Il y a ce chevauchement, expliquent les auteurs, sur plusieurs plans, linguistique, comportemental et neuronal. Si de précédentes études ont montré qu’un analgésique, l’acétaminophène (Tylenol) agit indirectement par l’intermédiaire des récepteurs cannabinoïdes et réduit la douleur sociale, aide à gérer la détresse ou l’anxiété et apaise la douleur émotionnelle, aucune étude n’avait encore examiné si d’autres médicaments ou substances qui agissent sur les récepteurs similaires, telles que la marijuana, sont capables de réduire aussi la douleur sociale. Une autre étude récente attribue au cannabis un effet de réaction émotionnelle à la douleur mais d’une manière très variable selon le patient.
Sur les données de grandes enquêtes, soit 4 échantillons représentant au total plus de 7.000 participants, les auteurs montrent que la consommation régulière de marijuana protège contre les conséquences négatives associées à la solitude et à l’exclusion sociale.
· La première étude qui a porté sur les données de la National Comorbidity Study constate que consommer régulièrement de la marijuana lorsqu’on s’auto-déclare « solitaire » est associé à un meilleur état de santé mentale et une estime de soi plus élevée.
· La seconde analyse des mêmes données constate que les usagers de marijuana qui déclarent avoir ressenti une douleur ou une exclusion sociale sont moins susceptibles de connaître un épisode dépressif.
· La troisième étude menée sur des lycéens et le sentiment de solitude, montre que la consommation de marijuana « prédit » des niveaux moindres de dépression chez les étudiants solitaires.
· Une 4ème expérience, qui a simulé l’exclusion sociale avec un jeu sur ordinateur appelé Cyberball programmé pour que les participants se sentent exclus montre que les usagers de marijuana accusent une diminution bien plus faible de leur estime de soi.
La marijuana apaise la douleur sociale comme physique : En parvenant à reproduire ces résultats à travers plusieurs types d’expériences, avec plusieurs méthodes et sur différents groupes de population, les chercheurs suggèrent que la consommation de marijuana apaise la douleur sociale comme physique. Ils font également l’analyse qu’éviter la douleur sociale en « fumant » n’est pas sans rappeler la prise de médicaments anti-acide pour soulager les douleurs d’estomac, plutôt que de faire face aux causes profondes de ces douleurs d’estomac, comme le stress ou l’obésité.
« Cela pourrait refléter une incapacité à faire face mais aussi expliquer l’attrait universel de la marijuana », concluent les auteurs.
Source: Social Psychological and Personality Science May 14, 2013, doi: 10.1177/1948550613488949Can Marijuana Reduce Social Pain?
STRESS, ANXIÉTÉ: Le paracétamol peut-il aussi soulager la douleur émotionnelle? -