Ce roman s’étale sur 30 ans. Leo Demidov est un ancien agent du KGB. Au moment où il quitte le KGB il sait que son avenir sera sous surveillance et que jamais il ne pourra sortir de Russie. En 1965, sa femme Raïssa est à la tête de l’organisation d’un concert permettant à des étudiants américains et russes de chanter ensemble aux sièges des nations unies. Une occasion rare de sortir du pays pour elle et ses deux filles. A New-York lors du concert le chanteur noir américain Jesse Austin, ancienne gloire, et communiste notoire est assassinée, les circonstances font que Raïssa ne survit pas non plus. Seule les deux filles de Léo et Raïssa rentre à Moscou. Meurtre, accident, complot… Léo va tout faire pour le découvrir entre paranoïa mensonge et manipulation. 15 ans plus tard Léo s’apprête à passer la frontière finlandaise lorsqu’il est arrêté et envoyé à Kaboul. Il va y faire de dangereuses alliances et se perdre dans les paradis artificiels. Mais un seul but le maintien en vie : découvrir ce qui est arrivé à sa femme.
L’auteur nous positionne en spectateur, nous avons tout les éléments en main et assistons impuissant à la souffrance de Léo. Le régime communiste décrit dans la première partie du livre est glaçant, toutes les actions des citoyens sont analysable en fonction de ce que l’on veut leur faire dire : trop enjoué, trop froide, trop timide…. Tout est prétexte à une enquête, un interrogatoire. La pression est permanente, chaque geste, chaque parole, chaque sourire peut vous attirer les pires ennuis ou faire de vous le citoyen de la journée ! L’ambiance est oppressante et j’en arrivai moi-même à douter de mes ressentis de lecture et à sur-interpréter les événements. L’auteur nous entraine dans 30 ans d’une quête pour la vérité, 30 ans de tristesse et de haine.
Alors qu’on lui avait réservé une chambre à l’hôtel Moskva, au quinzième étage, avec vue sur la place Rouge, il avait exprimé le désir de séjourner dans un immeuble collectif, de préférence chez une famille, si celle-ci disposait d’une chambre d’amis. Il aspirait le plus sincèrement du monde « s’immerger dans la réalité soviétique ». Cette requête inquiétait grandement les autorités, dont le rôle était de montrer à Austin une vision rêvée de la société communiste, une représentation de ses potentialités plutôt que la réalité conjoncturelle. Idéaliste et hommes de principes, Leo s’accommodait de cette manipulation en reconnaissant que la Révolution était encore en chantier. L’avènement du règne de l’abondance attendrait quelques années. Pour l’heure, il était impossible de trouver une chambre d’amis une ville périodiquement en proie à la crise du logement. Quant à faire partager à Austin la vie d’une famille russe, c’était trop risqué. Outre le manque criant d’espace, les intéressés pouvaient tenir des propos compromettants. (page 36 – 37)
Ce roman est à la fois un roman d’espionnage, d’aventure et policier. Il nous plonge au cœur du Kremlin durant la guerre froide puis dans le conflit afghan, alors armé par les américains afin d’abattre les hélicoptères russes. Les hommes sont manipulés afin de servir des intérêts qui les dépassent et les détruisent.
Mon livre comporte toutefois un défaut de fabrication, certaines pages sont mélangées, la page 135 est intercalé entre la 139 et 142… Heureusement pas de gros spoiler ni grande incompréhension.
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Belfond pour la découverte et l’envoi de ce livre.
♦ Agent 6 de Tom Rob Smith
Traducteur : France Camus-Pichon
Éditeur : Belfond
ISBN : 978 2 714451828
Parution : avril 2013
Pages : 518
Prix : 22,50 €
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