J’ai beau essayer de me rappeler la dernière fois que j’ai acheté une bande-dessinée, ça me revient pas. Je me souviens en avoir lues à droite à gauche mais pas d’y avoir mis un centime depuis .. bha au moins depuis la moitié d’une décennie en fait. Et encore, à cette époque là, c’est même pas mon fric qui y passait.
Mais voilà, aujourd’hui je suis devenu un adulte. Et comme tout adulte qui se respecte, et un compte en banque au bord de l’apoplexie, j’ai craqué. Sur ça :
Lastman est ce que l’on pourrait appeler un ovni de la bande-dessinée. Issu de la scène indépendante et porté par un trio d’auteurs très talentueux – j’ai nommé Vives, Balak et Sanlaville – il se pose à la croisée de deux mondes. Format, genre, tout y passe. Et si l’histoire et la codification renvoient forcément aux mangas japonnais, de même que la palette de couleurs utilisées : le noir et le blanc, le trait l’humour et les décors sont plus français dans l’âme. C’est là qu’est l’originalité du bouquin et le pari (fou) de ses auteurs : réaliser un manga français dans le plus pur style jap. Et pour ça ils sont même allez jusqu’à y mettre la forme. Un chapitre doit se faire en une semaine et ils bossent tous ensemble dans le même studio.
Comme les mangakas.
Alors bien sur les planches sont truffées de références, telle une éloge à ceux qui les ont inspirés. On passe aussi facilement du clin d’œil à Dragon Ball ou à Street Fighter qu’à la caricature des frères Bogdanov (qui se font refaire la face. Une deuxième fois). Mais cette tonne de petits clins d’œils qui sauteront forcément aux yeux des trentenaires nourris aux mangas, aux jeux-vidéos et à la tv, n’auront peut-être pas le même effet sur les plus jeunes d’entres nous, public normalement ciblé par le genre. Mais à quoi bon mettre les gens dans des cases, hein ?
J’étais moi-même passé à coté de pas mal de choses lors de ma première lecture mais très franchement ça ne change en rien la compréhension de l’histoire. Alors je vais continuer de me dire que c’est plus là comme bonus, pour ceux qui peuvent le saisir, qu’autre chose.
Pour ce qui est du pitch, il se veut assez simple. Je crois. On rentre dans le récit via Adrian, un jeune garçon qui traîne encore dans les jupes de sa mère et qui s’entraîne pour le grand tournoi de sa ville. Tournoi ayant lieu dans quelques jours et réunissant parmi les meilleurs combattants. Mais alors que son partenaire lui fait faut bond à la dernière minute, se voyant ainsi privé d’une participation, un mystérieux personnage – et qui plus est baraqué, genre grosse brutas – débarque de nul part et décide de faire équipe avec lui afin de pouvoir aussi y participer. Et c’est après avoir obtenu l’accord de la maman que l’équipe se lance dans le tournoi.
Et vous vous en doutez, là n’est que le début de l’aventure pour ce trio hétéroclite.
Je le disais, Lastman offre comme tout shonen une une histoire assez basique au départ. Les personnages semblent simples au premier abord et sont suffisamment caricaturaux pour marquer l’esprit du lecteur. Mais pour ceux qui savent lire entre les lignes on peut prédire qu’il y en a beaucoup plus derrière. D’ailleurs, c’est l’une des particularité du récit : l’univers est assez flou. Volontairement indéfini. Cet artifice leur permet ainsi de le faire évoluer dans le sens qu’ils veulent sans avoir à tomber dans certains écueils propres au genre. Tant qu’il reste comme tel, qu’il ne rentre pas dans un moule, on peut lui donner la forme qu’on veut. Et c’est plutôt malin.
En ce qui me concerne Lastman est un coup de coeur. Le style de Vives hybridé avec le trait de Sanlaville et le découpage des cases par Balak donne un résultat incroyable. Par contre je vous calme de suite, c’est pas du dessin d’artiste avec des décors fouillés, des personnages criants de détails et des heures passées sur une seule case. Vives travaille avec rapidité et efficacité, à bas les fioritures. Et tout ce qui n’est pas important pour faire passer le message passe à la trappe (vous remarquerez que tous les traits ne sont pas finis et les yeux souvent absents). Ses détracteurs s’en servent contre lui mais franchement, vu que ça se lit avec un certain rythme c’est pas gênant. Au contraire même : on va à l’essentiel. Et le tout se lit d’une traite. D’ailleurs, le premier chapitre est dispo pendant quelque temps en lecture numérique, histoire de vous faire une idée de la chose.
En gros, Lastman, c’est bon. Prenez en. Et n’oubliez pas, 5 fruits et légumes par jours !
Une douzaine d’euros pour 200 pages, c’est raisonnable.
Et il existe une édition collector en tirages limités avec des couvertures alternatives et pleins de truc dedans. Pour 5 ou 6€ de plus, y a pire. Mais pas sur que vous en trouviez encore.
Et en prime, livré dans une pochette avec quelques blagues au dos signées Balak.