboré, puis a pris la terrible décision d’éliminer 40’000 éléphants.

Au lieu de régler le problème de la désertification comme le plan le prévoyait, la situation s’est encore aggravée. Le sol devenu aride, ne retenait plus l’eau des averses. Les plantes ont rapidement disparu. Les animaux, affamés, ont commencé à périr. Allan Savory dû se rendre à l’évidence, il s’était trompé. Comme vous pourrez l’entendre par ses propres mots dans la vidéo de sa conférence au TED (que je vous encourage fortement à visionner), ce fut l’erreur la plus terrible et la plus triste de sa vie. Ce fardeau, qu’il emportera dans sa tombe, a également décuplé sa volonté de vaincre la désertification.  A force de retourner le problème dans tous les sens, Allan Savory a finalement trouvé la seule et l’unique solution pour sauver la planète de la désertification et du réchauffement qui en découle. Et devinez quoi ? Cette solution, on l’avait bêtement devant les yeux depuis le début (son discours en vidéo ci-dessous).

Lorsqu’on regarde une photo satellite de la planète dans son état actuel, on voit clairement que les zones de désert représentent 2 tiers des continents. Pour en comprendre les conséquences on peut imaginer, le soleil taper sur un sol nu, comme une terrasse par exemple. Il y fera rapidement très chaud alors qu’à contrario lorsque le sol est couvert de végétation, la température est plus supportable. Il suffit de se promener dans une forêt en été pour s’en convaincre. Mais quelle est donc la cause de cette désertification ?

Pour une plante, il y a deux façon de se dégrader : soit par oxydation, c’est à dire qu’elle sèche et qu’elle libère du CO2, soit, comme la nature le prévoit, par biodégradation, lorsqu’elle est piétinée et recouverte par les déjections d’animaux.Cette deuxième manière permet non seulement de garder l’eau dans le sol après une averse, mais aussi d’emprisonner le CO2 dans le sol et de détruire le méthane des excréments d’animaux.  Pas besoin de vous expliquer à quel point c’est important de garder l’eau dans le sol lorsqu’on a 8 mois de sécheresse par an. Les animaux sont donc indispensables au stockage de l’eau dans le sol, sans eux, plus rien ne vit.

Mais plus que les bêtes, ce sont les mouvements des troupeaux qui sont importants.  Pour se protéger des prédateurs, les animaux se déplacent en groupes et migrent d’un point à l’autre pour se nourrir et s’abreuver. Allan Savory a remarqué que dans les régions où les troupeaux n’étaient pas sédentarisés, les terres se portaient beaucoup mieux. Fort de ce constat, l’environnementaliste a effectué des tests en introduisant des troupeaux gigantesques dans de grandes étendues désertiques, parfois en augmentant de 400% la population de bestiaux. En imitant la nature, en faisant évoluer les troupeaux à différents endroits, Allan Savory a ressuscité des plaines inertes depuis plusieurs décennies.

Le bétail n’était pas la source du problème mais bien la solution. C’est la sédentarisation des animaux qui a amplifié considérablement cette désertification. Depuis 30 ans, des essais plus que concluants sont menés sur les 5 continents. A chaque fois, les plaines reverdissent et la vie revient. Pour ceux qui aimeraient soutenir Allan Savory, il existe deux fondations, une au Zimbabwe et une au Nouveau Mexique. Maintenant que nous avons le savoir, agissons.

–  Leïla Rölli