Voici le récit de ma plus grosse aventure, la plus dure, la plus intense, la plus longue en distance et en temps, c’était une course décidée à deux, faite à quatre avec nos chéries, un vrai ultra très très dure !
La genèse
Tout commence 1 an avant la course, sur la course en elle même. J’attends Stéphane juste avant l’ascension de Roc Blanc, on ne se connait que par Facebook, je viens voir ce fou de la région qui prépare le Tor des Géants. Je suis admiratif, bien que préparant la CCC, l’ultra draille me semble alors qu’un rêve inaccessible et pour cause Stéphane abandonnera au km 80 sur blessure.
Les mois passent et une vrai amitié né entre nous deux puis entre nous quatre, Anne la compagne de Stéphane devient amie avec ma chérie, on partage toutes nos passions course à pied, escalade et le bon vin. Je fais la CCC, Stéphane 240km sur le Tor. La saison 2013 commence à se dessiner et Stéphane veut remettre le couvert sur le Tor quant à moi l’ultra ça sera en début de saison car notre petit bonhomme arrivera en septembre, la famille aura alors besoin de toute mon attention. Le tirage au sort du Tor ne sera pas chanceux pour Stéphane, je lui propose alors de faire le 98km sur l’Ardéchois.
Mais Stéphane participe à un concours sur Facebook et gagne un dossard pour l’ultra draille. Tous les matins je m’entraine sur le parcours de l’ultra autour de la maison et l’idée commence à faire son chemin : je dois accompagner Stéphane, un nouveau concours est organisé sur Facebook et cette fois c’est moi qui gagne ma place, plus le choix il faut y aller.
La préparation s’enchaine pour moi : Trail aux étoiles, off de reco, Ardéchois raccourci pour moi à 37km au lieu des 57km, je ne suis pas hyper prêt mais c’est rien à coté de Stéphane qui s’alignera avec 350km seulement depuis le début de l’année, c’est de la folie mais l’amitié sera notre alliée et nos chéries notre force.
5h15 Top départ
La semaine qui a précédée la course on ne cesse de garder un oeil sur la météo, mais il faut se faire une raison elle sera merdique à souhait : au choix orage, averses, grosses pluies, brouillard. On se dit tant pis on a eu ce temps souvent pendant la prépa de ce coté on est prêt.
3h30 le réveille sonne, je n’ai pas beaucoup dormis et la veille de même, oui je stresse sans aucun doute. Un gateau sport un café, on est un peu dans le pâté avec Stéph mais quand même bien excité à l’idée d’en découdre, dehors il flotte bien : fait chier !
Ma chérie est débout elle aussi surexcitée, je luis demande de se recoucher c’est pas une heure pour une femme enceinte mais rien à faire.
Direction Causse de la Selle, je ne roule pas trop vite histoire de ne pas risquer des maux de ventre sur la route sinueuse. On arrive 15 min avant le départ, juste le temps de profiter de l’animation mise en place dans la salle : du jonglage lumineux, ça parait complètement hors du temps
. Je vérifie une dernière fois mon matos, on a enfilé le pantalon de pluie, la veste de pluie, les gants, on en voit partir en short on leur souhaite bien du courage.Il est temps de rejoindre la ligne de départ, on croise la star du jour Monsieur Oscar Perez qui a l’air bien stressé lui aussi, ça nous rassure et nous effraye en même temps, si le vainqueur du Tor semble avoir peur on devrait être terrorisé.
Causse de la Selle – Saint Guilhem le Désert 23km 600D+
Nous partons avec un petit quart d’heure de retard, il fait encore nuit, ça part tranquilou, ça rigole, on retrouve l’ambiance des ultras, personne n’essaie de se placer de doubler en prenant des risques, la course va être longue et tout le monde le sait. Pas de sensations particulières sur le corps ni en bien ni en mal ça me va très bien. Avec Steph on est même content, c’est vrai que pendant les recos cette partie nous l’avions faites sous la neige, alors juste de la pluie et du vent c’est le bonheur.
