Voyage d’étude en région, pas vraiment mais sincère envie de sortir de la capitale pour admirer les chefs d’œuvres du Louvre et du centre Pompidou sous d’autres cieux.
Vue de la galerie du Temps, @Louvre Lens
Tout ce qui est impossible au Louvre de Paris a été mis en place au Louvre de Lens qui a ouvert cet hiver. En effet, le palais du Louvre n’a pas été construit pour devenir un musée. Forteresse et résidence royale, son apparat et son enchevêtrement de pièces devait servir le pouvoir. Avoir une vision cohérente des collections du Louvre de Paris est donc réservée aux spécialistes ou aux visiteurs très assidus. Les tenants d’une muséographiethématique sont, il est vrai, moins à plaindre puisqu’il existe des salles qui par exemple regroupent les peintres de l’École du Nord ou bien encore les Primitifs italiens… et le classement des œuvres s’opère par départements en fonction du médium des œuvres. Au Louvre-Lens, l’architecture a été pensée pour accueillir des œuvres, c’est sa fonction première, ce qui change tout. La sobriété du lieu est telle qu’on l’oublie et l’on peut ainsi se concentrer sur les œuvres, qui sont ici les véritables stars. Les collections permanentes sont présentées dans un très long et unique espace rectangulaire appelé Galerie du Temps, sans dorure ni angelot au plafond. Sur les murs, de chaque côté, apparaît une chronologie donnant une idée de l’immensité historique des collections puisqu’elle s’étend de 3500 avant J.C. (invention de l’écriture) au XIXè siècle. Nous pouvons aisément imaginer le défi pour les conservateurs quant au choix des œuvres devant y figurer. Il est prévu que 20% des œuvres exposées soient renouvelées chaque année ce qui signifie qu’au bout de 5 ans l’ensemble des œuvres aura changé. Concernant la médiation, j’avoue ne pas être adepte des audio-guides mais, une fois n’est pas coutume, il faut bien avouer que j’ai été bluffée. Deux types de commentaires sont à votre disposition dans le même appareil, ceux des conservateurs ou des conférenciers ainsi qu'une vidéo montrant l’œuvre avec des gros plans (bien utile pour les grandes sculptures) et une explication plus synthétique. La qualité des images (HD et 3D) et la possibilité de faire une promenade virtuelle en plus de celle que l’on est effectivement en train de faire, qui aide beaucoup pour se repérer dans cet énorme espace, sont des atouts majeurs pour le visiteur.
Détail d’un dessin mural de Sol Lewitt
Autre grand musée ayant ouvert une nouvelle antenne en 2010, le Centre Pompidou-Metz. Là où le bâtiment conçu par l’agence Sanaa à Lens se fond parfaitement dans le paysage, celui de Shigeru Ban rappelle toutes ces grandes architectures, comme le Guggenheim à Bilbao par Frank Gehry, qui sont en soi des œuvres d’art. J’émets tout de même une réserve concernant le hall d’entrée, balayé par les vents et sans chauffage, il est impropre à l’accueil des visiteurs et encore plus au travail du personnel. Toutefois, cela n’altère en rien la grande qualité des expositions, d’ailleurs je vous recommande chaudement la visite de celle consacrée à Sol Lewitt (1928-2007) qui est une vraie merveille. Reprenons le credo de cet artiste américain connu pour ses dessins muraux : « Les idées ne peuvent être possédées. Elles appartiennent à quiconque les comprend. » Lié au courant de l’art conceptuel, Sol Lewitt élabore des plans de ces dessins qui sont ensuite réalisés par des dessinateurs, libres de les interpréter. Chaque individu va donc créer une œuvre différente. Laissez-vous prendre au jeu des lignes courbes ou orthogonales et de l’incroyable géométrie de ces décors géants. Notez le tour de force remarquable que représente la diversité des dessins, qui pourtant, ne sont qu’en noir et blanc. Une poésie émane de ces wall drawing qu’il m’est bien difficile de retranscrire ici, tout cela est d’une si grande beauté. J’ai été touchée par ces lignes si sensibles lorsqu’on les regarde de très près qu’elles trahissent la main de ceux et celles qui les ont réalisé De loin, ce sont quelques murs gris aux belles formes pleines ou creuses, de près une infinité de traits, témoignages de la présence humaine. L’essence de l’art est tout entier présent tant l’humain y affleure. Appréciez également les différents médiums à l’œuvre, encre de Chine, peinture acrylique, graphite ou bien encore pastel gras. C’est un régal de subtilité renforcé par la technique du lavis appliqué au chiffon. Ne repartez pas sans visionner le film qui montre les dizaines d’étudiants qui, pendant des semaines, ont réalisé ces dessins. D’échafaudages en bouts de scotch, servant à délimiter les formes, le processus de réalisation est tout aussi intéressant que son résultat.
Christelle.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
99 Rue Paul Bert – 62300 Lens
10h-18h tous les jours sauf le mardi
1 Parvis des droits de l’Homme – 57000 Metz
11h-18h tous les jours sauf mardi
Sol Lewitt, dessins muraux de 1968 à 2007
Jusqu’au 29 juillet
Voyage d’étude en région, pas vraiment mais sincère envie de sortir de la capitale pour admirer les chefs d’œuvres du Louvre et du centre Pompidou sous d’autres cieux.
