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Daft Punk – Random Access Memories

Publié le 21 mai 2013 par Wtfru @romain_wtfru

daft punk(Columbia)

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De mémoire d’Internet et de réseaux sociaux, jamais un album n’avait autant fait parler de lui avant sa publication. Sans doute parce qu’aucun autre groupe que Daft Punk ne peut se targuer aujourd’hui de toucher toutes les sphères des goûts musicaux. Du hipster chiant qui voit dans le duo son seul écart de conduite dans le mainstream, de l’auditeur de Fun Radio qui se sent naïvement un peu « in » pour le coup, en passant par le fan de rap ou de rock qui aime quand même bien ces gars là qui explosent les barrières.
Et on va pas se mentir, on a fait comme tout le monde et on en a parlé à outrance. Il faut dire qu’on attendait un nouveau vrai disque depuis 2005 et l’affreux Human After All -en ne comptant pas l’album live qui avait redoré le blason des mecs et la B.O de Tron- et qu’en cette mort imminente de la musique sur support physique, seul eux peuvent, une dernière fois, vendre des millions ailleurs que sur ITunes.

Et ils le savent. Ils savent très bien le pouvoir médiatique qu’ils ont, jouant une fois de plus la carte énigmatique en semant ici et là quelques informations. On a d’abord eu la nouvelle sur le changement de maison de disque avec ce départ pour Columbia l’année de ses 125 ans. Puis une photo avec deux casques imbriqués l’un dans l’autre, puis un titre, puis une tracklist sans les noms des tracks, puis 30 secondes d’extrait dans le Saturday Night Live, puis une news comme quoi l’album serait en avant-première dans un festival fermier en Australie.
Tout le reste, c’est nous tous qu’ils l’avons alimenté, crée, fantasmé avec nos cerveaux et nos petits doigts. Et c’est ça le génie marketing du duo, avec ce qui ressemble à la plus grande promo de l’ère moderne. Mais c’est aussi ça le melon de ouf de Daft Punk.

Si la stratégie s’avère payante au départ, elle est aussi très dangereuse une fois les choses sérieuses en place. Déjà parce qu’avec un tel tapage, l’erreur est interdite et autre chose qu’un album parfait est inenvisageable pour le commun des mortels. Mais aussi car on peut très vite atteindre un sentiment de gavage ou de disparition d’adrénaline.
L’exemple est implacable avec le premier single, Get Lucky. Lorsque le groupe lâche 30 secondes du titre en vidéo avec Pharrell et Nile Rodgers, on est comme des fous à attendre la version finale. Et une fois la version en main, on l’écoute avec plaisir mais un sentiment disparait. Un peu comme une nana qui finit dans notre lit. Ce qui faisait la magie de la drague jusque là est parti à tout jamais et y’a quelque chose en moins du coup.
La track est juste parfaite en premier single, en tube de l’été, de l’année, tout ce qu’on veut. Rien de trop exceptionnel, de trop novateur certes mais pour un retour, ça pose les bases juste comme il faut. Tout le monde y trouve son compte, les radios, les télés, les sites spécialisés, etc etc.
Bon, faut aussi souligner que le titre repose sur Pharrell et renvoie surtout à NERD hein, mais bon, passons.

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Daft Punk – Get Lucky (feat. Pharrell Williams & Nile Rodgers) (album version)

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L’apparition de « collaborateurs » et de featuring connus est d’ailleurs la grosse nouveauté de Random Access Memories. En s’offrant les services de Pharrell, Rodgers, Julian Casablancas, Giorgio Moroder, Gonzales, Paul Williams, Todd Edwards et Panda Bear, Daft Punk frappe fort et provoque des pertes urinaires dans tous les sous vêtements des membres de Pitchfork.
Mais à l’écoute de RAM, on se dit que, finalement, outre l’impact sur le papier et la curiosité supplémentaire que cela entraine, heureusement qu’ils sont là.
En grossissant un peu le trait, le constat est simple: quand les deux robots sont seuls, les titres sont mauvais ou anecdotiques. The Game of Love nous fait chier à souhait, Beyond ne sert à rien et Motherboard c’est de la branlette auditive que vont adorer tous les faux spécialistes.

