Valeria Bruni-Tedeschi n’est pas que la soeur de Carla. C’est également une actrice et réalisatrice de talent qui peut se targuer d’être la seule femme sélectionnée en compétition officielle cette année à Cannes avec son film Un château en Italie.
Valeria, dans vos propres films vos personnages sont assez lunaires, maladroits, foufous. S’agit-il d’un personnage de fiction ou est-ce votre personnalité projetée dans vos rôles?
Je suis moi-même assez maladroite mais je pense aussi que j’ai le goût pour le déséquilibre. Pour anecdote, j’avais suivi quelques cours de théâtre chez Lecoq et un jour, on devait simplement se tenir sur nos deux pieds, il ne se passait rien et on nous demandait de nous mettre sur un pied. C’est là que j’ai compris que le déséquilibre donnait des choses intéressantes.
Le rapport à la foi et à la religion sont particuliers dans Un château en Italie?
Ce qu’on a essayé de raconter, c’est ce rapport différent de la mère et de Louise autour de la foi. La mère est à l’intérieur de la foi. Louise, elle, avait eu la foi petite et l’a perdue mais elle reste en pérophérie de la foi, elle essaie d’ouvrir des portes mais reste à l’extérieur, elle frôle la foi. On voulait parler de quelqu’un qui se cognait autour de cette maison qu’est la foi.
Comment s’est construit le film?
Souvent le désir d’un film part d’une scène. Ici, j’avais en tête une dispute entre un couple. Ils s’engueulent pendant 3 pages et en fait, c’était la scène de la fécondation in vitro, l’homme ne veut plus y avoir recours lorsqu’ils sont en route vers la clinique. Après j’en parle à Noemie Lvovsky et Agnès de Sacy (nldr, les co-scénariste). Ensuite, il y avait ce château, très inspirant cinématographiquement. Tout ça, je l’avais imaginé. Ca commence par des images. Nous on fait le film à l’envers, on écrit des scènes et on essaie de mettre ça en place. C’est un gros travail qui nous prend beaucoup plus de temps que la normale parce qu’il faut construire le récit au départ de scènes séparées.
Comment avez-vous fait pour diriger votre maman?
Je dirige ma mère comme une actrice parce que c’est une grande actrice. Je suis parfois plus sévère avec elle. J’ai toujours pensé que beaucoup de travail l’aiderait à traverser ce film sans trop de douleur. Elle a fait plein d’essais, des répétitions, elle a aidé à décorer le château, elle était sur le montage. Il y a aussi beaucoup de rôles de gens qui n’ont jamais joué et qui jouaient plus ou moins leur propre rôle. Mais même si l’infirmière est une infirmière, le maire est vraiment le maire de Saint-Denis et ainsi de suite, ils jouaient quand même un personnage, c’était une autre planète.
Considérez-vous le cinéma comme une thérapie?
Le travail est une thérapie, je dors mieux quand j’ai l’impression d’avoir fait mon travail dans la journée. Je me sens libre alors que dans la vie j’ai habituellement très peur. Ca m’aide à vivre mais je ne le confonds pas avec la psychalnalyse qui est un travail très différent. Je trouve ça très dangereux de les confondre.