Ce papier a été inspiré par ces followers suivants : @Badounet, @Malicia2003 et @Delfinka07. Je ne leur dis pas merci, sur ce coup-là…
Blah blah blah… J’ai 30 ans, pas l’indice d’un moindre PC dans mon existence, alors vous pensez bien que, pour ce qui est d’une éventuelle vie de couple, ce n’est pas à l’ordre du jour. On me dit de plus en plus : T’as trente ans, ce serait bien que tu te cases, ton horloge biologique tourne, blah blah blah… Et ta sœur ? Elle ne se plaint pas de son c*nnard de mari et de ses chiards insupportables, peut-être ? Bon.
Toujours est-il que ce qui me conforte dans l’idée que mon célibat est un bienfait, ce sont certaines déclarations d’amour en chansons qui me font littéralement péter les plombs. Que ce soit par excès de kitscherie ou le fait qu’elles soient parfois prises au premier degré, ces chansons, selon moi, donnent une image complètement délirante de la vie de couple et de l’amour. Et ensuite, on s’étonne qu’un mariage sur deux finisse par un divorce… Ah c’est sûr, ces chansons vendent du rêve en bocal, mais appliquer cela au principe de réalité, tu peux te brosser, Martine. Vous remarquerez aisément qu’une bonne partie de ces chansons sont des compositions en langue française datant des années 1970 et 1980. C’est juste un avis personnel, hein.
Attention, préparez-vous à chier de la guimauve…
Demis Roussos, Quand je t’aime
Popularisé avec le groupe Aphrodite’s Child à la fin des années 1960 et au début des années 1970 – où il tournait d’ailleurs avec Vangelis –, Artemios (dit Demis) Roussos, Grec né en Egypte, n’a pas tardé à entamer une carrière solo en français et en anglais. Cette carrière connut un point d’orgue à la fin des années 1980 avec ce célèbre cri d’amour signé Didier Barbelivien – qu’on retrouvera par la suite, ne vous inquiétez pas – qui fit pleurer dans bien des chaumières en 1987. Par la suite, la notoriété du brave Artemios s’est moins concentrée sur sa voix que sur sa pilosité, toutes deux hors du commun. Comme me le commentait un pote ce matin : Demis Roussos a tellement de poils qu’il marche dessus.
La déclaration qui tue
Quand je t’aime, j’ai l’impression d’être un roi, un chevalier d’autrefois, le seul homme de la terre… (Tu peux pas test face à Barvelivien)
Herbert Léonard, Quand tu m’aimes
Ceux qui me connaissent IRL savent à quel point je pète un câble lorsque j’entends cette chanson du brave Herbert, qui, finalement, ne demandait pas tant que ça à devenir un chanteur de charme. Son truc à lui, c’était le rock’n’roll et les avions de chasse russes. Il était tranquille, il était peinard, quand soudain, c’est le drame :
Herbert rencontre CET homme malfaisant qui crie des Oui intempestifs et qui compose des chansons à la guimauve. C’est ainsi que naît Pour le plaisir, une chanson qui va tellement coller aux basques du chanteur qu’il se croira obligé désormais de surfer sur la vague du Poetic Lover et ainsi faire cette chanson érotico-wtf quelques années plus tard. Non, Herbert, non ! Tu avais déjà une femme à la maison, qu’est-ce qui t’a pris, honnêtement, de faire mouiller toutes les ménagères de moins de 50 ans ?