Et en parlant de branlette, il faut se rendre à l’évidence sur ce disque: les gars ont une énorme estime d’eux même. Alors oui, la populasse crie au scandale « c’est pas assez Daft Punk », « c’est pas assez dansant », « c’est pas pour la radio ouin ouin! » et ces gens méritent tous des tartines dans leur tronche de con. Depuis quand la musique s’est fait pour danser ?! Et surtout, depuis quand Daft Punk est une usine à hit pour la radio ? Ok, Da Funk, Around the World, One More Time, Robot Rock mais TOUTE leur discographie est loin de reposer sur ce principe, très loin.
Mais faut pas se mentir, la volonté ici de prendre les gens à contre pied en évitant autant que possible de faire dans le tube potentiel, c’est juste pour faire les malins.
On aurait pu saluer la prise de risque pour le côté commercial du groupe et de la maison de disque mais au final c’est quelque peu irritant puisque c’est évident qu’il s’agit justement d’un fond de commerce ici (vous z’avez saisi ?).

Le pire c’est que ça marche puisque de l’autre côté de la berge, loin des chouineurs qui regrettent les passages Fun Radio, il y a une grande troupe qui crie au chef d’oeuvre. Non les gars.
Alors est-ce que c’est parce que vous ne voulez pas vous rendre à l’évidence et que vous voulez défendre coûte que coûte la prise de risque pour vous distinguer de l’auditeur lambda ? Au final, ça vous rend autant impersonnel hein.
Faut arrêter de se toucher sur tout ce que font Bangalter et Guy-Man, ce ne sont absolument pas des musiciens de génies incroyables. Juste des mecs qui ont un gros background musical leur permettant de toucher au but et au beau par moment, et c’est le cas encore sur ce disque.

Il y a Giorgio by Moroder qui est un très bon morceau même si surtout pompeux à souhait. Déclarer qu’ils ont produit ça avec trois micros de trois époques différentes pour l’interview de Moroder, c’est quoi mis à part du personnal branling ?
On les remerciera quand même pour avoir permis à Julian Casablancas de sortir le morceau dont il a toujours rêvé avec Instant Crush, qui serait le meilleur titre des Strokes depuis dix piges facile.
On apprécie également les deux derniers morceaux, Doin’ It Right et Contact, les seuls à vraiment sortir des sentiers battus et qui permettent de toucher à quelque chose d’inconnu jusqu’ici. De la musique un peu abstraite, bordélique sur laquelle le groupe aurait largement plus dû miser s’il avait voulu vraiment se démarquer de la masse. Là il y a vraiment aucune facilité comme on peut trop en voir durant l’heure précédente et de la prise de risque comme on l’aime.
Mais le vrai chef d’oeuvre ici, c’est Touch. Une odyssée parfaite de huit minutes, peut être le meilleur morceau de leur carrière et sans doute un futur classique des années 2010. C’est comme ça qu’on aime Daft Punk. Pas besoin de « danser », pas besoin d’en faire des tonnes. Un peu d’amour suffit.

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Daft Punk – Touch (feat. Paul Williams)

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Daft Punk – Instant Crush (feat. Julian Casablancas)

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Un morceau grandiose, quatre à cinq bons voire très bons titres, la donne est quand même pas mauvaise au final. On est sur un ratio typiquement classique de Daft Punk en fait. En essayant de faire autre chose, le duo n’a rien fait de mieux que de faire comme d’habitude. Etre irréguliers mais forts, être inaccessibles en usant de facilités, être ambitieux en étant maladroits. C’est comme ça qu’on les a aimé finalement donc il n’y a aucune raison que ça change.
Mais soyons totalement honnêtes, si il n’y avait pas inscrit le nom du duo parisien sur la cover, cet album n’aurait absolument pas le même traitement de faveur médiatique

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Daft Punk – Contact (feat. DJ Falcon)

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3.5

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Tracklist:
1. Give Life Back to Music (feat. Nile Rodgers) 4:30
2. The Game of Love 5:21
3. Giorgio by Moroder (feat. Giorgio Moroder) 9:01
4. Within (feat. Gonzales) 3:45
5. Instant Crush (feat. Julian Casablancas) 5:33
6. Lose Yourself to Dance (feat. Pharrell Williams & Nile Rodgers) 5:50
7. Touch (feat. Paul Williams) 8:17
8. Get Lucky (feat. Pharrell Williams & Nile Rodgers) 6:06
9. Beyond 4:48
10. Motherboard 5:40
11. Fragments of Time (feat. Todd Edwards) 4:37
12. Doin' It Right (feat. Panda Bear) 4:10
13. Contact (feat. DJ Falcon) 6:19

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