Boucherie charcuterie, même combat - Bruno Heitz

Par Belzaran


Titre : Boucherie charcuterie, même combat
Scénariste : Bruno Heitz
Dessinateur : Bruno Heitz
Parution : Juin 1995


Tout commence dans un petit village. Les boucheries et charcuteries sont vandalisées une nuit par des cochons. Peu à peu, tous les commerces se font attaquer. La panique finit par envahir les habitants, si bien que le bourg se retrouve complètement vide. Un peu hagards, les animaux vont finalement s’y installer, les cochons en tête. Ils s’habituent alors au confort des humains. Mais de nouveaux tyrans vont remplacer les anciens… Le tout est publié dans un format façon livre de poche aux éditions du Seuil. 

A la lecture du pitch, difficile de ne pas penser à « La Ferme des Animaux » d’Orwell. D’ailleurs, c’est pleinement assumé puisque l’ouvrage démarre par ces mots : « en dessinant ces animaux, l’auteur a bien évidemment pensé au livre de George Orwell, La Ferme des animaux. » La référence étant assumé, libre au lecteur de ne pas crier au plagiat et de profiter de tout cela en pleine quiétude. 

L’histoire est racontée par un narrateur inconnu. Ainsi, il n’y a absolument aucun dialogue, uniquement des faits. Cette narration par l’histoire est parfaitement réussie. Et l’apparition du narrateur alors que le livre est déjà avancé aux trois quarts apporte un surplus d’intérêt évident. Ainsi, les personnages ne sont caractérisés que par leur espèce qui les renvoient ensuite à une fonction. Les cochons dominent et exploitent les autres animaux. Mais entre animaux domestiques et sauvages se crée forcément un décalage qui redonne des séparations dans le milieu animal (l’Homme n’est-il d’ailleurs pas lui-même un animal ?). 

C’est donc avant tout un conte auquel on a droit ici. Le tout se lit avec plaisir et quelques passages viennent surprendre le lecteur. La fin est réussie, donnant d’autant plus de sens au reste, signe d’un ouvrage réussi. Cependant, la parenté à La Ferme des Animaux est difficile à oublier et plombe un peu notre impression sur l’ouvrage. 

Au niveau du dessin, Bruno Heitz a un trait très dynamique et un peu incertain en apparence. Cela ne plaira clairement pas à tout le monde. Il utilise du noir et blanc assorti de hachures grossières. Le résultat n’est pas désagréable, mais la majorité du lectorat y verra un dessin de mauvaise qualité. Pour ma part, je trouve son trait adapté à la fois au format et à l’histoire qu’il raconte. Etant donné la petite taille des pages, il n’y a qu’une ou deux cases par planche. D’où la centaine de pages du livre. 

« Boucherie Charcuterie » est un ouvrage qui se lit sans peine. Inspiré de « La Ferme des Animaux » mais fondamentalement différent (puisqu’il n’y a pas de dialogue), il propose une fable sur la domination des espèces sur les autres et, plus généralement, sur la domination d’un groupe sur les autres. A découvrir si le thème vous inspire.

par Belzaran

Note : 12/20