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Le Passé : Une Séparation… à Paris

Par Wtfru @romain_wtfru

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Écrit et réalisé par Asghar Farhadi
Avec Bérénice Bejo, Ali Mosaffa, Tahar Rahim, Pauline Burlet, Elyes Aguis, …
2h10

Résumé

Ahmad fait le voyage de Téhéran à Paris pour finaliser son divorce avec Marie, son ex-compagne. Sur place, il découvre que l’atmosphère au sein de la maison est loin d’être rose, et tente donc de comprendre pourquoi Lucie, la fille aînée de Marie, issue d’un premier mariage, agit de la sorte envers sa mère et son futur beau-père. Ahmad va découvrir ce qui se cache derrière cette famille, et de nombreux éléments vont dès lors remonter à la surface…

Avis

Enfant chéri de la Berlinale (il y a remporté un Ours d’Or et un Ours d’Argent pour ses deux derniers films), Asghar Farhadi débarque sur la Croisette pour tenter de conquérir le public français comme il avait si bien su le faire il y a deux ans avec son splendide Une Séparation.
Le Passé, son nouveau film, est finalement très similaire à son film précédent. Seul un détail change, mais il a son importance : l’action se déroule ici en France. Cela peut paraître dérisoire, mais ce petit détail s’avère finalement capital, et marque toute la différence entre ce film et Une Séparation.

Le Passé, à l’instar du film susnommé, jouit d’un scénario extrêmement délicat et merveilleusement bien écrit pour nous dévoiler petit à petit une tragédie de plus en plus intense qui s’ouvre à nous telle une rose majestueuse et printanière : pleine de beauté et de lumières mais à même de nous piquer dès qu’on tente de s’en approcher d’un peu trop près.
Pour ceux qui en doutaient encore, Farhadi nous prouve une nouvelle fois qu’il est l’un des meilleurs scénaristes du cinéma actuel. Il n’a d’ailleurs pas besoin de parler la langue (le français en l’occurrence) pour se faire comprendre, tant son histoire parle pour lui.
A vrai dire, même en ce qui concerne la direction d’acteurs, cela ne semble pas vraiment poser problème (Farhadi serait, semble-t-il, particulièrement éloquent dans sa gestuelle !) puisqu’il est bien aidé ici par une brochette de comédiens particulièrement talentueux.

Mais les grandes interprétations ne sont finalement pas là où on les attendait. Si tout le monde misait sur le duo en tête d’affiche composé de Tahar Rahim (qui avait déjà brillé à Cannes avec Un Prophète il y a 4 ans) et de Bérénice Bejo (dans un rôle initialement prévu pour Marion Cotillard), ce sont finalement les deux seconds rôles principaux qui tirent leurs épingles du jeu : Ali Mosaffa et Pauline Burlet.

Le premier, qui interprète Ahmad, est LA révélation de ce film. Extrêmement sobre et apaisé, il s’affirme comme le relai parfait entre le spectateur et les personnages de cette famille. Nul doute qu’on entendra de nouveau parler de cet acteur/réalisateur iranien dans les prochaines années.
La seconde, Pauline Burlet, révélation du film Dead Man Talking (et futur chouchoute du public belge, à n’en pas douter) confirme elle son installation sur une pente ascendante qui devrait la mener très loin. Elle constitue ici le cœur du film, bien plus que Bérénice Bejo qui peine parfois à trouver le ton juste. Le Trophée Chopard cannois lui est d’ores et déjà acquis.

Pour le reste, la grande différence entre Une Séparation et Le Passé réside essentiellement dans le fait que cette histoire se déroule en France et qu’elle est donc moins socialement intégrée comme ce fut le cas pour Une Séparation, du fait de la nationalité du réalisateur.
Au-delà de la crise (on ne parle pas de crise économique ici, bien sûr) que pouvait vivre les personnages du précédent film d’Asghar Farhadi, celle-ci faisait en effet écho à la crise que pouvait vivre l’Iran, s’affirmant ainsi comme métaphore d’une situation plus globale.
Ici, dans Le Passé, même si l’histoire est parfaitement rodée et que les personnages sont très bien écrits, la situation perd cependant en ampleur du fait de ce manque de globalité.
Cette histoire, bien qu’étant universelle, se trouve totalement isolée et presque dénuée de toute considération sociale et sociétale, ce qui atténue, en un sens, son universalité susdite.

Mais considérer ceci comme un réel défaut relève de la maniaquerie tant ce film s’avère maîtrisé d’un bout à l’autre, malgré un final un peu décevant.
Farhadi s’affirme ici comme une valeur internationale sûre, capable de satisfaire à la fois la critique et le public malgré la rudesse de ses scénarios. Son prochain film devrait de nouveau se dérouler dans son pays natal, l’Iran. Et autant vous dire qu’on se contrefout de savoir s’il sera ou non récompensé à Cannes : nous, on a déjà hâte au prochain !


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