En ce lundi de Pentecôte, consacré aux petits vieux comme autrefois la vignette ;-), un petit retour au XVIIIe siècle. Merci à frère OS pour cette réjouissante anecdote qui élève notre niveau moral.... Et pour son commentaire final ....
O. Kempf
« Louis XVI ayant chargé Turgot de se concerter avec M. l’archevêque de Paris, sur le nombre et le choix des fêtes à supprimer, le vertueux Beaumont, pour faire sentir au ministre des finances, qu’un ministre des autels pouvait se connaître aussi bien que lui en vraie philanthropie, lui faisait des observations qui avaient la force de ce que l’on appelle un argument ad hominem ….
’’Je ne sache pas, monsieur, lui disait-il, que le peuple se soit jamais plaint lui-même des fêtes qu’il célèbre depuis tant de siècles, et que vous le plaignez de célébrer. Ces fêtes existaient quand Colbert portait nos manufactures au plus haut degré de prospérité, et rendait jaloux de l’industrie française les peuples voisins, sans en excepter ceux qui avaient secoué le joug des fêtes, en même temps que celui de l’église. Je sais monsieur, que vous aimez les pauvres : mais lorsque l’opulence vit dans les délices, et fait de tous les jours de l’année, autant de jours de repos, ces pauvres qui mangent le pain de la douleur, n’auraient-ils pas droit de rencontrer, de loin en loin, quelques uns de ces jours ? ’’ »
Résistance : Ce qui fait la modernité de la réponse de Monseigneur de Beaumont au ministre Turgot, c’est que l’argumentation du ministre, pétrie de la plus fine farine des Lumières et soutenu par les philosophes libéraux, est un humanisme déguisé,adultéré, qui ressemble au nôtre. L’archevêque de Paris, lui, sent déjà qu’un jour, la loi de la finance écrasera la loi des hommes.
OS