Alors que le cosmonaute est dès à présent disponible gratuitement en ligne, ce qui vous donne aucune excuse de ne pas l’avoir vu lorsque l’on se rencontrera à l’adresse ci-dessous
http://es.cosmonautexperience.com/
J’ai imaginé demander au « réalisateur » du futur de se présenter et je vous propose une nouvelle fois , une tribune sur les intermédiaires « producteurs » et « distributeurs »
À un moment donné, je me considérais comme un cinéaste mais ces jours sont révolus depuis longtemps. Je me considère maintenant comme quelque chose qui ressemble à un architecte d’histoire, en ce sens que les histoires que je raconte englobent la conception, la réalisation et l’utilisation de la technologie.
« Les limites d’un format unique sont remplacées par la capacité à émouvoir le public d’une expérience à l’autre – d’un écran ou un dispositif à un autre »
Les outils que j’utilise ne sont plus simplement des caméras – Ce sont des smartphones disposant d’applications Web en temps réel. La vie de mes personnages existent au-delà de l’écran, les scènes existent dans le réel.
Je laisse de la place au public pour qu’il puisse rentrer dans l’histoire et et y prendre part. Dans un sens, il s’agit de favoriser les liens entre les membres de l’équipe, les personnages et le public. Je m’efforce de construire un divertissement humain et social qui permet au public de modifier, de prolonger, de discuter et de partager. En lâchant une partie du contrôle, je suis heureux de pouvoir favoriser une riche collaboration avec le public.
Nouveau rôle des intermédiaires, producteurs et distributeurs :
Considérés longtemps comme des défricheurs de talents, le producteurs, le distributeur et même les galeries sont contraints de s’adapter au bouleversement de leur modèle économique que provoquent le téléchargement et même le web 2.0.
Il y a un temps pas si lointain, avant l’apparition d’Internet. Les rôles étaient assez bien définis entre les artistes et leurs intermédiaires (producteurs ou éditeurs). Le modèle traditionnel comme on va l’appeler fonctionnait tant bien que mal, les producteurs qui pouvaient apparaître comme des faiseurs de stars avaient un rôle plus qu’important en avançant les sommes nécessaires aux artistes pour créer et aller à la rencontre du public, en échange de quoi, ces derniers acceptés de céder leur droit. Evidemment, l’intérêt de nos chers intermédiaires était de pouvoir ensuite de vendre, de réaliser un retour investissement en contrôlant la copie après la publication. Même si cela pouvait être très lucratif, cela demandait un certain flair et une patience non négligeable, le producteur devait parfois attendre de longues années, pendant lesquelles il assumait volontairement une perte financièrement et un risque important.
Mais l’abondance qu’offre le numérique, ainsi que le téléchargement illégal grippe cette mécanique …
Au delà, le problème est plus profond, les intermédiaires sont touchés sur leur fondement, non seulement ils peuvent espérer de plus en plus difficilement être rémunérés pour ce qu’ils font, mais en plus l’essence même de leur travail est remis en question. Le modèle de découverte des artistes et de leur diffusion est complètement bouleversé, l’irruption du numérique permet à un nombre beaucoup plus important d’individus de se faire créateurs, en dehors des circuits professionnels. Les contenus en ligne sont aujourd’hui largement autant produits pas le public directement que par les artistes. Les créations des jeunes artistes se noient dans la masse d’images et de pop autoproduites.
Cette évolution marque le passage « d’une économie de la rareté à celle de l’abondance », dans laquelle la valeur se déplace des contenus vers l’attention que les individus sont susceptibles d’y porter, compte tenu du temps limité dont ils disposent.
Parce que le rôle des intermédiaires est loin d’être compromis, il est illusoire de croire que le public pourra entrer directement en contact avec les créateurs lorsque les œuvres foisonnent…
C’est là qu’interviennent de nouveau, les intermédiaires, ils doivent se poser à l’ère des réseaux sociaux comme médiateur entre les créateurs et le public. Les producteurs n’ont quasiment plus ce rôle de « filtrer » la création en amont, ils n’offrent plus le sésame, ce statut d’artiste.
L’exemple du label Kitsuné
Focus sur les éditions Kitsuné, qui ont réussi à prendre très tôt ce virage nécessaire, pour devenir une référence de ces intermédiaires d’un genre nouveau…
Ainsi si des intermédiaires sont encore nécessaires, c’est donc pour mettre en place une stratégie de communication, presque de « branding » autour de l’artiste, créer des évènements, de la valeur ajoutée pour permettre aux artistes de se rendre visibles parmi la profusion d’images auto-produites. L’objectif ne sera plus de vendre, mais de faire émerger des communautés sur les réseaux. L’exemple du label Kitsuné est intéressant pour mettre en perspective cette nouvelle dimension des labels. Depuis 2001, en plus d’être un label musical indépendant, Kitsuné a diversifié ses activités (création d’une ligne de vêtements, organisation d’évènements). L’éditeur assure aussi la promotion en ligne des artistes qu’il soutient auprès des communautés musicales sur les réseaux sociaux, comme Myspace. Le profil Myspace de Kitsuné regroupe plus de 80 000 fans, formant un vivier considérable, auprès duquel des actions de médiation peuvent être lancées à une large échelle. Ne l’oublions pas la création de communautés n’est pas une fin en soit, comme dans tout modèle, l’important est tout de même de générer des rémunérations. Mais la copie n’est plus le nerf de la guerre, n’est quasiment plus une source de revenu, évidemment de la musique sur support pourra toujours être vendu (comme des vinyles par exemple, qui offrent une vraie valeur ajoutée, d’où son retour d’ailleurs). On peut même dire que le modèle de financement n’a plus besoin de la propriété intellectuelle pour fonctionner, que l’achat de copie sur CD ou vinyle est un acte volontaire de soutien ou d’appartenance.
A l’ère de l’abondance et de la recommandation, l’intermédiaire a même intérêt à ce que l’œuvre puisse circuler librement, pour évidemment agrandir la communauté et propager la musique.
L’ensemble du monde artistique a pris conscience que nous sommes entrés dans une économie de l’attention, même s’ils ont toujours beaucoup de mal à l’accepter. On peut tout à fait le comprendre. Il est difficile d’accepter que le travail parfois de plusieurs années puisse être réduit à une valeur économique proche de zéro parce que la numérisation et le téléchargement permettent d’y accéder gratuitement sans complexité.