Parlons d’un quasi-oubli. La semaine prochaine, l’Agence Spatiale Canadienne (CSA – ASC) lancera le premier satellite au monde dédié à la chasse aux astéroïdes – juste après l’un des derniers évènements spatiaux : un météore qui a explosé et surpris la Russie le 15 février 2013.Le télescope canadien est en construction depuis déjà plusieurs années, c’est donc par pur hasard qu’il s’envolera dans la foulée de ce grand évènement. Mais le météore, jumelé à une étroite surveillance de l’astéroïde 2012 DA14 le même jour, a aiguisé l’appétit du gouvernement et des philanthropes du secteur privé passionnés de roches.
« Ce fut tout à fait une coïncidence, mais aussi un réveil, d’avoir ces deux évènements ‘astéroïdiens’ côte-à-côte », a expliqué Peter Diamandis, co-fondateur de l’entreprise commerciale des Ressources Planétaires en exploitation minière des astéroïdes.
Le météore qui explosa au-dessus de la Russie devait probablement avoir une envergure d’environ 17 mètres de large, ce qui en fait le plus grand objet qui est entré dans l’atmosphère terrestre depuis 1908. Il a provoqué une explosion de 470 kilotonnes, avec une onde puissante qui a détruit tout ce qui était en verre sur une longue distance, endommageant 3000 bâtiments et blessant près de 1500 personnes dans la région de Tcheliabinsk.
Des chercheurs de l’Université d’État Oural à Ekaterinbourg disent avoir récupéré des fragments de météorite dans le lac Chebarkul et déterminé que ce sont des chondrites ordinaires. Même si c’est le type le plus commun de roche dans l’espace (87% des observations), de telles météorites ressemblent beaucoup à des roches terrestres, de sorte qu’elles restent difficiles à reconnaître et rarement collectées. La météorite Chebarkul, si elle est authentifiée, sera un ajout pratique au catalogue scientifique (voir ‘exploitation Minière des météorites pour l’Histoire de la Terre’).
Pendant ce temps, un autre de 45 mètres de large, le fameux 2012 DA14 aurait pu avoir causé une destruction encore plus grande, car il ne se serait pas désintégré au-dessus de la surface terrestre. Alors, comment avons-nous différencié un astéroïde visible inoffensif en approche et raté un autre qui a occasionné des ravages ?
Les astronomes pensent avoir identifié plus de 90% des astéroïdes véritablement dévastateurs parmi ceux dont la taille est identique à celui qui a tué les dinosaures. Nous ne savons rien de la plupart des roches plus petites qui sont capables de démolir des villes (voir graphique).
Heureusement, le Canada’s Near-Earth Object Surveillance Satellite (Satellite de Surveillance des Objets Géo-Croiseurs du Canada), ou NEOSSat, devrait commencer à combler ces lacunes lors de son lancement le 25 février, a dit Denis Laurin, de l’ASC.
De la taille d’une valise, la position haute du NEOSSat dans l’espace devrait lui permettre de repérer les astéroïdes se dirigeant vers nous pendant la journée, alors qu’ils seront occultés le reste du temps dans la lumière du soleil. Cela comble l’angle mort des observatoires terrestres.
Le météore russe était arrivée durant la journée, mais il était trop petit pour que NEOSSat puisse le détecter, a souligné Laurin. Au lieu de cela, le satellite va rechercher et cataloguer les milliers d’astéroïdes de plus de 500 mètres que nous paraissent inaperçu ou que nous n’avons pas relevé.
Une future série de télescopes aura des systèmes de propulsion, si bien qu’ils pourraient même être capable de détourner des roches de notre chemin. Planetary Resources fera cela gratuitement. « Nous n’allons pas faire de l’extorsion de fonds pour protéger la Terre », a évoqué Diamandis.
La Fondation à but non lucratif B612 Foundation, basée en Californie, collecte actuellement des fonds pour son télescope spatial Sentinel, qui doit être lancé en 2018. Il est prévu de cartographier plus de 90% des astéroïdes de plus de 100 mètres et plus de 50% de ceux similaires à DA14 2012. La mission devrait même être en mesure de repérer un bon nombre d’objets de taille proche à la météorite russe, a souligné le président Ed Lu.
Comme Planetary Resources, B612 Foundation a connu une vague d’intérêts et une hausse des dons depuis l’explosion russe. « Dans un certain sens, ce fut un grand avertissement, parce qu’il n’y a eu que des blessés, ce n’était pas si mauvais que ça », a annoncé Lu.
Un astéroïde assez grand pour raser une ville doit frapper la Terre une fois tous les 2000 ans, mais les chances de frapper effectivement une ville sont statistiquement très petites. Pourtant, un tel évènement doit être facile à prédire et prévenir avec la technologie actuelle, a-t-il souligné. « Je me sens un peu comme les gens de la Nouvelle-Orléans qui disaient que des cotisations devraient être mises en place avant Katrina », a exprimé tristement Lu. « Après Katrina, tout le monde a réalisé que cette voie aurait peut-être dû être écoutée ».
Cet article est paru sous forme imprimée À-la-Une avec pour titre original : « Asteroid sentinels to stand guard in sky » ou « Des sentinelles d’astéroïdes pour monter la garde dans le ciel ».
Exploitation Minière des météorites pour l’Histoire de la Terre
Saviez-vous qu’une fois qu’elles se sont écrasées sur Terre, les météorites passent du statut de menace à généreuse offrande scientifique. « Ils ont en main des échantillons des blocs de construction originaux de notre planète », a expliqué William Bottke du Southwest Research Institute à Boulder, dans le Colorado.
Pendant que les informations faisaient état du météore russe, Sam Kounaves, de l’Université Tufts à Medford dans le Massachusetts, allait présenter l’analyse d’une météorite martienne recueillie en 1979. Cette roche spatiale de la surface de Mars est truffée de produits chimiques liés à l’eau de javel domestique, a dit Kounaves, qui a parlé le 15 février lors d’une réunion scientifique à Boston. La découverte augmente les chances que le carbone portant des composés appelés composés organiques – des indicateurs forts de la vie – pourrait avoir été ventilées par produits chimiques réactifs, et suggérerait que nous devons creuser plus profondément pour rechercher des traces de vie passée sur Mars.
Une autre roche de l’espace, tombée dans le nord de la Californie en 2012, a mis en exergue la théorie que les astéroïdes ont livrée des particules organiques sur Terre et dans d’autres mondes. Des données vidéos, photos et radars ont permis aux scientifiques de reconstituer sa trajectoire, leur laissant observer rapidement de nouveaux fragments qui se sont avérés être curieusement faible en matières organiques.
Une météorite qui a été suivie jusqu’à son atterrissage au Soudan en 2008 s’est avérée être un astéroïde qui avait partiellement fondu, comme une planète. Maintenant, les scientifiques seront désireux d’obtenir des résultats de la météorite russe, pour voir quels secrets du système solaire, elle pourrait révéler.
Citations de NewScientist