La déclaration qui tue
Je souscris à tous ces plaisirs sublimes, quand soudain, tu trouves la caresse ultime qui arrache à moi un cri de victoire QUAND TU M’ÈÈÈMEEEEUH ! (Ceci dit, sublime manière de parler de la fellation en éludant toute description technique)
Herbert Léonard et Julie Pietri, Amoureux fous
Julien Lepers ne s’est pas contenté d’engrainer Herbert Léonard tout seul : il lui fallait aussi créer le couple idéal avec une petite belette trouvée sur le bas-côté. C’est ainsi qu’on retrouve les premiers faits d’armes de Julie Pietri, avant qu’elle n’explose avec Ève, lève-toi. Après le couple baba-cool des années 1970 version Sheila et Ringo ou Stone et Charden, le couple des années 1980 est très brushing, choucroute et working boys & girls attitude. Car le modèle Léonard/Pietri (qui n’était pas un vrai couple IRL) se retrouve un an après avec Peter et Sloane (qui eux, s’aimaient à l’époque). Vous allez rire, hein : vous voyez la robe de Julie dans le clip, et ben j’ai retrouvé la même dans le grenier de ma tante.
La déclaration qui tue
Amoureux fous, amoureux à en mourir, à ne plus manger, ne plus dormir… (Non mais faut pas se mettre dans ces états-là, hein, faut aussi penser à son rendez-vous chez l’esthéticienne et la gynéco, hein).
Poetic Lovers, Prenons notre temps
Fut un temps lointain de ma jeunesse, dans les années 1990, où les Boyz II Men et Luther Vandross cartonnaient à mort. Et comme d’habitude, quand un style musical américain devient une véritable institution, on a essayé d’en faire la version française. Certaines boutures ont pris et ont évolué – le rap –, mais d’autres non, comme ici le r’n’b en chœur. Ces quatre petits loustics de Noisy-le-Sec ont pourtant déchaîné des passions après leur victoire à Graines de Stars, à force d’américanismes forcés et de yeah en fin de vers. Pourtant, on aurait dû s’apercevoir de la c*uille tout de suite : comment être crédible à chanter des trucs cochons tout en ayant la panoplie du parfait chrétien évangélique ?
La déclaration qui tue
Darling, faisons l’amour ce soir, nous deux émergés dans le noir… (Et c’est là qu’on retrouve la conception tout à fait évangélique de l’acte sexuel).
Lara Fabian, Je t’aime
S’il y a bien une chanson qui me dégoûte de l’amour, c’est bien celle-ci. Mais pourquoi, meuf, te sens-tu obligée de hucher de la sorte ? Il est sourd, ton mec ? On sait bien que les chanteuses à voix sont appréciées, mais honnêtement, quel besoin de faire tout ce cinéma parce que t’as peur de te retrouver seule avec ton pilou ? Mais je ne sais pas, appelle tes copines, fais-toi une manucure, tape-toi l’œuvre de Bergman en VOSTF, mais par pitié, lâche-lui un peu la grappe à ton mec ! En plus, ce n’est pas comme si cette chanson n’était pas massacrée par des meufs au mauvais goût durant des castings de télé-crochet :
Bah voilà, c’est tout ce que t’as gagné !
La déclaration qui tue
Je t’aaaaaaaaaime, je t’aaaaaaime, comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma… (C’est beau, la schizophrénie).
Mireille Matthieu, Une femme amoureuse
À l’origine, était cette chanson de Barbra Streisand :
Une chanson mielleuse comme on en faisait tant à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Comme la Mimi était en perte de vitesse, elle s’est dit que c’était une bonne idée de faire des duos avec Patrick Duffy (voui, l’Homme de l’Atlantide et le neuneu de Dallas) et de reprendre des chansons de LA chanteuse à voix américaine de l’époque. Au final, ce qui n’était déjà pas terrible en anglais l’est encore moins en français.
La déclaration qui tue
Je suis une femme amoureuse et je brûle d’envie de dresser autour de toi les murs de ma vie… (Comme le chanterait le Joueur du Grenier : Psychopaaaaaaathe !)
