Bon… Ca va faire bientôt 4 mois que j’y suis alors il serait ptet temps que j’y consacre un pitit article ! Attention : vous risquez de trouver Durban un peu moins funky que le récit de mes précédentes escapades. Le premier truc qui nous a choqués, c’est pas le climat. Alors oui, on est partis alors qu’on se pelait les miches en France (-10°C au mercure, sacré vague de froid hein !) et on est arrivés par 35°C et 85% d’humidité, mais on était plus ou moins prévenus ! C’est marqué sur le « petit futé » qu’il fait un bon 30°C de janvier à mars et pas moins de 20°C l’hiver (juin-août, les saisons sont inversées je vous le rappelle). C’est pas non plus le fait que les pigeons soient remplacés par des ibis… Ce qui nous a choqués donc, c’est la quantité astronomique de barbelés posés au mètre carré… Que ce soit dans les quartiers chics ou dans les quartiers craignos. Certains les décorent même avec de vieilles fringues de couleurs (où les font sécher mais j’en doute) ! Et comme si ça suffisait pas, les propriétés les plus riches sont en plus protégées par des lignes électrifiées et des clôtures où l’on a vite fait de s’empaler… Le grand luxe reste quand même les gardes H24. En résumé : Welcome to South Africa !
Nous sommes accueillis à notre B&B (que nous quitterons très vite pour un appart, il est cosy mais vraiment pas donné) par Theo Andrew, le doyen de Durban University of Technology (DUT) et accessoirement notre tuteur universitaire. Il nous invite au resto avant de nous faire faire un petit tour des points important de la ville : Florida Road (LA rue où il faut faire la fête), le casino, les plages, Ushaka Marine (le parc d’attraction de la ville) etc… Un peu plus tard durant notre séjour, il nous emmènera à Umhlanga (prononcez « oumechelanga ») qui est la banlieue très bourgeoise du nord de Durban et nous fera goûter une spécialité de Durban (indienne ?) que je n’oublierai probablement jamais : le chili pineapple. Ce met très raffiné n’est rien d’autre qu’un quart d’ananas en brochette saupoudré de poudre de piment rouge, que j’avais pris au départ pour de la cassonade. C’est… surprenant. J’ai d’ailleurs eu du mal à finir, j’avais un peu de mal à trouver ma bouche qui criait au feu.
« Tomorrow, you’ll make ice cuuuuubes haha ! »
Bref, parlons de Durban un peu… Forte de ses 3,5 millions d’habitants, elle est la 3ème ville d’Afrique du Sud. Elle est comme divisée en deux parties : le centre, avec ses vieux bâtiments, et le bord de mer, archi moderne, très californien. Les noirs représentent la majorité de la population mais il y a une très forte communauté indienne (20% de la population). Il y a très peu de blancs, ou alors c’est que nous n’avons pas trouvé où ils vivent… Contrairement au Cap, chaque « race » ici reste bien groupée. Les blancs avec les blancs, les noirs avec les noirs, les indiens avec les indiens, les roux avec les roux etc… Y’a que les touristes (nous quoi !) qui se mélangent plus facilement et ça n’a pas l’air de poser de problème. Au pire, un sourire et les machettes restent dans leur fourreau ! Quoi j’exagère ? Bon, peut-être un peu J C’est d’ailleurs en se fondant parmi les Durbanites (tant bien que mal, blancs becs que nous sommes) que nous avons été introduits à la culture Zoulou. Dans la rue, c’est d’ailleurs la langue que tout le monde a l’air de parler. Alors bien sûr, l’anglais est la langue officielle, mais il est limite moins parlé que le zoulou ici ! Les sonorités sont mêmes plutôt amusante ! Certains sons consistent à claquer la langue de telle ou telle manière… Autant dire que pour nous, européens, c’est foutu d’avance ! Essayez de prononcer le nom « Qwa Qwa » en claquant la langue à la place du « Q ». Enjoy !
