L’administration Obama est rattrapée par les scandales : entre des organisations conservatrices ciblées par l’IRS (le fisc américain), des journalistes espionnés et un échec flagrant lors de l’attaque de l’ambassade de Benghazi, le Président peine à maintenir son image de président irréprochable.
Par Emmanuel Arthault, pour le Bulletin d'Amérique.
Un fisc inquisiteur
Au début du mois de mai, la justice américaine a annoncé l’ouverture d’une enquête après que l’Internal Revenue Service (IRS, le fisc américain) ait reconnu avoir ciblé près de 80 groupes de pression conservateurs, considérés comme appartenant au mouvement Tea Party. Leur demande du statut "501(C)4", qui accorde un régime fiscal de non imposition aux ONG ou aux Églises, ont fait l’objet d’un examen pour le moins scrupuleux. Pire, les organisations dont le nom comportait le mot «patriote» étaient particulièrement visées.
Barack Obama a qualifié cet acte de «scandaleux». L’IRS est officiellement un organisme indépendant. Mais les conservateurs n’en démordent pas : pour certains, Obama mène continuellement campagne pour les discréditer. Or, « quand les bureaucrates voient le chef [de l'exécutif] agir ainsi, cela ne devrait pas nous choquer de les voir faire de même. Cela semble avoir été ce qui s’est passé. » Cette affaire révélerait donc pour certains la nature même de l’administration Obama et, pour d’autres, la logique même du Big Government — de l’État omnipotent, qui tend constamment vers davantage d’intervention.
Des journalistes espionnés
Washington voulait contenir les fuites d’informations. Ainsi l'agence de presse américaine Associated Press a t-elle dénoncé une « intrusion massive et sans précédent » du département de la Justice. Celui-ci aurait saisi les relevés téléphoniques d’une vingtaine de journalistes de l’agence. La justice aurait pris cette décision après la publication d’une dépêche datant de mai 2012, dans laquelle l’agence révélait qu’une opération de la CIA au Yémen avait permis de déjouer un projet d’attentat d’Al-Qaïda visant à faire exploser une bombe à bord d’un avion à destination des États-Unis. La justice américaine aurait eu l’intention de traquer l’identité des informateurs.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a assuré que le président soutenait le premier amendement, garantissant la liberté d’expression, tout en soulignant qu’un « équilibre » était nécessaire avec l’impératif d’enquêter sur des pratiques criminelles. Les démocrates sont néanmoins sceptiques. Le sénateur Harry Reid a jugé cette procédure « inexcusable ». « Il n’y a aucun moyen de justifier [ce que le département de la justice a fait] », a-t-il ajouté.
Le drame de Benghazi
Le 11 septembre 2012, Christopher Stevens, l’ambassadeur américain en Libye, et trois diplomates étaient tués, à Benghazi. Hillary Clinton, alors Secrétaire d’État, avait minimisé cette attaque terroriste, un mois avant l’élection présidentielle.
Après de nombreuses auditions, les parlementaires républicains dénoncent des failles dans le dispositif de sécurité. La chaîne ABC a de surcroît révélé des courriels prouvant que l’Administration Obama était intervenue pour supprimer une référence à Al-Qaïda dans un mémo destiné à Susan Rice, ambassadrice à l’ONU, alors que celle-ci préparait un entretien à la télévision pour témoigner des débuts de l’enquête. Victoria Nuland, alors porte-parole du département d’État, s’était opposée à la divulgation d’informations de la CIA sur une menace islamiste dans l’est de la Libye : «car cela pourrait être utilisé par des membres du Congrès pour attaquer le département d’État en l’accusant d’avoir ignoré les mises en garde».
Pour Barack Obama lui-même, ces critiques relèvent d’une démarche « politique ». Pour l’instant, l’électorat semblerait se désintéresser de ces scandales. Selon un sondage de la chaîne CNN (de tendance progressiste), 53% des Américains seraient « satisfaits » de l’action du président. Mais les candidats démocrates aux élections de 2014 pour le Congrès sont nerveux : au niveau local, les choses pourraient être toutes autres, et la perspective d’une reconquête de la Chambre des représentants, aujourd’hui à majorité républicaine, semble s’éloigner.
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