Tout ce qui est impossible au Louvre de Paris a été mis en place au Louvre de Lens qui a ouvert cet hiver. En effet, le palais du Louvre n’a pas été construit pour devenir un musée. Forteresse et résidence royale, son apparat et son enchevêtrement de pièces devait servir le pouvoir. Avoir une vision cohérente des collections du Louvre de Paris est donc réservée aux spécialistes ou aux visiteurs très assidus. Les tenants d’une muséographiethématique sont, il est vrai, moins à plaindre puisqu’il existe des salles qui par exemple regroupent les peintres de l’École du Nord ou bien encore les Primitifs italiens… et le classement des œuvres s’opère par départements en fonction du médium des œuvres. Au Louvre Lens, l’architecture a été pensée pour accueillir des œuvres, c’est sa fonction première, ce qui change tout. La sobriété du lieu est telle qu’on l’oublie et l’on peut ainsi se concentrer sur les œuvres, qui sont ici les véritables stars. Les collections permanentes sont présentées dans un très long et unique espace rectangulaire appelé Galerie du Temps, sans dorure ni angelot au plafond. Sur les murs, de chaque côté, apparaît une chronologie donnant une idée de l’immensité historique des collections puisqu’elle s’étend de 3500 avant J.C. (invention de l’écriture) au XIXè siècle. Nous pouvons aisément imaginer le défi pour les conservateurs quant au choix des œuvres devant y figurer. Il est prévu que 20% des œuvres exposées soient renouvelées chaque année ce qui signifie qu’au bout de 5 ans l’ensemble des œuvres aura changé. Concernant la médiation, j’avoue ne pas être adepte des audio-guides mais, une fois n’est pas coutume, il faut bien avouer que j’ai été bluffée. Deux types de commentaires sont à votre disposition dans le même appareil, ceux des conservateurs ou des conférenciers ainsi qu'une vidéo montrant l’œuvre avec des gros plans (bien utile pour les grandes sculptures) et une explication plus synthétique. La qualité des images (HD et 3D) et la possibilité de faire une promenade virtuelle en plus de celle que l’on est effectivement en train de faire, qui aide beaucoup pour se repérer dans cet énorme espace, sont des atouts majeurs pour le visiteur.
Autre grand musée ayant ouvert une nouvelle antenne en 2010, le Centre Pompidou-Metz. Là où le bâtiment conçu par l’agence Sanaa à Lens se fond parfaitement dans le paysage, celui de Shigeru Ban rappelle toutes ces grandes architectures, comme le Guggenheim à Bilbao par Frank Gehry, qui sont en soi des œuvres d’art. J’émets tout de même une réserve concernant le hall d’entrée, balayé par les vents et sans chauffage, il est impropre à l’accueil des visiteurs et encore plus au travail du personnel. Toutefois, cela n’altère en rien la grande qualité des expositions, d’ailleurs je vous recommande chaudement la visite de celle consacrée à Sol Lewitt (1928-2007) qui est une vraie merveille. Reprenons le credo de cet artiste américain connu pour ses dessins muraux : « Les idées ne peuvent être possédées. Elles appartiennent à quiconque les comprend. » Lié au courant de l’art conceptuel, Sol Lewitt élabore des plans de ces dessins qui sont ensuite réalisés par des dessinateurs, libres de les interpréter. Chaque individu va donc créer une œuvre différente. Laissez-vous prendre au jeu des lignes courbes ou orthogonales et de l’incroyable géométrie de ces décors géants. Notez le tour de force remarquable que représente la diversité des dessins, qui pourtant, ne sont qu’en noir et blanc. Une poésie émane de ces wall drawing qu’il m’est bien difficile de retranscrire ici, tout cela est d’une si grande beauté. J’ai été touchée par ces lignes si sensibles lorsqu’on les regarde de très près qu’elles trahissent la main de ceux et celles qui les ont réalisé De loin, ce sont quelques murs gris aux belles formes pleines ou creuses, de près une infinité de traits, témoignages de la présence humaine. L’essence de l’art est tout entier présent tant l’humain y affleure. Appréciez également les différents médiums à l’œuvre, encre de Chine, peinture acrylique, graphite ou bien encore pastel gras. C’est un régal de subtilité renforcé par la technique du lavis appliqué au chiffon. Ne repartez pas sans visionner le film qui montre les dizaines d’étudiants qui, pendant des semaines, ont réalisé ces dessins. D’échafaudages en bouts de scotch, servant à délimiter les formes, le processus de réalisation est tout aussi intéressant que son résultat.
Louvre Lens
99 Rue Paul Bert – 62300 Lens
10h-18h tous les jours sauf le mardi
Centre Pompidou Metz
1 Parvis des droits de l’Homme – 57000 Metz
11h-18h tous les jours sauf mardi
Sol Lewitt, dessins muraux de 1968 à 2007
Jusqu’au 29 juillet