Hannibal, S01E08, Fromage, réalisé par Tim Hunter et écrit par Jennifer Schuur et Bryan Fuller.
Série créé par Bryan Fuller, basé sur le roman Red Dragon de Thomas Harris.
Il est clair que depuis l'épisode précédent, la narration a sauté de Will à Hannibal qui est devenu sans conteste le centre névralgique de la série. Ça peut paraître étonnant de dire ça, mais ce n'est pas parce que la série porte son nom que le personnage était central dans les premiers épisodes. La mise en bouche était intrigante et désormais on attaque l'entrée avec beaucoup plus d'insistance. Cela n'empêche pas de continuer à explorer les deux personnages en parallèle, bien évidemment.
On commence cet épisode un nouveau tueur, étrangement proche d'Hannibal, un peu trop au yeux de celui-ci d'ailleurs. On s'attendait un peu à ce que Tobias soit un point d'intrigue à la suite de leur rencontre lors du concert. C'était subtil et on mettait d'avantage l'accent sur Franklin, mais il était évident que le personnage de Tobias reviendrait croiser le chemin d'Hannibal. Même si je m'attendais à ce que ce soit un tueur, ou au moins une sorte de psychopathe, je ne m'attendais pas à ce qu'on nous le dévoile d'entrée de jeu. L'idée des cordes d'instruments était à la fois élégant et macabre, ce qui convient parfaitement au ton de la série. J'ai bien aimé que Franklin ne soit pas un total idiot et voit que quelque chose cloche chez son ami. C'est d'ailleurs délicat pour lui puisque s'il venait à accuser à tort Tobias, leur amitié prendrait fin, il n'y a pas de doute. Je trouve intéressant cette intrigue puisqu'elle est une sorte d'exemple de ce qu'attend Will et Hannibal, devenant amis petit à petit jusqu'au jour où Will découvrira la vérité et les choses seront compliquées, bien plus qu'entre Tobias et Franklin. J'aime beaucoup ce double emploi de l'intrigue, à la fois pour l'épisode et pour développer le duo Will/Hannibal par extension. Le meurtre en lui même était vraiment très élégant. L'idée du violon humain est intéressante, macabre et gore au possible mais tout de même fascinant. La scène où Will se met à jouer sur scène est très dérangeante, encore plus lorsque Hobbs vient se glisser dans sa vision, un rappel déroutant du passé - et j’apprécie ce fil rouge, cet écho du pilote à travers Hobbs, Abigail ou simplement le cerf.
J'ai retrouvé avec joie Gillian Anderson et les scènes entre son personnage et celui d'Hannibal ont quelque chose de vraiment spécial. Peut être car c'est le seul moment dans la série où quelqu'un d'autre à l'ascendant sur Hannibal. Bizarrement, avec sa position de psychanalyste, Hannibal dégage cette impression de supériorité. Cependant, lorsqu'il se retrouve face au Docteur Du Maurier, tout s'inverse, il est celui qu'on étudie, celui qui se dévoile, se confie. Vraiment intéressant. Le duo qu'Hannibal forme avec Will est de plus en plus dynamique et évolue à grands pas. Plus que consulter son psy, lorsque Will vient voir Hannibal, il vient désormais voir son ami, son collègue, à qui il lance les réflexions, les analyses qu'il réalise dans son enquête pour faire une espèce de brainstorming pour trouver des réponses. J'aime assez que cela permette en parallèle à Hannibal de faire ses propres enquêtes, et dans le cas de cet épisode, de la résoudre immédiatement. Son face à face avec Tobias était d'une tension impressionnante, comme deux animaux sauvages prêts à se sauter à la gorge l'un de l'autre, heureusement interrompus par Will. Bien évidemment ce n'est que partie remise et la scène de combat était vraiment bien mise en scène. Je n'aime pas trop les scènes d'action qui s'éternisent dans les fils, les combats à rallonge où chaque protagoniste aurait du mourir trois fois entretemps. Ici, on sent le poids, on sent les coups et cela va vite, c'est précis et dynamique.
J'ai beaucoup aimé le développement de la relation entre Alana et Will. Il y a quelque chose de très doux mais de très triste qui se passe entre ces deux. Will lui est au bord de la folie, somnambule, il entend des sons et voit des morts. La seule chose qu'il trouve pour le garder sur terre c'est Alana, à la fois pour s'accrocher, mais aussi pour essayer de trouver une sorte de normalité. J'ai trouvé ça à la fois très bien amené et intéressant vis à vis du personnage. Will est très complexe et, au début de la série, déjà si torturé. Je suis curieux de voir où va aller le personnage. Il semble s'imprégner d'enquête en enquête d'une sorte de jolie inhérente à son travail, où il se met dans la peau de tueurs plus malsains les uns que les autres.