La valise méxicaine, exposition de photographies sur la guerre d'Espagne au Majh

21 mai 2013

En 1939, Robert Capa, qui sera le co-fondateur après la guerre de l’Agence Magnum, quitte la France pour les Etats-Unis en laissant derrière lui des boîtes de négatifs de la Guerre d’Espagne. Un ami les emmène en vélo jusqu’à Bordeaux,  demande à un Chilien de les déposer à son consulat … puis on perd la trace de ces documents. Jusqu’à ce que ces négatifs soient retrouvés en 2007 chez un ancien ambassadeur du Mexique à Vichy en 1941-42, le général Francisco Aguilar Gonzalez.

Après plus de soixante-dix années de pérégrinations,  la « valise », composée en fait de trois boîtes de rouleaux de pellicule soigneusement classés, révèle son extraordinaire contenu : près de 4500 négatifs d’images de la guerre civile espagnole, prises entre 1936 et 1939 par Robert Capa, sa compagne Gerda Taro et par David Seymour, dit Chim. Des documents en très bon état de conservation et, pour une large part, totalement inédits, déployant le panorama d’un conflit qui a changé le cours de l’histoire européenne. On y trouve également les images du photographe et ami Fred Stein représentant Taro – des images exclusivement des Républicains : la messe en plein-air des combattants basques, les dinamiteros des Asturies, les ruines de Madrid, l’entraînement de la nouvelle armée du peuple, les souffrances des civils, des enfants, le front, les réfugiés à Barcelone, les camps d’internement français ....

Ces  clichés racontent aussi l’histoire de ces trois célèbres photographes juifs, totalement investis dans la cause républicaine, qui, au prix de risques considérables, ont jeté les bases de la photographie de guerre actuelle et donné ses lettres de noblesse au photoreportage engagé.

Donc, pour les amateurs d’histoire, des documents extraordinaires, mais comme les images sont présentées sous forme de planches-contact à peine agrandies, et ce malgré les « loupes » fournies, une grande difficulté de lecture. Heureusement, les clichés les plus significatifs ont fait l’objet de tirages accessibles.

Autre vision intéressante : les parutions en double page dans les journaux de propagande communistes comme « Regards », avec la mise en page de l’époque et la reprise des images les plus significatives.

Des témoignages de guerre sans merci puisque la belle Gerda Taro, compagne de Robert Capa, est la première femme photographe à trouver la mort lors d’un reportage de guerre, en 1937 à Brunete.

Une vision très actuelle aussi : on ne peut s’empêcher de penser à la Syrie …

Au Musée d’art et d’histoire du judaïsme - 71 Rue du Temple  - 75003 Paris -  Jusqu’au 30 juin, tous les jours sauf le samedi.