Le début est roulant et plat sur 5km le temps de bien se mettre en jambes, puis c’est le début de la grimpette, je sors un peu la go pro mais avec la pluie ça n’est pas évident. Pierre Toussaint l’organisateur du Festa Trail est sur le parcours et nous aide à grimper sur un rocher, on lui demande comment va Oscar : il est facile. La concentration devient nécessaire pour ne pas glisser, tomber ou se faire une entorse, ça sera notre obsession jusqu’à la fin et c’est la difficulté de cet ultra par rapport aux autres le parcours est vraiment très technique. Le jour se lève, il est temps de couper la frontale.
On grimpe jusqu’au Mont Haut, toujours prudent, ça n’est pas encore cette fois que je profiterai du paysage, normalement à cet endroit on peut voir tout le parcours, la nous n’avons que 50 mètres de visibilité.
La descente qui suit est très très technique, on descend sur les fesses le pantalon plein de boue. Stéphane croise des amis qui avaient fait l’ultra l’an dernier, les courageux sont montés jusque la, merci à eux.
Nous remontons ensuite jusqu’à Roc de la Vigne, on avance bien, les sensations sont bonnes, 12km/600D+ 2h de course. Pour la descente qui suit je prends les commandes et on accélère un peu, le chemin est agréable avec peu de caillasse, nous courons à trois. Puis arrive la descente vers Saint Guilhem avec Stéph on réduit l’allure car on sait que cette partie est très cassante et que bien que l’on puisse envoyer nous le faisons pas pour économiser nos articulations. La pluie ne s’arrête pas voir s’accentue, j’espère à ce moment que la météo a raison en annonçant des éclaircies dans l’après midi.
Nous arrivons dans le haut de Saint Guilhem, le spectacle est impressionnant, de gros nuages noirs couvrent le cirque de l’infernet tout en lâchant des trombes d’eau.
Saint Guilhem le Désert – Mont Saint Baudille 12km
Nos chéries ne sont pas la, pas grave on s’y était préparé et on ne passe que 4 min sur le ravitot, juste le temps de recharger les bidons manger un bout de fromage un tuc et des fruits sec et on repart. Il est temps de sortir les bâtons, Stéphane est plus rapide que moi, je galère à régler mes bâtons dans ce froid. Les photographes de a360degres sont la. La montée vers les fenestrelles se fait avec les moyens du bord, la pluie nous fauchent à chaque instant et ça commence à devenir pénible, ça fait 3h que l’on en prend plein la gueule et pour le moment aucun espoir d’amélioration en vue. Je pense à Virginie et à notre bébé pour me donner du courage.
Après les fenestrelles Stéphane me demande de reprendre les commandes il est un peu dans le dur. Quelle différence par rapport à la reco d’il y a 2 semaines avec Anne et Stéphane où le temps était magnifique. La ça devient la soupe à la grimace, même si on rigole encore un peu. On arrive sur la route avant d’attaquer Saint Baudille, on nous annonce être à la 36ème place, on est étonné et content ça nous rebooste un peu. Une éclaircie se profile au loin vers la mer, ça nous met un peu plus de baume au coeur. La montée se passe bien et est agréable, la pluie cesse peu à peu et les virages s’enchainent bien.
On se fait reprendre dans la montée par deux concurrents. Sur la crête le vent est très impressionnant, j’ai du mal à rester debout, le brouillard est toujours la et une fois de plus le paysage ne sera que dans nos souvenirs de reco.
Mont Saint Baudille – Pégairolles de Buèges 17km 600D-
Le ravitot se passe à l’arrière d’un Kangoo, pauvres bénévoles quel courage de nous attendre dans ces conditions, une fois de plus on ne traine pas, on regarde les bidons, tuc, fruits sec fromage je ne change pas d’alimentation. Et c’est parti pour Pégairolles. Je suis encore fais, Stéph un peu moins et ça ne va pas aller en s’arrangeant, je commence à m’inquiéter pour lui. Cette partie ne comporte pas de grosses montées mais les changements de rythmes sont fatigants. On reprend les coureurs qui nous avaient doublés dans la monté de Saint Baudille, l’un d’eux semble vouloir abandonner. J’ai une fringale à mis parcours, je sors donc une journey bar et ça repart. Le temps est maintenant dégagé, enfin les nuages succèdent aux éclaircies et inversement à vitesse grand V à cause du vent. Mais au moins la pluie nous laisse tranquille pour le moment. La descente vers Pégairolles est redoutable, Steph est au fond du trou et mes genoux font des siennes je sens que je vais avoir le droit à un double TFL chaque pas est souffrance. Steph ne peut plus courir sur cette section mon inquiétude grandit. On ne parle plus beaucoup, j’attend le ravitaillement avec impatience.
