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La langue française

Publié le 22 mai 2013 par Rolandbosquet

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Tout est en tout et réciproquement. Cette règle ne comporte sans doute que peu d’exceptions. (Sivous en connaissez, merci de me les signaler.)

Dans le tout de l’homme contemporain, les démographes s’accordent à recenser un nombre approximatif de 7 015 374 792 unités (Population Mondiale.org). 

Dont, selon l’INSEE, 64 612 639 Français. Ce qui représente tout de même un nombre important d’étrangers ; soit, approximativement, 6 950 762 152,5. (Le "0,5" est ajouté pour tenir compte de celles et ceux dont on ne sait s’ils sont réellement français ou étrangers ou les deux à la fois).

Quelle langue parlent ces étrangers ? La grande majorité parle en étranger. Ce qui provoque beaucoup d’incompréhension.

Prenons l’exemple de Jürgen, un brave touriste germanique en tout point ordinaire. Natif de Munich, il arbore la cinquantaine rubiconde, mesure 1,88m, pèse 98kg, boit beaucoup de bière à la fête du même nom et conduit une Audi rouge. Il ne parle et ne comprend que sa langue maternelle, l’allemand. Comment va-t-il pouvoir désigner à la boulangère la baguette de pain aux graines de sésame dite "de campagne comme autrefois" qu’il désire acquérir ? Il ne peut pas. Sa méconnaissance de la langue française risque non seulement de provoquer une frustration fatale pour lui-même et pour sa famille qui l’attend avec impatience sur le trottoir d’en face mais elle risque  aussi d’empêcher une vente. La boulangère va déprimer, se gaver de pâtisseries à la crème et ajouter du poids à ses rondeurs, houspiller ses enfants pour des broutilles et se brouiller avec son boulanger de mari qui demandera le divorce. Voilà une famille brisée, un destin fracassé et une boulangerie, encore une, qui ferme. Obligeant ses infortunés clients à changer leurs habitudes.

Alors que si notre ami descendu de Munich tout exprès pour goûter au fameux pain français avait su s’exprimer comme tout le monde, en français, tous ces drames seraient évités. D’autant qu’il pourrait, en plus, demander son chemin à l’agent municipal stagiaire qui règle la circulation place de la Concorde, commander un petit noir sur le zinc au bistrot d’à côté et apprécier à sa juste valeur la galéjade du carambar "typiquement français" qu’il offre à son fils. C’est sans doute pour éviter tous ces tracas que je ne sais quel ministricule en mal de notoriété  envisage d’autoriser nos distingués professeurs de l’Éducation Nationale à enseigner en langue anglaise.

Et pourquoi pas en Mandarin, en Hindi, en Yoruba ou même en Azerbaïdjanais ? Parce que l’anglais est la langue la plus pratiquée dans le monde ? La belle affaire ! Près de 220 millions d’êtres humains s’expriment en français, ce qui n’est pas rien. Ils seront demain ou presque plus d’un milliard. Ce qui n’est pas mal non plus.

J’avoue humblement ne pas saisir toute la logique du raisonnement. C’est, disserte-t-on dans les ministères, pour mieux attirer les étudiants étrangers dans nos belles universités françaises. Louable intention qui séduira sans doute plus encore les amoureux de Racine et de Victor Hugo impatients de les entendre exposés dans la langue de Shakespeare. Mais, comme dit le proverbe bantou bien connu : ce n’est pas en le chatouillant qu’on attrape le crocodile. Peut-être pourrait-on, dans un premier temps, mieux accueillir ces candidats étrangers en simplifiant les procédures de demandes de visa et autres formalités administratives ou de recherche de logement !

L’État refuse de reconnaître les langues régionales parlées dans l’hexagone sous le prétexte qu’on ne saurait rompre l’unicité de la République et il voudrait, (à la place ?), imposer  une langue étrangère !


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