Offrons-nous un temps d’arrêt pour nous délester de lourdeurs périmées. Disons adieu à ce qui est révolu, poussiéreux, pourri. Créons de l’espace dans nos possibilités. Et donnons aux bourgeons de notre sensibilité la permission d’étaler leurs pétales de velours. Partout. Tout autour.
Ô roses! De toutes les floralies, vous êtes les reines chéries.
Depuis ma naissance, je vous porte en adoration. C’est que ma mère, au prénom en forme de rose sauvage, encouragea très tôt mon fort penchant pour les mots et leurs contenants. Et tout ce qui me permet de vous honorer ici, maintenant.
Jolies coquines, vous avez compris la magie de la vie en vous couvrant d’épines. Délicates à vos heures, vous savez aussi nous tirer quelques pleurs. Et nous rappeler que chaque moment contient sa part de bonheur et de douleur. Tout cela dans une fleur…
Ô roses! Que votre parfum soit une douce apothéose!
Extirpez-nous du tourbillon de nos obligations! Montrez-nous comment une fantaisie peut assouvir nos envies. Comment une bagatelle peut éblouir nos prunelles. Comment une fragrance peut réjouir nos consciences.
Mais pourquoi donc cet emballement soudain, alors que mai n’est pas encore éteint? Pour vous rappeler qu’après d’intenses activités, de profondes réflexions et d’exigeantes corvées, vient le temps de la gratifiante relaxation. Si vous le voulez bien, ce moment de douceur n’est pas très loin…
Ô roses! Venez de vos effluves nous envelopper d’amour!
Hummm… Comme c’est bon. Quel arôme! Nous voici à la maison. Prenons de lentes respirations. Apprécions la joie d’être en vie. Dégustons les moments de répit. Et contemplons la nature qui étale ses fabuleux atours avec une totale désinvolture.
De tous les festivals qui garniront bientôt notre carnet de bal estival, il en est un absolument génial. C’est celui de nos sens.
Des pupilles pour admirer le vert tendre des érables. Des oreilles pour écouter les gazouillis du cardinal. Des narines pour humer l’herbe fraîchement coupée. Des papilles pour savourer les offrandes de la terre. Une peau pour absorber la divine énergie solaire.
Et, surtout, en ce printemps glorieux, un cœur pour appuyer sur pause. Le temps d’une rose…