Il y a longtemps, une phrase de Fernand Braudel m’a surpris. Il
disait que le marché avait été une heureuse invention. Mais pas le marché, au
sens économie de marché.
Un
livre que cite ce blog semble expliquer pourquoi. La place de marché a été
une innovation qui a permis de nourrir le peuple du Moyen-âge, bien et à bas coût,
en réunissant au même endroit consommateurs et producteurs, en évitant les
intermédiaires. Mais le Moyen-âge contrôlait le marché de façon à ce qu’il assume
la fonction qu’on lui avait donné : nourrir le peuple (pour qu’il puisse
produire ?). Pour cela, la loi de l’offre et de la demande devait être
bloquée, et la spéculation combattue.
Les mécanismes de régulation mériteraient d’être examinés. Il
semblerait qu’ils aient été surtout indirects. La morale y jouait probablement
un rôle important. Pour elle c’était Dieu (la nature) qui créait ce que l’on
appelle aujourd’hui la « valeur », bien plus que l’homme. Ce qui n’est
que bon sens ! Dans ces conditions, pourquoi ce dernier aurait-il le droit
de s’approprier une part disproportionnée de la production collective ? Ensuite,
il y avait des mécanismes systémiques comme la dîme. Plutôt qu’un prélèvement
inique, elle semble avoir permis d’éviter les effets pervers du marché. C’était
un système de redistribution. Elle contrebalançait en partie les fluctuations
du marché, et, les prélèvements étant stockés, elle permettait de nourrir les
victimes d’une mauvaise récolte et les pauvres. Peut-être aussi, l’efficacité du marché
faisait que l’on ne cherchait pas à s’enrichir plus qu’il ne le permettait. C’est
ainsi que les nobles auraient utilisé les marchés, plutôt que le pillage.
Une idée à creuser ? Et si nous définissions ce que
doit être la fonction du marché pour l’humanité ? Et si nous mettions en
place les mécanismes de contrôle adéquats ? Ou, peut-être, se mettraient-ils en place d'eux-mêmes ?