Titre : Blake et Mortimer, T21 : Le serment des cinq lords
Scénariste : Yves Sente
Dessinateur : André Juillard
Parution : Novembre 2012
« Blake et Mortimer » est une série pour laquelle je ressens une réelle affection. Je l’ai découvert dans la bibliothèque parentale. J’ai toujours pris beaucoup de plaisir à me plonger dans les aventures des deux héros. Cet univers a survécu à son auteur grâce à des scénaristes tels que Jean Van Hamme ou Yves Sente. Cette deuxième vie a donné naissance à des opus globalement de bonne qualité. Beaucoup affirmeront que la magie de Jacobs a disparu avec sa mort. Personnellement, je trouve que ses successeurs offre une suite très honorables aux pérégrinations des deux britanniques. J’espérais donc que le dernier tome paru, « Le serment des cinq lords », confirme ce sentiment positif. Il est apparu dans les rayons le quinze novembre dernier. Il est l’œuvre conjointe d’Yves Sente et d’André Juillard.
L’histoire nous immerge dans les années cinquante à Oxford. De curieux vols ont lieu dans le musée local. Le mystère réside dans le fait que les objets dérobés n’ont pas de valeur particulière. Néanmoins, l’enquête de nos deux amis montre que tout cela semble être lié à une curieuse confrérie. De plus, tout le monde n’est pas forcément ce qu’il parait…
En naviguant sur la toile, je me suis rendu compte que cet album avait plutôt déçu les adeptes de la série. Il lui est reproché de présenter une trame prévisible et diluée. Même si cet épisode n’est pas le meilleur de la saga, je ne serai pas aussi dur que l’opinion générale. « Le serment des cinq lords » est proche d’un huis clôt situé à Oxford. L’intrigue se construit autour petit nombre de personnages dont on cherche à connaitre le rôle précis de chacun. L’ombre de Lawrence d’Arabie qui chaperonne la narration est sympathique. A la manière de « Les sept boules de cristal » dans Tintin, cet opus voit son histoire se construite au rythme des « accidents » vécus par des Lords unis dans le secret. Même si le fil conducteur est ainsi routinier, il n’en est pas désagréable pour autant.
Alors que Jacobs était une tombe quant au passé de ses deux héros. Sente avait déjà évoqué les amours de jeunesse de Mortimer dans un opus précédent. « Le serment des cinq lords » nous immerge dans la jeunesse de Blake. L’absence d’informations données par l’auteur original dans le domaine donne ainsi de réelles libertés à ses successeurs. Je ne suis pas forcément fan du processus parce que cela offre une facilité scénaristique pour faire un dénouement original et des rebondissements imprévus. D’ailleurs, cet album n’échappe pas à la règle et nous présente une fin assez magistrale au sens universitaire du terme. On pourrait reprocher à l’intrigue de posséder un petit chouia en trop sur le plan des révélations sur la fin. C’est d’autant plus dommageable que beaucoup étaient prévisibles. Malgré tout, la construction sérieuse de l’ensemble fait que j’ai suivi cette nouvelle enquête avec curiosité et plaisir.
Sur le plan du dessin, le style global de Jacobs est respecté. Rien d’avant-gardiste n’est à signaler. Que ce soit les personnages ou les décors, ils sont illustrés avec classicisme. Néanmoins, Juillard n’arrive pas tout à fait au niveau de l’auteur original. Les seconds plans sont, à mes yeux, moins travaillés, moins détaillés. De plus, les personnages s’avèrent moins expressifs. Certains gros plans sont assez décevants sur ce plan-là. Les couleurs sont l’œuvre de Madeleine Demille. Elles sont classiques mais habillent parfaitement une lecture agréable.
En conclusion, « Le serment des cinq lords » est un ouvrage sérieux et solide. Aucun aspect n’est bâclé. Ce n’est pas négligeable. La découverte de l’histoire est agréable. Malgré tout, à aucun moment, on est habité par une curiosité intense comme cela avait pu être le cas dans d’autres épisodes. Je pense donc cet album trouvera complètement sa place dans la bibliothèque des adeptes du genre à défaut d’en être un des meilleurs crus. Mais tous les bouquins ne peuvent pas être cultes…
par Eric the Tiger
Note : 12/20