Au bout de plusieurs passages devant nous, j’aperçois à l’arrière du troupeau un jeune bouc en train de se débattre sans pouvoir ni avancer ni reculer ; alors avec ma sœur nous décidons d’aller voir ce qui se passait. Mais une fois sur la berge un des chiens nous a empêchées de nous approcher de l’animal. Nous sommes remontées tout doucement sur le bateau et avons attendu que le troupeau et les chiens s’éloignent. Une fois le champ libre, nous avons été voir ce bouc qui n’en finissait pas de se débattre.Le pauvre, il s’était pris dans un filet. Il avait les pattes arrières prises et la tête prisonnière. Il commençait à s’étrangler. A notre approche il s’est un peu affolé et bougeait dans tous les sens. Nous lui avons parlé tendrement, caressé et avons essayé de le calmer. Nous avons pu le dégager sans lui faire de mal. Il a pu rejoindre le reste du troupeau en courant et nous nous sommes retrouvées les pieds tout crottés et mangées par les moustiques.
Mais les problèmes de moutons n’en sont pas restés là…
Vers minuit, un bruit sur le bateau m’interpelle : un bêlement très proche. J’attends un moment puis ce bêlement répété, me semble anormal. Sans faire de bruit, je sors du bateau, il faisait nuit noire. A l’arrière du bateau à environ 5 mètres j’aperçois un mouton dans l’eau, il avait dû tomber en s’approchant un peu trop près du bord. La berge est tout de même à 1m 50 d’à-pic. Je vais de ce pas réveiller ma sœur qui venait juste de prendre son sommeil. Ni une ni deux, elle me suit et nous étudions le moyen de sortir ce mouton de l’eau.
Comme s’il avait compris notre démarche, il se met à nager jusqu’au bateau et va se réfugier entre la berge et nous Nous n’avons pas grand-chose pour sauver cette bête fatiguée, épuisée. Nous prenons la corde de la bouée de sauvetage, faisons un lasso non coulissant pour ne pas l’étrangler et au bout de maintes reprises nous avons pu passer la corde autour de son cou. Nous l’avons hissé jusqu’à ce que sa tête arrive à notre hauteur. Il nous regardait d’un air si doux, si désemparé ! L’animal s’étouffait, nous l’avons redescendu pour qu’il reprenne de l’air et nous des forces.
Nous n’avions que 2 solutions :
1 -le laisser mourir d’épuisement et peut être de froid à coté de nous sans rien tenter
2 -le hisser à nouveau coûte que coûte avec le risque d’étranglement
Nous avons opté sans hésitation pour la deuxième solution, en allant très vite, nous pourrions peut être le sauver.
Nous avons alors recommencé à lui mettre la corde autour du cou. Nous lui avons parlé, essayé de le rassurer et d’un coup nous l’avons hissé. Encore une fois jusqu’au niveau de la tête. Son poids était vraiment très lourd, c’est un animal assez gros et la laine mouillée l’alourdissait encore plus. Il nous a regardées à nouveau avec un air de dire OUI et avec ses pattes il nous a un peu aidées et OUF enfin sur la berge.
Nous sommes tombées et lui sur nous. Quelle odeur, et adieu propreté !! Très affaibli, il nous regarde en bougeant la tête, reprend ses esprits et se lève. Ses jambes tremblent, puis petit à petit la vie revient, il se secoue, fait 3 pas et va rejoindre les siens. Peut-être allait il leur raconter son histoire.
Cela valait la peine, pour sauver une vie quelle qu’elle soit, de se surpasser.
Tout cela sous les yeux de nos parents qui ont vibré comme nous, sur ce sauvetage réussi. Nous nous sommes recouchées 1h 30 plus tard avec le dos et les épaules meurtries. Mais quelle satisfaction et quel bonheur de voir ce mouton à nouveau gambader libre.
Le lendemain nous avons attendu l’arrivée du berger et lui avons raconté les épisodes mouvementés de la nuit, afin qu’il remédie à ces accidents. A notre retour nous avons eu la satisfaction de constater qu’il avait balisé le terrain sur 300 mètres. Comme quoi, les filles de la ville savent aussi être efficaces à la campagne… »