L’autre choc des cultures, c’est celui avec les indiens. Mais qu’est-ce qu’ils ont à surépicer tout ce qu’ils bouffent ?! C’est insupportable ! Alors avec Michael, on n’a pas eu la tourista, mais c’est tout comme. Ca brûle au départ… et à l’arrivée ! You know what I mean. Un de nos guides lors d’une visite dans le township d’Inanda nous a même sorti après nous avoir fait manger un « bunny chow » :
« There are two seasons in Durban. Summer… and summer ! Everything is hot here. The weather, the sea, the nights… and even the food ! I hope you enjoyed your lunch ! »
Qu’est-ce qu’un bunny chow me direz-vous ? C’est un cube de pain où la mie a été remplacée par pleeeeeein de bonnes choses ! Des cubes d’agneau ou de bœuf selon les goûts, des tomates, des pommes de terre et… au moins 2000 cuillères à soupe d’épices de toute sorte. The hotter the better !
Tout à l’heure, je parlais de clivage. Tout le monde reste dans ses quartiers ici ! Le centre est exclusivement noir, à l’exception du quartier indien… qui est indien, on l’aura deviné ! Les blancs semblent s’être « réfugiés » dans la banlieue nord, qui est plutôt très riche d’ailleurs. Les plages sont toutes occupées par les noirs à l’exception de celles situées du côté d’uShaka Marine, où nous habitons. C’est d’ailleurs « drôle » d’observer un nuage de points noirs et multicolores (les noirs se baignent habillés) dans l’eau d’un côté, et un nuage de points blancs de l’autre. A croire que l’Afrique du Sud n’est pas vraiment la nation arc-en-ciel revendiquée par Nelson Mandela…
Un autre problème à Durban, et pas des moindre, est la sécurité. C’est une ville portuaire (1er port d’Afrique !) qui a son lot de problème. J’ai même eu le plaisir de découvrir un cadavre s’échouer sur la plage un matin en compagnie d’autres surfers. Ca calme… J’ai pu voir le Horatio Caine de Durban. Il n’est pas roux et ne porte pas d’ « Aviator » ! J’ai quand même eu les Who dans la tête une bonne partie de la journée. De plus, les viols n’ont pas l’air rares. On pourrait même dire qu’ils sont banals. La rubrique faits divers devrait ouvrir une section spéciale viols… Les gens ici ne savent pas forcément qu’ils peuvent aller porter plainte et quand ils le font et que le coupable se fait attraper, un petit pot de vin et tout est oublié. C’est ça aussi la magie de l’Afrique du Sud. Au début de mon séjour ici, je comptais rentrer à patte de mon premier entraînement de volley. Un des joueurs m’a fait la morale avant de me ramener en voiture. Il était d’autant plus crédible qu’il sortait des favelas de Santos… A Durban, si t’as pas de moyen de locomotion (motorisé), t’es mort.
« Aren’t you scared ? I think you’re mad ! This is South Africa. There is nothing more dangerous ! This is not France. You are completely mad… »
Durban est dangereuse certes, mais apparemment Johannesburg l’est encore plus. Ca nous refait descendre sur Terre. J’avais l’impression de vivre en complète insécurité à Roubaix, Durban a changé mon état d’esprit. Bon c’est clair que je vais pas aller taguer la tête de Mahomet sur les murs du quartier de l’Alma pour le plaisir non plus. Comme partout, il y a des « zones interdites » à Durban si vous tenez à votre peau. LE coin à éviter est celui de Point. Pas de bol, on habite à l’entrée du quartier… Il faut surtout éviter Mahatma Gandhi Road et Prince Alfred Street. La seule zone sécurisée dans ce coin est China Mall. On y croise des dizaines de gardes armés jusqu’aux dents. Ceci dit, la ville a mis en place un vaste projet visant à rendre le quartier plus attractif et sécurisé. Il ne faut pas traîner dans le Golden Mile de nuit non plus. Si je peux me permettre de vous donner un conseil, c’est de vous balader avec le moins d’objets de valeur sur vous et avec peu d’argent liquide. Je me suis fait tirer mon sac pendant une session de surf. Le voleur a dû être content quand il a découvert son butin : une serviette, un t-shirt, des claquettes et 10 euros (inutiles ici vu que la monnaie est le rand). Le seul truc qui m’a fait chier c’est les clés de l’appart mais j’ai été chanceux. Le régisseur de notre résidence nous a changé la serrure gratos.
