Alors n'hesitez pas une seule minute vous pouvez aussi le recevoir chez vous!
Jean Lassalle est parti sur la route.
Il est parti à pied, comme personne ne le fait plus. Sans escorte, sans voiture accompagnatrice, avec un sac à dos sur son costume bleu, chemise blanche et cravate, puisqu'il convient qu’un élu de la nation porte aussi en vêtement la dignité et la fierté de la confiance qui lui a été faite.
Parfois entouré de compagnons plus jeunes et qui ont envie de partager le combat. Parfois seul. Qu’importe.
Accueilli le soir dans des familles amies, et qui s'inscrivent, qui appellent pour accueillir l’homme qui marche.
Il est parti à la rencontre des campagnes et des banlieues, de la France dont on n'entend pas la voix, ou qui, parfois, ne se laisse entendre que dans des poussées d’extrémisme.
Il y avait des semaines et des mois que Jean Lassalle était mal dans sa peau d’élu de la nation.
Il avait livré au printemps 2012, aux élections législatives, un de ces combats électoraux de titans, où il faut renverser les pronostics, et où il excelle. Seul contre tous. Seul contre les deux appareils des partis dominants, à sa droite et à sa gauche. Une fois de plus, il avait gagné.
J'ai l’habitude de dire que Jean Lassalle n'est pas un homme des temps modernes, pas un homme des temps politiques, où il s'agit de ruser, de se soumettre, dans un parti ou dans un courant, d'avaler toutes les couleuvres pour faire carrière. C'est un homme des temps héroïques, quand les êtres d'exception sont l'ordinaire de l'histoire, quand des êtres extraordinaires, qui sortent de l'ordinaire, font, parfois seuls contre tous, l'histoire ordinaire des hommes.
Pourquoi Jean Lassalle a-t-il voulu être l'élu des siens, l'élu de sa vallée ? Pourquoi a-t-il été le plus jeune maire de France dans son village, parmi les plus jeunes conseillers généraux dans son département ? Pourquoi a-t-il été élu député au terme de combats acharnés ?
Parce qu’il croyait, de toutes ses fibres, qu’un homme (au masculin ou au féminin, bien sûr) pouvait changer le monde. En tout cas, au moins le petit monde des siens. Et après le grand monde d’une nation, d’un peuple, de bien des peuples.
Et pour être fidèle à cette foi de jeune homme, de jeune garçon, à cette foi de citoyen adulte, il est allé plus loin qu’aucun autre dans notre pays et dans notre temps. Il a mis sa vie en jeu.
Devant le monde entier, au cœur de la salle des Quatre colonnes del’Assemblée nationale, il a mené en 2006 une grève de la faim de quarante jours pour sauver la dernière usine de sa vallée. Et il a réussi à convaincre la multinationale japonaise qui en était propriétaire de donner à cette usine un nouvel avenir.
Était-ce raisonnable ? Beaucoup ont pensé que ce ne l’était pas. C’était une déraison à la mesure de la déraison des temps où l’on considère que les uns peuvent avoir tout et davantage encore, et qu’il est tout aussi normal, et même légitime que les autres n’aient plus rien.
Et tout le monde s’en accommode, y compris ceux qui en sont les victimes, et qui, peu à peu, se résignent.
Il y eut une nouvelle alerte sur l’usine sauvée par la grève de lafaim. Et une nouvelle vague de résignation et de haussements d’épaule.
Plus le député des Pyrénées, le « seul député au monde des Basques et des Béarnais », prenait conscience de cette démission collective, plus il élargissait son regard, et plus il découvrait, y compris avec son collègue le communiste André Chassaigne, combien cette résignation, ce renoncement collectif était le drame de la France contemporaine.
Pas seulement de la France bien sûr. De la plupart des sociétés européennes. Mais c’est plus douloureux et plus dangereux en France que partout ailleurs, parce que la France a bâti la République sur l’idée qu’on peut toujours faire quelque chose pour changer le monde !
Alors Jean Lassalle a repris ses fondamentaux. Il a repris la lecture de l’histoire du XXe siècle. Il a repris la lecture d’un homme qui a été l’inspirateur de notre jeunesse commune, la lecture de Gandhi.
Que faisait Gandhi pour remuer les foules ? Deux choses déraisonnables : il jeûnait, et il marchait.
Jean Lassalle après avoir jeûné, a décidé de marcher. Car il fallait bien qu’il fasse quelque chose pour secouer cette couche d’impuissance et de rage qui étouffe le civisme. Qui fait que plus personne ne croit plus vraiment qu’il est en nous, qui sommes des consommateurs, parfois (de plus en plus rarement) des producteurs, parfois des fonctionnaires ou des retraités, ou des contribuables, qu’il est en nous un citoyen, membre du peuple souverain. Puisqu’on tend à nous faire croire que nous ne sommes plus souverains de rien.
Il a décidé de marcher au nom de tous ceux qui n’en peuvent plus, d’aller vers eux, où qu’ils se trouvent, avant de le faire un jour avec eux.
Il a voulu faire de son départ un non-événement, pas un choc médiatique, pas une annonce tonitruante. Il est allé à l’Assemblée nationale dire qu’il se mettait en route. Il a pris la route du Nord, la route de la banlieue, la route de Creil, bientôt la route de Dunkerque, pour que nul ne puisse penser qu’il rentrait chez lui. Il ne rentre pas chez lui, il vient chez nous. Le « nous » innombrable des Français qui, loin du cercle des initiés, ne voient plus le chemin à suivre, les ouvriers, les chômeurs, les « sans-emploi » comme on dit, et on risque de le dire longtemps, ceux qui croient qu’ils n’ont plus d’avenir parce qu’ils ne voient plus leur avenir. Le monde des élus locaux qui se perdent dans les labyrinthes des décisions jamais prises ou jamais appliquées.
Il lui a fallu surmonter les réticences, parfois les réticences des siens, et comment en serait-il autrement ?
Il a pris la route en marchant, qu’importe les tourbillons de pluie (il dit qu’il n’a jamais vu pluie plus décourageante), qu’importe les douleurs de la marche, il rencontre des enthousiasmes de militants, des familles qui l’entourent et l’accueillent.
Il a commencé quelque chose dont il ne sait pas, et moi non plus, comment il l’achèvera. Il fait quelque chose que plus personne ou presque ne fait plus : il prend un risque. Il ne fait pas de la communication, de l’apparence, de l’esbroufe. Il marche comme Gandhi pour vaincre l’indifférence du monde.
Pour l’aider, chacun fera ce qu’il pourra, ce qu’il voudra, ce qu’il osera.
Et c’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi sans tambours et sans trompettes, d’assumer la tâche modeste chaque fois que je pourrai, sur cette page Facebook, et donc sur des milliers de comptes, réseaux sociaux mobilisés pour que l’impossible devienne possible, de rendre compte de la marche de Jean Lassalle.
Pour contacter ou accueillir Jean Lassalle : jlassalle@assemblee-nationale.fr www.ledeputequimarche.fr
Texte de François Bayrou qui resume bien la démarche de Jean Lassalle https://www.facebook.com/notes/fran%C3%A7ois-bayrou/la-marche-de-jean-lassalle/10151563269694761