Pégairolles de Buèges – Saint Jean de Buèges
Nous voila à Pégairoles, j’appelle les filles pour les prévenir entendre Virginie me fait un bien fou. Et c’est par les cries de nos chérie que nous sommes accueillis, nous nous dirigeons vers la mairie où le ravito a pris place. ça fait déjà 7h30 que nous sommes parti. Il n’y a pas de soupe à ce ravito, dommage ça m’aurait bien reboosté.
On se change, les tenues de pluie sont rangées, on enfile des tee shirts propres, les bidons sont rechargés. Je me goinfre de sausisson, fromage, tuc, cake, chips, cacahuètes. Les filles sont au petit soins pour nous, quelle chance nous avons d’être ainsi chouchoutée, Anne est à fond pour rebooster Stéph : “tu dois ralentir”, “tu vas y arriver”, “ça ne sera pas comme l’an dernier”, “tu es mon héros”. Stéphane est quand même bien dans le gaz mais nous repartons, un coureur abandonne et les filles le ramène à Saint Jean pour qu’il puisse prendre la navette.
La montée jusqu’à Peyre Martine sera laborieuse, Steph n’est pas encore terrible et je commence à cogiter : “que va t’il se passer si il craque ?”, “je vais au bout ou pas ?”, “comment il vivra ça ?”, “ça serait une trahison ?”. De fil en aiguille je me mets dans le rouge mentalement et ça devient dur pour moi également, je commence à déprimer. On croise le même ami de Stepha que dans la première section qui lui dit : “cette fois tu n’abandonnes pas comme l’an dernier hein ?” Je pense qu’il a eu un électrochoc à ce moment la, le mental a pris le dessus sur le physique. Une fois la haut Stéph semble mieux et dans la descente vers Saint Jean ça se confirme, il me le dit lui même du coup ma baisse de moral est oubliée : Youpi on va aller au bout ensemble !!!
Bon la descente reste très longue, on double un coureur qui s’arrête, on souffre tous les deux mais le mental est la. On sait que nos chéries nous attendent, je passe le traditionnel petit coup de fil pour prévenir de notre arrivée. Et c’est une nouvelle fois par des cris de joie que nous sommes accueillis.
Saint Jean de Buèges – Roc Blanc
Saint Jean est un ravitaillement spécial c’est une base de vie, on va pouvoir y manger du chaud et se poser sur des chaises. Je me goinfre une nouvelle fois :
- soupe miso
- assiete de pates tomates/fromage
- tuc
- chocolat
- cacahuète
- banane
- coca
On remet les équipements de pluies au cas où car sur Roc Blanc il y a de gros nuages, on nous apprend qu’on a faillit ne pas passer la haut car la météo devenait trop dangereuse mais Oscar Perez est allé trop vite alors tout le monde doit le suivre et nous avec ! Il est temps de repartir, le moral est bon, la montée sur Roc Blanc ne nous fait pas plus peur que cela car on la connait bien. Un bisous à nos supportrice et nous reprenons la route. La sortie du village se fait en marchant, on sait que la début de la montée est costaud. On recroise les filles juste avant la monté. A cet endroit on fête nos 1 an d’amitié avec Stéphane, même lieu, même date, même course.
Evidemment la montée pique plus après 60km dans les pattes que pendant les recos. Mais ça monte bien, bien mieux que la monté de Peyré Martine. Et au fil des virages on arrive assez vite en haut, il faut maintenant longer pendant plusieurs kilomètre la crête jusqu’au Roc Blanc où les chéries nous attendent. Le vent a encore forci et ça devient très désagréable surtout que l’on doit se concentrer sur nos pas, les roches sont fendues par de grosses crevasses et on a l’impression de marcher sur un glacier, un faux pas et c’est game over.
