Le Mont Aiguille
Avec un titre pareil, tous les espoirs me sont permis d'être embauché à Libé, à L'Equipe, voire chez Ruquier. C'est donc le début de la Gloire, à moi le Parti Socialiste et le compte en Suisse. N'étalons pas plus ce contentieux avec cette belle médiacratie. Ce lundi est un jour férié, en ce pays de fainéants et de paresseux... dixit les experblablas qui n'ont de cesse de fustiger ces tire-au-flanc de Français et qui professent, formules et chiffres à l'appui qu'il faut coûte que coûte (et ça coûtera, mais pas à eux), et d'un : travailler plus, et de deux : réduire le coût (vous voyez) du travail. Je n'ai envie qu'à moitié seulement de passer cela sous silence. Ce n'est pas que je veux monter ce différend en épingle, pas aujourd'hui... tout de même ! Les experblablas veulent qu'on travaille plus pour gagner moins : leurs propos esclavagistes sont tolérés, que dis-je ? sont obligatoires sur toutes les chaînes de télé du pays. Je profite de l'occasion pour rappeler que ce qu'ils appellent "coût du travail" n'est rien d'autre que le salaire. Remplaçons systématiquement "salaire" par "coût du travail", pour nous rendre compte de l'absurdité de la chose. Bref...Aujourd'hui, je décide de dépenser une partie de mon "coût du travail" pour me rendre à Richardière (1022m), haut-lieu s'il en est de la culture boundoungué. L'idée est de faire le tour du Mont Aiguille. Le croirez-vous ? c'est ce que j'ai fait. En route vers le Mont Inaccessible.
Le Mont Aiguille, il est quand même fascinant. Son nom, son histoire, sa mythologie, sa présence imposante, tout contribue à sa gloire. Le truc s'est détaché de la barrière est du Vercors, par la volonté de Jupiter ni plus ni moins, à cause des Femen de l'époque (m'est avis que celles de l'époque me seraient plus sympathiques). Bref, lisez-moi ça : histoire et événements. Et le voici donc :
Beaucoup de voitures de bon matin à Richardière, mais personne sur le chemin. Je serpente, surprenant quelques fleurs, dont certaines me sont bien inconnues, et quelques chevaux et vaches. Vers Ruthière, on monte sur un chemin bien agréable bordé d'orchidées et ponctué de petites lorgnettes permettant de faire le point sur quelques sommets alentours (Mont Aiguille bien entendu, Obiou, etc.). Et, on redescend vers Trezanne (1004m), joli hameau de fond de vallée, où tout est complètement gelé, sauf une jolie chapelle.
Chapelle de Trezanne
Le chemin remonte alors vers le col de Papavet (1246m) par la combe du Coin, toujours très agréable, les 50 derniers mètres exceptés dans une boue inextricable. Un petit sentier joue les montagnes russes en bordure de falaise jusqu'au col des Pellas (1349m), puis c'est une petite descente jusqu'au hameau des Pellas (1104m). Entre temps, de magnifiques alpages très verts :
Combe de Coin, érosion
Là, il va falloir remonter vers le col de l'Aupet (1627m) annoncé en 1h50. On suit une piste jusqu'à un "Parcours aventure" (moui), puis on joue avec le ruisseau de l'Aupet, en le longeant d'une rive l'autre, et parfois en plein dedans... jusqu'à la cascade de la Pisse (vers 1330m). Et là, raidillon ! c'est court mais ardu, jusqu'à un ouvrage de maçonnerie naturelle :
Ensuite, je trouve une bien jolie combe encore couverte de beaucoup de neige, et ailleurs, complètement gelée (crocus et jonquilles avec). Je quitte donc le sentier pour remonter cette combe, ce qui n'est pas une mince affaire, la route étant droite mais la pente forte, comme disait l'autre. Et en plus d'être forte, elle est très glissante. J'apprends en retrouvant le sentier que l'ancien chemin passait par cette combe. Bon. Je ne suis ni au col de l'Aupet, ni au pied du Mont Aiguille. Alors je prends à gauche pour aller au pied du mur :
Inaccessible, sauf pour les deux alpinistes à retrouver
Deux alpinistes étaient sur le point d'atteindre leur but. Mais il fait ici extrêmement froid : une petite clairière peu après le col de l'Aupet, sur le chemin qui mène au Pas de la Selle, est abritée pour un pique-nique idéal. Il est midi, je peux redescendre après un bon thé qui va bien. Sous le col, quelques gentianes printanières dont j'aime tellement le bleu :
Gentiane printanière
Grand Veymont
Je m'attarde donc, avant de reprendre ma route, d'abord sympathique, puis franchement épouvantable une fois dans la forêt : c'est boue, boue, bouh ! Enfin, on regagne une large piste bordée de gentianes de Koch et d'orchidées, et c'est le retour, après 21km et 1200m+ environ. Avec le Grand Veymont et les Rochers du Parquet, deux destinations à venir, omniprésents durant la randonnée.
Mine de rien, je n'avais pas fait ça depuis le mois d'octobre... ça fait du bien.