Magazine Amérique latine
Le corps de l'ex-dictateur Jorge Videla, mort vendredi dernier, a été mis à la disposition de sa famille pour sa sépulture dont il se murmure qu'elle pourrait s'effectuer dans le caveau que la famille possède au cimetière municipal de Mercedes (Province de Buenos Aires). Le corps du prisonnier a fait l'objet d'une autopsie pour connaître les causes (par ailleurs naturelles) du décès (il a succombé à des complications de fractures du bassin et des côtes qui se sont produites lorsque le vieil homme est tombé sous sa douche, cinq jours auparavant). Les analyses toxicologiques sont encore en cours (on cherche à savoir s'il y a eu un problème avec des médicaments ou une autre cause à ce décès). Pour ces raisons procédurales, la famille n'est pas autorisée à faire incinérer le corps comme elle en aurait eu originellement l'intention, sans doute pour les mêmes raisons que celles qui ont conduit la famille Pinochet à agir ainsi avec les restes du dictateur chilien (ne pas laisser de tombe qui pourrait être profanée par l'opposition).
La municipalité de Mercedes a réagi en disposant à l'entrée du cimetière de grands panneaux rappelant l'histoire des disparus originaires de la ville. La mairie n'ayant pas le droit de s'opposer à l'inhumation, elle s'est ainsi arrangée pour que le cortège ne puisse pas ignorer la condamnation politique de Videla. La réaction est d'autant plus forte que Videla est mort sans révéler ce qu'on attendait de lui (mais qu'il ignorait peut-être), à savoir ce qui s'est passé concrètement pour les disparus dont les restes n'ont toujours été ni identifiés ni localisés
En 1998, le conseil municipal de Mercedes, où vivait encore sa sœur, avait déclaré l'ancien dictateur, grâcié par le président Carlos Menem, persona non grata sur le territoire communal et on ne se souvient guère qu'il ait foulé le sol de sa ville natale. Pour aller plus loin : lire l'article de la Une de Página/12