Le roc s’approche et il est temps de tôt invisible tant tôt dégagé, on ne sait vraiment à quelle sauce on va être mangé la haut. On double un concurrent puis un petit quart d’heure plus tard on entant crier au loin. Stephane me dit que ça pourrait être ma femme, je lui dis que c’est sur que c’est ma femme, même à 600m avec du vent je reconnais sa voix sans problème tellement habitué à l’avoir en course. ça nous remotive pour terminer mais attention car la fin est vraiment périlleuse avec un à pic sur la droite et un vent toujours très présent par rafales.
Le roc est dégagé pour notre passage et on profite de cette récompense. Les filles soutiennent les bénévoles à coup de chocobons. On fera 400m avec elles en courant avant qu’elles rejoignent la voiture. Anne nous dit que le ravitot est à 1.5km.
Erreur …, on quitte la piste pour prendre une mono trace ultra merdique, impossible de courir dans cette descente, la végétation est très touffue, les pierres recouvertes de boue sont très glissantes, on aurait préféré rester sur la piste. Pire une grosse marque danger indique que ça se corse encore par la suite. Effectivement ça devient roc&roll, pas facile après 70km, la ça devient du sadisme…
Finalement les 1.5km se transforme en presque 5km et nous arrivons au ravito dans un petit camion type 20M3 à l’abris du vent.
Roc Blanc – Brissac
ça commence à sérieusement piquer, heureusement il y a des confitures maisons dans le camion et je tartine des morceaux de cake au fruit avec. Les filles sont et continuent leur travail de soutien toujours aussi efficace, avec Stéphane on se dit qu’on a vraiment beaucoup de chance d’avoir des chéries en or comme ça. On nous indique 8km jusqu’à Brissac qui sera le 82ème kilomètre. C’est reparti, la descente est plus agréable qu’auparavant et nous pouvons recourir jusqu’à Brissac. Au final seulement 4km au lieu des 8km annoncés, on ne se plein pas et on profite une nouvelle fois du ravitot. Je prends un café afin de me réveiller un peu la fatigue commence à se faire sentir et il reste un peu moins d’un marathon à parcourir avec 1500D+.
Brissac – Saint Etienne d’Issensac
On repart, il doit être pas loin de 20h, ça fait déjà 15h que nous sommes partis. Direction Notre Dame du Suc, on ne grimpera pas jusqu’à l’obélisque mais seulement jusqu’au couvent et c’est tant mieux. On bifurque alors à gauche pour rejoindre saint Etienne d’Issensac, j’ai vraiment hâte d’arriver sur cette portion car je la connais bien. Le parcours est vraiment très joli mais nous marchons, je commence à trouver le temps long et on essaie de trottiner un peu mais ça commence à devenir très dur, les chevilles sont bien douloureuses. On vient de passer les 86km et j’ai dépasser la plus longue distance que je n’ai jamais parcouru. Nous sommes seuls la plus part du temps mais nous nous rapprochons des filles que nous avions déjà doublés deux fois mais qui nous reprenaient au ravitaillement car seulement l’une d’elle récupérait du ravitot, il s’agit de la deuxième féminine qui est soutenue pour à une copine à elle, en fait tout un groupe de copines la soutiennent, nous les entendrons hurler à notre arrivée au pont, elles ont été recruté par nos chéries. Quelle ambiance mais je commence à voir des étoiles, Stéphane lui semble aller de mieux en mieux d’un point de vue général le diesel se met en route. Je sers fort ma chérie dans mes bras, la croix rouge vient me demander si ça va, je leur indique que je suis juste fatigué ce qui est le cas.
Saint Etienne d’Issensac – Ravin des Arcs
Il n’y avait pas de ravitot au pont d’Issensac ce qui est bien dommage car ça fait déjà pas mal de kilomètres que nous avions quitté Brissac et le ravitot de Brissac était assez inutile car trop proche de Roc Blanc.
La nuit tombe on enfile les frontales et c’est parti à l’assaut de la combe pluvieuse sur le GR60. On recroise les copines de la deuxième féminine qui nous encouragent. La montée passe bien pour moi, je sais où l’on va, j’ai hâte d’arriver à Saint Martin, je me dis que c’est gagné si on arrive à Saint Martin, Stéphane me dit que rien n’est gagné, je doute et pourtant il a raison, la prochaine portion me l’apprendra. On quitte l’ouvrage d’art du GR60 de la combe en escaladant une paroi déjà que je trouve cette partie pas facile quand je suis en forme mais la avec 90km dans les jambes c’est plus que dur.
