Les naïfs qui pensaient tourner la page du néolibéralisme en chassant Sarkozy doivent être sacrément déçus.
D'autant plus, s'ils espéraient l'abrogation des réformes des retraites de Balladur et de Fillon par le PS. C'est raté et ce n'est pas surprenant parce que les députés PS avaient voté avec l'UMP le premier plan dit d'aide de la Grèce qui prévoyait notamment la retraite à 67 ans...
Hormis un invraisemblable retournement de dernière minute, la nouvelle réforme des retraites devrait approfondir les précédentes initiées par la droite. Avec le soutien du MEDEF et de la CFDT.
Depuis la réforme Balladur, le niveau de vie des retraités est en baisse constante. En 2010, 10% des 14,5 millions de retraités perçoivent une pension inférieure au seuil de pauvreté de 910 euros, contre 5 % en 1990. Les femmes sont les premières victimes : 30 % d' entre elles doivent attendre 65 ans pour pouvoir prendre une retraite à taux plein contre 5% des hommes.
Comme l'ont justement signalé mes amis blogcheviks, Hollande a martelé les mêmes fausses évidences néolibérales que Sarkozy en son temps telles que l'allongement de la durée de vie, pour justifier l'allongement de la durée des cotisations. Il s'agit, ni plus ni moins de "sauver" le système des retraites. Aucune question n'est tabou ce qui signifie en traduisant la novlangue néolibérale que le Capital et l'oligarchie seront épargnés courageusement sous les encouragements de la Commission de Bruxelles !
L'OBJECTIF DE LA RÉFORME N'EST PAS DE SAUVER LES RETRAITES MAIS D'APPAUVRIR LES RETRAITÉS ET DE RÉDUIRE LE NOMBRE DE RETRAITES A TAUX PLEIN.
Quoiqu'en disent le PS et la droite, si les actifs doivent cotiser plus longtemps, cela signifie immanquablement que l'âge de départ à la retraite avec une pension à taux plein est reculé.
En l'espèce, cette retraite à taux plein devient quasiment inaccessible pour les salarié-s qui sont entrés tardivement dans la vie active (à plus de 20 ans) et qui ont subi des périodes de chômage (un chômeur sur quatre est un sénior)...
De surcroît, tout allongement de la durée de cotisation accroît le nombre de travailleurs mis d'office à la retraite pour raisons de santé.[1]. C'est autant de retraités sans pension à taux plein et... d'économies pour le système des retraites par répartition !
En d'autres termes avec ces réformes néolibérales, plus la durée de cotisation augmente, moins le système par répartition délivre des pensions de retraite à taux plein. Seuls les salariés qui ont les moyens de cotiser auprès d'un organisme privé peuvent espérer une retraite décente en cumulant leur pension par répartition et leur pension par capitalisation, à condition que l'organisme privé qui gère leur capital ne fasse faillite et que le système financier ne s'effondre jamais ! A chacun de jouer...
Au final, de la réforme Balladur à celle de Hollande, le système des retraites par répartition ne permettra plus de garantir à toutes et à tous une retraite décente à taux plein... Surtout, si les pensions de retraite ne sont plus indexées sur l'inflation !
La droite et le PS (pléonasme) pourront se glorifier d'avoir sauvé un système qu'ils auront vidé de sa substance réforme après réforme. Les grands perdant-e-s seront les salarié-é-s, et la finance la seule gagnante...
Notes
[1] Quand un patron voudra se débarrasser d'un vieux travailleur qu'il l'estimera peu productif et trop coûteux par rapport à un jeune, il l'enverra devant une commission médicale...
[2] photo(s) : © Stéphane Lebouché - wir.free.fr