Didier Barbelivien et Anaïs, Les mariés de Vendée
Premièrement, cette chanson m’a traumatisée petite. En effet, comme il y eut pas mal de mariages dans ma famille au début des années 1990, nous étions mobilisées, ma cousine et moi, pour chanter ce « fabuleux » duo. Deuxièmement, on connait le sens de la guimauve de Didier Barbelivien (cf. Quand je t’aime, plus haut), mais on sous-estimait son sens du wtf : il a quand même réussi à faire un album musical tout rose avec sa compagne de l’époque pour commémorer le bicentenaire des guerres vendéennes – épisode de la Révolution Française où on a quand même brûlé quelques villages et commis quelques exactions auprès de civils, si bien que certains historiens ont soutenu des thèses analysant ces événements comme étant un génocide. Et mon brave Didier de chanter l’amour sous les pommiers. Bon.
La déclaration qui tue
Et les églises se souviennent des tous premiers je t´aime des mariés de Vendée qui couraient à perdre haleine boire à l´eau des fontaines leur tout premier baiser. (Comme je le disais précédemment, non, tu peux pas test avec Didier)
K-Maro, Femme like U
Voix de blaireau, diction franco-anglaise approximative, look de 50 Cent sans en avoir la carrure (donc ridicule), Cyril Kamar semble hésiter entre parler comme une caille du 9-3 et comme un lover ricain pour déclarer sa flamme. Résultat, à moins d’être Québécoise, sa dulcinée ne supportera pas cette éternelle indécision. Et puis qu’est-ce que c’est que ces bêtises de mettre des langues différentes dans une même phrase ?
La déclaration qui tue
Et puis j’sais pas qu’est-ce qui s’passe, t’as ce regard dans la face qui me ramène à la case départ, là où j’ suis parti… (Non mais SRLY ? T’as ce regard dans la face ? On dirait une déclaration d’amour de Franck Ribéry…)
Thierry Cham, Océan
http://www.youtube.com/watch?v=w3Nd-DT_xXw
Thierry Cham, alias le mec qui garde son costar blanc pour faire l’amour à Madame, s’est fait connaître sous nos latitudes avec ce titre très sirupeux, très zouk love, mais en français métropolitain contrairement à ses autres titres. Tu sens bien, en écoutant, comment le jeune homme s’inspire des codes de l’amour courtois : en gros, il est capable de chercher partout dans le monde, mais une fois dans le quotidien, il ne bougera pas le petit doigt. Que de la bouche.
La déclaration qui tue
J’invoquerai tous les vents pour te souffler mes sentiments… (Qu’est-ce que je disais : avec Thierry, si tu veux un roman Harlequin en vocal, t’as qu’à l’inviter chez toi).
Nana Mouskouri, L’amour en héritage
J’ai eu un autre gros souci durant mon enfance : une mère fan de sagas qui, bout à bout, durent 14h. C’est ainsi que j’ai appris à tricoter devant Les oiseaux se cachent pour mourir en continu, soit un dimanche de novembre trèèèèèès long. C’est aussi pour cette raison que je reste traumatisée par cette chanson, bande-son d’une saga qui s’avère au final, sous des decori roses bonbon, une histoire extrêmement glauque. Vous imaginez, si votre mec, avant vous, s’était tapé votre mère et votre grand-mère ? Ou alors vous avez un sens très développé de la famille, je ne sais pas, mais même avec ma sœur et mes cousines, la règle est qu’on ne touche pas à un ex. C’est pour cette raison que je trouve L’amour en héritage absolument abominable.
La déclaration qui tue
Et si ma vie se traduit en je t’aime, si mes chemins ont croisé des torrents, on est toujours un oiseau de bohème, une enfant de printemps. (C’est-à-dire que non seulement t’as pompé des trucs à d’autres, mais en plus, tu en rajoutes dans l’effet tout rose).
Quoi qu’il en soit, beaucoup de chansons qui content l’amour en grand me laissent de marbre ou, pire encore, me filent de l’urticaire. Avec ce déversement de guimauve, de ces paroles niaises à crever, je préfère encore qu’on ne me déclare jamais sa flamme au risque de rester célibataire. Pourtant, c’est si simple de me faire craquer, il suffit juste de me dire :