Il fait nuit noir maintenant et nous revoila dans la caillasse, j’ai parcouru ce chemin de nombreuses fois mais en pleine nuit je commence à avoir du mal à m’orienter. On entend des voix au loin, je dis à Stéphane que c’est un speaker ça doit venir de Saint Martin, mais nons la voix ce fait plus distincte et on reconnait le commentateur d’un match de foot. Et finalement on tombe sur le ravitaillement en pleine forêt. Finalement on ne descendra pas aux ravins des arcs car le niveau d’eau est trop important. Il y a ici une tente des chaises que nous squattons direct. Les bénévoles sont au petit soins c’est vraiment génial, encore une fois saucisson, fromage, tuc seront mes aliments, ça a bien marché jusqu’ici alors je continue, le sucré ne me fait pas du tout envie.
Ravin des Arcs – Saint Martin de Londres
On repart, bien décidé à retrouver nos chéries et passer les 100km. On descend donc jusqu’au Lamalou et nous traversons la passerelle bien éclairée pour l’occasion, c’est joli. Puis nous remontons derrière Saint Martin, d’abord par le GR60 puis par un PR. La montée est difficile car une fois de plus c’est de la grosse caillasse et les réflexe ne sont plus la. Une fois la montée passée nous arrivons sur la piste normalement on devrait voir roc blanc sur notre droite mais dans la nuit impossible. Devant nous un autre coureur, nous sentons quelques gouttes, Stéphane voit le coureur à une centaine de metres sortir sont équipement de pluie et se prendre une grosse drache. Il m’ordonne de faire de même sans trainer, je m’execute sans réfléchir et la veste et le pantalon à peine enfilé c’est le déluge. Ouf, enfin presque le moral est entrain de péter, la course était suffisamment dur comme ça.
Je commence à râler à pester : “fais chier !!!”, on arrive à la route et au lieu de prendre à gauche pour aller directement sur Saint Martin on part à droite. Re un coup dur au moral, j’ai complètement craqué à ce moment, la pluie nous fouette le visage. Je me dis que merde Stéphane avait raison, ça n’est pas parce que l’on va atteindre Saint Martin que c’est gagné. J’ai envie de pleurer, d’être dans notre lit avec ma chérie, j’ai froid, mal partout je suis au fond du trou. Le terrain devient également de plus en plus dur avec toujours cette saloperie de caillasse, je suis au sec mais je ne suis plus étanche à rien, le moindre truc qui ne pas me plonge un peu plus dans l’abime. Je commence à dire à Stéphane que je ne suis pas sur d’arriver au bout, il me laisse parler pour que j’extériorise.
Intérieurement j’ai honte, si je lâche je lâche la course, je lâche Stéphane, je lâche ma chérie et Anne. Qu’est ce que je dirai à mon fils quand je lui raconterai cette course ? En plus je me dis que si je ne boucle pas cet ultra il faudra le refaire pour le boucler, il faudra en faire un dans un mois pour réparer cet échec. Stéphane lui pense que l’on doit d’abord bien se reposer à Saint Martin et après on verra, à ce moment précis je n’y crois plus. On se fait doubler à nouveau par la deuxième féminine qui rigole avec sa copine, dur pour nous qui en chions comme pas possible, les femmes sont vraiment faites pour l’ultra.
Mais nous arrivons enfin à Saint Martin, je vois Virginie, je m’écroule dans ses bras en pleure, je lui dis que je pense abandonner. Mais Anne n’est pas de cet avis, je cite :
“C’est mort les gars vous terminez !”
Les filles nous tirent dans la salle pour nous mettre au chaud.
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Une fois de plus la croix rouge vient me voir et me demande si ça va, il y a deux secouristes cette fois, je ne dois pas être beau à voir, je dis que ça va que j’ai besoin de me reposer. Virginie m’emmène dans une pièce au chaud, il y a des matelas. Je me déshabille presque entièrement, on me propose un massage j’accepte, ça me fait un bien fou.