Bon il est temps de parler des bons côtés de Durban. C’est un peu badant là vous trouvez pas ? Durban n’est tout de même pas à fuir et regorge de lieux qui en font sa fierté ! Parmi eux, nous pouvons citer le Victoria Market. Vous y trouverez des soies brodées indiennes de toutes les couleurs, de vrais épices aux senteurs orientales pour pas cher (R5 les 100g) et des magasins d’artisanat zoulous et xhosa. C’est donc là qu’il faut se rendre pour acheter vos souvenirs ! On peut parler d’uShaka Marine World. Il s’agit d’un vaste parc d’attraction : centre commercial, plage, cours de plongée, aquarium, piscines… Il y en a pour tous les goûts ! Le jardins botaniques sont également d’excellents endroit pour chiller et manger un ptit burger à 30R au milieu des oiseaux et des singes. Mais n’oublions pas non plus le fameux stade Moses Mabhida, construit à l’occasion de la coupe du monde 2010. Bon ok, je fais vite ! J’ai l’impression de toucher une corde sensible là… En bref, on peut y assister à des matchs de foot (le rapport « niveau de jeu/taille du stage » tend vers 0), de cricket, des concerts et il est ouvert en journée pour permettre aux gens de se rendre en haut de l’arche du stade pour jouir d’une vue à 360° de Durban. On peut même y faire un saut à l’élastique ! Voilà, je peux pas faire beaucoup plus vite et je vous promets que je vais attendre un prochain article avant de parler des bus de la coupe du monde haha !
Personnellement, j’aime beaucoup me balader le long du Golden Mile (DE JOUR !!). L’espace aménagé tout le long du front de mer est plus qu’agréable. Des espaces verts, une allée aménagée pour les joggeurs, cyclistes, des rickshaws (une sorte de charrette tirée par un homme, normal quoi…) et skaters (le longboard est très répandu)… Un skatepark est même installé pour ces derniers… L’occasion de profiter du soleil et de la chaleur que nous offre Durban quasiment tous les jours.
Il y a un autre truc cool que je kiffe bien à Durban. C’est Kings Park, également appelé « Home of Sharks » ! Les Sharks ? C’est l’équipe locale de rugby de Durban. Pas dégueulasse d’ailleurs ! Elle est finaliste du dernier Super 15, concédée face aux Chiefs. Cette année ça va un peu moins fort ceci dit… Le Super 15 est LE championnat de rugby de l’hémisphère sud. Il est composé de 3 conférences : la sud af’, l’australienne et la néo zelandaise. Trois des meilleures nations de rugby aux mondes quoi, si ce n’est les trois meilleures. Autant dire que c’est pas un championnat de tarlouzes et qu’ils font de sacrés déplacement ! Michael et moi n’avons pourtant pas été gâtés lors des matchs auxquels nous avons assistés. Premier match, Sharks – Stormers : 12-6, 0 essai. Deuxième : Sharks – Brumbies : 29-10, 5 essais dont 1 des Sharks. Troisième : Sharks – Crusaders : 21-17, 1 essai mais des Crusaders. Le seul des 4 matchs se déroulant à Durban que nous avons raté, les Sharks ont gagné 64-7 avec 9 essais au compteur. Frustrant !
Mais le truc qui m’a vraiment le plus plu ici. C’est le surf. Planches pas chères, eau entre 23 et 25 degrés, vagues quasiment tous les jours. L’occasion rêvée de s’y mettre pour de bon ! Au moins je n’ai pas à subir le froid des eaux bretonnes ou à faire don d’un bras pour acheter une planche. Et vu que le windsurf n’a pas l’air d’exister dans ce pays à l’exception de Cape Town… Y’a plus qu’à ! Au départ, c’était pas fameux. Moi et Michael surfions les mousses puis faisions des « tout droit » en priant pour qu’il n’y ait pas quelqu’un en face. Il faut dire que les plages du Durban sont bondées, que ce soit chez les nageurs ou les surfeurs/bodyboardeurs. Maintenant, on peut quand même dire qu’on est devenus pas mauvais. Pas trop dégueulasses du moins ! Les grooooosses vaguounettes qu’on a dû essayer de surfer lorsqu’on débutait ne nous font plus peur… Inutile de dire que je suis devenu accro et que je vais tout faire pour ramener ma planche à la maison, continuer à surfer et pourquoi pas apprendre à ma famille !