Mais quand les deux adolescents se laissent rattraper par leurs modèles, les nouveaux enjeux les dépassent. Piqués dans leur amour-propre, ils sont incapables de mettre le terme qui s'impose à leur entreprise. Le jeu s'annonce de plus en plus périlleux ; et risque bien de les mener à ce qu'ils redoutent par-dessus tout : devenir des adultes. (quatrième de couverture chez Stock)
Camille de Peretti, avec ce roman épistolaire, réussit le tour de force de nous faire ressentir des émotions comparables à celles éprouvées lors de la lecture des Liaisons dangereuses, un sentiment déroutant de fébrilité et de tension. Que va-t-il arriver aux personnages ? Vont-ils être démasqués, se perdre, souffrir, regretter ? Les innocents vont-ils passer au travers des odieux complots fomentés à leur insu ? La trame narrative suit celle du roman "maître" et j'ai retrouvé avec plaisir quelques moments similaires qui donnent à ce récit à plusieurs voix un charme désuet, tout en restant très inscrit dans une réelle modernité, celle bien particulière des grandes écoles et des études supérieures, celle aussi plus populaire des mails et des SMS, remplacant ici avantageusement les billets doux glissés dans les mancherons d'alors...
Un roman qui se dévore, et qui vient justement de sortir en version poche !! Vous allez adorer.
Un extrait : "LETTRE 113 - Jointe à la LETTRE 111 - Camille à Julien - A Saint-Cyr
Petit malin, si vous saviez à quel point votre dernière lettre m'a énervée. Sachez que je ne saurais être jalouse de votre Prude, non pas qu'elle soit niaise ou encore "mal mise" (la jolie formule pour qualifier son inégalable ploucquerie), mais elle m'a simplement déçue. Je m'attendais à une sensualité débordante, à une candeur digne de votre enthousiasme, je l'ai trouvée pâlotte et d'un mortel ennui. Vous vouliez mon avis, admirez ma franchise. Cela étant dit, tout est de ma faute, et il n'est pas de proie actuellement en rayonnage qui soit digne de vous. Quant à vos indécentes propositions à mon égard, je pense que nous avons fait le tour de la question. Temporairement du moins. Je suis déjà lasse du poète anglais que vous m'avez désigné, et j'ai décidé de le martyriser jusqu'à ce que vous ayez la bonté de me fournir de la chair fraîche. Ci-joint le dernier trophée en date, plein d'amertume et d'espoirs infondés. C'est de cela, mon cher Julien, dont je voulais vous parler. Malgré le ton de persiflage du début de cette lettre, je souhaiterais qu'à l'avenir nous ne tombions pas dans le reproche. Nous ne nous devons rien, notre amitié s'est fondée sur une association diabolique, certes, mais écrire doit rester un plaisir avant toute chose et il serait dommage de le gâcher par des chamailleries d'orgueil. Unis, soyons-le véritablement, vous tromperez vos amis et je n'aurai de cesse de vous plaire. Vicomte, je n'aime que vous.
De Paris, ce 6 mars 19**"
J'ai acheté ce livre, en version grand-format, lors de mon périple sur Bordeaux. Camille de Peretti me l'a gentiment dédicacé avec un grand sourire, très agréable, et je l'en remercie. Elle m'a signalé par ailleurs que certains personnages se retrouvaient dans chacun de ses romans. J'ai hâte de les retrouver de nouveau. Vous pouvez rendre visite à l'auteur sur son site.
La lecture de Florinette (qui m'a conseillé particulièrement ce titre).
Et un extrait du film Les Liaisons dangereuses, pour le plaisir, exclusivement.