Les bénévoles et les filles sont extraordinaires, le moral commence à revenir, je lâche un petit je vais finir.
Anne me rapporte une assiette de pâtes et une soupe, Virginie me masse les pieds avec de la crème Nok. On s’allonge avec Steph et on dort 15min. Les filles nous réveillent ensuite, on enfile du sec et notre armure. Le mental est de nouveau la, je vais finir cet ultra !!! Il reste 18km une broutille même si je sais qu’on doit en avoir pour 5h. La pluie a cessée et le ciel s’est dégagé. Nous avons passé 1h au ravitot.
Saint Martin de Londres – Cazevieille
Nous repartons en marchant mais à bonne vitesse, on sort vite de Saint Martin mais au lieu de prendre le GR60, on doit passer par des champs dans une boue bien collante … Et nous revoila dans le dur, c’est toujours du sadisme … Au Mas de Londres on se fait rattraper par la troisième féminine et son mari, il nous demande de prendre le relais et de rester avec elle. Mais elle ne semble pas d’accord et quelques centaines de mètres plus loin elle nous demande si ça nous dérange pas si elle court et s’éclipse dans la nuit. Nous on est cramé et on veut juste finir, on retrouve le GR60, je commence à m’endormir, Stéphane me voit zigzaguer à chaque fois que je m’endors, on s’arrête une première fois, je m’arrose le visage pour me réveiller, on repart. Dans la montée vers Cazevielle ça recommence et je commence à avoir quelques hallucinations, je vois d’abord un chien, c’est un rocher, puis une voiture, c’est en fait un arbre. Stéphane prend le relais et m’emmène sur Cazevieille.
Le sentier devient aérien et la pas question de s’endormir sinon je vais avoir plus que mal si je tombe. Nous arrivons sur Cazevielle le kangoo des filles est la mais elles dorment, les secouristes nous prennent en charge, encore des gens formidables, j’ai même le droit à un café. Virginie et Anne arrive, ma chérie me donne un isoxan actiflash pour réveiller et effectivement c’est tellement dégueulasse que ça me réveille bien.
Cazevieille – Saint Mathieu de Tréviers
Nous attaquons la dernière étape : une petite montée de 300 D+ et une grosse descente bien cassante. Je prends les choses en main, le sommeil me laisse tranquille pendant la montée et j’arrive à nous emmener jusqu’en haut. La descente est par contre moins savoureuse, le parcours a été emprunté par toutes les courses cet après midi et les roches sont recouvertes de boue et c’est donc très glissant. Pas question de se casser une patte à ce niveau, on se fera reprendre par 5 coureurs mais on s’en fout. Le soleil se lève pour la deuxième fois pendant la course, ça commence à sentir bon.
Arrivé au parking de Saint Mathieu j’appelle les filles qui nous attendant déjà sur l’arrivée. On arrive au village c’est dur, je me retourne de temps en temps et oui on est encore en course et j’ai pas envie de me faire reprendre sur la fin. La ligne est à portée de main tout est calme il est 6h30 du matin cela 27h qu’on est levé.
Les filles sont la, la ligne d’arrivée aussi, Stéphane m’attrape la main et on lève les bras en franchissant la ligne, je coupe le chrono, je ne réalise pas trop que c’est finit. Je tombe dans les bras de ma chérie, la je sais que c’est finit. On est fière de nous, de nos chéries. Pierre Toussaint nous félicite également.
Que c’était dur, une course hors norme, bien plus dur pour moi que la CCC. De la caillasse presque tout le temps qui demandait énormément de concentration.
Merci aux organisateurs, aux bénévoles vous avez été vous aussi hors normes. Merci aux amis pour leur soutient par texto et par internet.
Merci enfin à nos chéries sans qui on aurait pas bouclé cet ultra, quelle chance nous avons de vous avoir, l’an prochain c’est nous qui feront l’assistance.
Ma trace GPS : http://www.movescount.com/moves/move13807653, la Ambit a tenu sans problème il me restait 50% de batterie, bon la distance GPS était évidement fausse avec un point par minute sur 120km on arrive à 110km et 5000D+, je ferai un retour sur le matos après car il a fait également la différence.