Marie-Antoinette à la folie !

Par Laurent Ballestra

Son existence romanesque et sa fin tragique font d’elle une légende toujours au zénith. A côté de ce destin royal, elle fut aussi une femme de mode et de beauté. Le Grand Palais lui consacre une exposition jusqu’au 30 juin, l’occasion de célébrer la splendeur et l’élégance de la reine de France... Celle qui fut la dernière reine de France fut aussi la plus controversée et la plus détestée. À tort et à raison. Durant les deux siècles précédents, son souvenir fut ponctué de bas et de hauts, mais le XXIe, lui, marque un retour en grâce qui frise l’idolâtrie, en France comme à l’étranger.
Marie-Antoinette superstar ou la revanche d’une reine… Livres, essais, films se succèdent et, surtout, le Grand Palais, à Paris, va accueillir la première grande exposition autour de la dame*.
Les raisons de ce culte ? En accédant au trône de France, elle succède à une série d’épouses royales sans grand relief et de favorites très relevées, au contraire. Elle incarne véritablement la monarchie, mais se conduit aussi en favorite. Sans rivale, elle apparaît comme l’égérie absolue et focalise sur elle tous les regards et tous les commentaires. Rumeurs, vraies et fausses, courent la France et ne sont pas encore éteintes aujourd’hui. Sa frivolité légendaire ne l’est pas tout à fait: elle a bel et bien la passion des « atours », c’est à dire de la mode.
Première fashion victim de l’histoire, la souveraine vit sous l’influence de Rose Bertin, sa couturière, qui suggère à sa royale cliente les tons pastel, les motifs de bouquet, les étoffes légères, le coton, le calicot, le linon, la mousseline.
Presque une révolution… En tout cas, il s’agit de « changements frivoles qui ont une résonance politique car ils dérangent les codes institués », explique Élisabeth de Feydau, auteur de « Jean-Louis Fargeon, parfumeur de Marie-Antoinette ».

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Soucieuse de ses apparitions, la reine ne laisse rien au hasard. Léonard, son coiffeur attitré, réalise des prouesses qui étonnent encore par leur hauteur et leur complexité.
Les meilleurs fournisseurs (gantiers, parfumeurs, joailliers) se pressent à Versailles afin de la servir. La reine est – déjà ! – une image qui fait vendre. C’est aussi dans la culture du divertissement et le goût de l’intimité, aux antipodes de la pesante étiquette, que la sentimentale souveraine peut surprendre. Tout lui sera reproché et elle paiera, d’un prix terrible, le fait d’avoir rejeté les servitudes de sa fonction. Mais comme le dit joliment l’historienne Évelyne Lever, « avec Marie-Antoinette, il est rare que le charme ne passe pas ». Aujourd’hui, en tout cas.


*Exposition Marie-Antoinette, Galeries nationales du Grand Palais,
du 15 mars au 30 juin.
Réservation conseillée : rmn ou ticketnet
Tél. : 0 892 390 100.
Par Jean-Luc Suchet
Photos : D.R.