Version imaginaire de la première marche d’un paradis hypothétique où se retrouvent les anges, les humains, les animaux. (où ces derniers se servent d’un langage particulièrement ondulatoire qui est compris par les ex-terriens et approuvé par toutes les formes divines.)
Ils doivent à leur tour s’identifier à l’homme pour aller s’incarner plus tard dans la peau d’êtres terriens. Une terre d’un autre système solaire, où dans un temps inconsidéré ; les planètes se relaient entre elles.
Auparavant, dans cet espace de douce flottaison, confortable pour les uns, angoissant pour les autres, les antécédents se confrontent inévitablement :
Le cerf rencontre son assassin le chasseur (lui aussi blessé mortellement lors d’une partie de chasse)
Le cerf : M’auriez-vous oublié ?
Le chasseur : Ca ne va pas ! Je ne parle pas aux animaux ! Mais où ai-je mis mon fusil ? (ignorant encore l’inutilité des armes dans ce refuge purificatoire)
Le cerf : C’est bien avec cela que j’ai reçu une décharge de plombs dans mon corps. Et à cette douleur paralysante vos chiens m’ont déchiré la chair, avant que des brutes ; vos acolytes, m’arrachent à mon dernier souffle en m’étouffant.
Le chasseur : Mais c’est le jeu de la vie. Je suis ton prédateur, tu es ma proie et tu ne vaux guère mieux.
Le cerf : Si tel est le cas. Essaie donc une nouvelle fois de me tuer pour me dévorer.
Le chasseur : Tais-toi donc ! La chasse est un loisir, c’est une passion excitante et personne, surtout pas un vulgaire cervidé ne peut m’enlever ce plaisir !
Le cerf : Moi et ma famille, avions bien raison de toujours nous méfier en restant cachés au fond de la forêt. Pour la protéger j’affrontais vos chiens.
Vous êtes des criminels et n’avez aucune pitié pour ceux qui ne vous ressemblent pas. Qu’auriez-vous fait pour défendre votre famille devant une tribu de tueurs ?
Le chasseur : Cette question ne se pose pas. Animal !
Les hommes ont tous pouvoirs sur vous. Celui aussi de vous supprimer.
Le cerf : Dans ce cas, utilisez aussi votre pouvoir dans ce purgatoire.
Le chasseur fit le geste de viser et tirer comme s’il était en possession du fusil. Une terrible détonation suivie d’une désintégration. Tout se mit à onduler à la façon d’une pierre jetée dans l’eau.
Expulsé, réapparaissant au loin, le cerf se rapprocha quand tout redevint calme.
Le cerf : Ce que tu viens de faire est de vouloir t’approprier la vie qui ne t’appartient pas, pour alimenter la voracité de tes désirs. Encore une fois, j’étais le sujet de ta cible.
Complètement abasourdi et déformer par la peur, le chasseur revint à ses esprits.
Le chasseur : Que s’est-il passé ? Où suis-je ? Je viens de subir l’accident qui m’a valu la mort. Cette fois-ci mon être fût complètement déchiqueté, réduit comme du papier chiffonné.
Dans sa chute, un de mes compatriotes a déchargé son arme sur moi. Je l’ai reçue en pleine poitrine. C’est une douleur insoutenable.
Le cerf : Pour nous, les animaux, notre plus grande douleur est qu’elle ne soit pas ressentie par les hommes.
Le chasseur : Cette douleur qui vient de me déchirer les entrailles, m’ouvre un nouveau regard sur ce que subissent les victimes des coups mortels.
Le cerf : Faisons-nous partie de ces victimes ?
Le chasseur : Oui, je le crois…