Alors que les feux de brousse ont une source naturelle, étant déclenchés de manière accidentelle par une source de chaleur ou d’inflammation, la plupart des incendies sont provoqués par l’homme. Les êtres humains pratiquent la mise à feu pour défricher, préparer les champs, renouveler le pâturage, chasser les petits gibiers, nettoyer les alentours des villages, des hameaux, des sentiers et des chemins pour la récolte du miel et pour la production du charbon de bois. Le feu est un outil de travail pour les agriculteurs, pour les éleveurs de bétail et pour les chasseurs. Néanmoins, l’utilisation réitérée de cet outil comporte de graves conséquences sur l’environnement. Les incendies tardifs et fréquents, qui sont le résultat du changement du régime des feux au cours des années, détruisent le potentiel de régénération végétale. Ils entraînent la diminution progressive de la diversité des espèces et un impact négatif sur le potentiel de régénération des espèces d’arbres, particulièrement sensibles au feu. Plus le diamètre d’un arbre est petit, plus les dégâts sont importants. Ce procédé joue un rôle important dans la régression des forêts qui se transforment de plus en plus en zones boisées ouvertes. Par ailleurs, comme dans les zones ouvertes, la végétation ligneuse est souvent remplacée par une biomasse herbacée et que les vents soufflent plus fort, les zones boisées ouvertes sont encore plus vulnérables aux incendies. Les incendies à répétition peuvent réduire la matière organique contenue dans le sol, ce qui freine son enrichissement par l’humus. Après le passage du feu, le sol est directement exposé à l’action du soleil, du vent et de la pluie. Cette exposition cause souvent une érosion du sol. Son renouvellement à grande échelle intensifie l’émission de CO2 dans l’atmosphère et par conséquent, la production des gaz à effet de serre, responsables du changement climatique. Pourtant, bien que les feux de brousse aient un certain nombre d’inconvénients, leur pratique présente des effets positifs. En Afrique, ils ne sont pas uniquement liés à l’agriculture. Ils ont d’autres significations pour beaucoup de gens en Afrique de l’Ouest. Ils ont même un aspect religieux qui manifeste certaines croyances traditionnelles et des coutumes culturelles. Par exemple, pour des agriculteurs burkinabè, les feux ont une fonction purificatrice. Ce n’est qu’après ces feux que les populations locales peuvent « manger » les nouvelles cultures. Ils sont également utilisés dans des rituels dédiés aux dieux, particulièrement pour assurer la bonne santé, la paix et pour chasser la malchance dans la communauté. Les feux font aussi, partie des politiques de gestion des parcs pour maintenir l’équilibre dynamique entre les composants savanicoles et pour supprimer les éléments ligneux des espaces verts dans les savanes. Jusqu’à présent, les feux précoces ont toujours été un moyen de gestion des parcs nationaux. Ils ont largement contribué à la formation des savanes actuelles et sont un élément important de leur dynamique. Le problème des feux de brousse et leurs effets sur la bio-complexité des savanes est donc très complexe. Il est difficile de généraliser sur un quelconque principe. Le brûlage excessif dû à la fréquence élevée des feux peut entraîner l’appauvrissement des sols. Mais d’un autre côté, le feu est également un outil important pour les agriculteurs, les éleveurs, pour la gestion des espaces verts et pour entretenir la stabilité végétale des savanes. La gestion des feux ne devrait donc, pas s’appliquer de manière rigide, mais plutôt de manière universelle, afin de répondre aux besoins locaux et aux conditions climatiques.
Raphaël KAFANDO