Premier film américain pour Guillaume Canet qui a réalisé Blood Ties dans lequel il met notamment en scène sa compagne Marion Cotillard et notre compatriote Matthias Schoenaerts. Le film, présenté hors-compétition, est une version américaine de Les liens du sang dans lequel il jouait le rôle principal.
Guillaume, qu’est-ce qui vous a poussé à adapter Les liens du sang pour en faire une version américaine?
Après la sortie de Ne le dis à personne qui s’était bien passée aux États-Unis, j’ai eu envie de tourner en anglais. Je ne me sentais pas prêt à me retrouver dans une configuration d’un film studio parce que j’ai du mal à travailler avec une pression, une grosse infrastructure. Donc j’ai repoussé les propositions qui m’avaient été faites et j’ai voulu revenir avec un projet qui me ressemblait plus. J’ai donc pensé que cette histoire transposéee à Brooklyn dans les années 70 pouvait être forte. En plus, le cinéma américain des 70′s me plait beaucoup. Ca s’est fait naturellement.
Importance de James Gray, le co-scénariste, dans le film?
Ça été une très belle rencontre, je l’ai rencontré après qu’il ait vu Ne le dis à personne, nous avons sympathisé très vite. Quelques mois plus tard à Cannes, je l’ai revu lorsqu’il était membre du jury et je lui dis que je cherchais un co-auteur pour m’aider à adapter la version américaine. Je cherchais quelqu’un qui connaissait bien le New-York des 70′s, et il m’a dit « moi, je peux le faire ». Ca m’a étonné parce qu’il n’avait jamais fait ça. On s’est ensuite mis au travail, je lui ai expliqué les changements que je voulais faire dans le scénario. Il m’a aidé à faire le scénario mais s’est ensuite consacré à son film. N’étant plus disponible, c’est devenu plus compliqué pour moi parce que j’étais avec les comédiens et nous avions des changements à faire. J’ai du travailler tout seul avec un traducteur du coup.
Quelles sont les différences entre le cinéma français et l’américain?
En France, j’ai travaillé de nombreuses années avec la même équipe. Une complicité énorme c’était créée au fil des années, une amitié. Ne pouvant pas emmener mon équipe, je me suis retrouvé face à une équipe américaine que je ne connaissais pas. A New-York, ils travaillent sur des projets différents en même temps, parfois ils sont courts, comme des séries. Ils bossent 3 jours là puis ils vont ailleurs. On n’a donc pas la même complicité et j’ai mis du temps à m’y faire. Ils travaillent très bien, très vite mais différemment. On a aussi besoin de beaucoup d’autorisations, on ne peut pas tourner certaines choses, on ne peut pas parler non plus au figurants, c’est très étrange parce que c’est l’assistant de production qui doit les diriger. Le manque de complicité que j’ai pu avoir avec l’équipe technique a été compensé avec l’immense collaboration que j’ai eue avec les comédiens. Cette complicité m’a rassurée parce qu’elle m’a donné confiance et c’était très important pour moi.
Parlons du choix de Matthias Schoenaerts dans votre film…
J’ai découvert Matthias dans Bull Head. Lorsque je suis allé à Nice sur le tournage de Jacques Audiard, De Rouille et d’Os, pour voir Marion, un homme m’a dit bonjour, je ne l’ai pas reconnu tout de suite. C’est aussi grâce à Marion qui m’a parlé de sa relation avec Matthias, qu’elle avait vécu quelque chose de très fort avec lui. Il a une énergie, un charisme très fort qui émane de lui. C’était Important que ce personnage ait une dualité, un charisme que beaucoup de voyous ont, ils y a une séduction très forte mélangée à de la séduction. C’était très intéressant pour moi. Il fallait que le personnage de Zoé retrouve une relation très forte, qu’on ne se dise pas que c’était évident que cette relation puisse se briser. Matthias est très bosseur, on a été subjugué par son accent parfait. Je suis déçu qu’il ne soit pas là aujourd’hui mais il tourne à Londres chez la Reine d’Angleterre qui ne l’a invité qu’une journée. Malheureusement, je n’ai pas pu avoir le portable de la Reine.
Blood Ties, c’est une histoire de respect de promesse, est-ce difficile de respecter une promesse?
Je pense que j’ai beaucoup de défauts mais si j’ai une qualité, c’est que je suis un homme de parole et que quand je fais une promesse en général, je m’y tiens. C’est tout ce qui m’excitait dans le projet : cette dualité entre le personnage de Billy et de Clide dans le film.