Virer le mot race de notre législation a du sens à partir du moment où le
concept tel qu’il est défini est pour le moins douteux. Très largement
contestée par les scientifiques et surtout prétexte à des jugements de valeurs
moralement inacceptables, cette notion n’a plus sa place dans les lois de la
République.
Pour autant l’opération n’est que symbolique et penser qu'elle permettra de
lutter contre le racisme est absurde. Eliminer la notion de race de nos textes
ne changera évidemment rien aux comportements de ceux qui continuent à
prétendre sinon à penser qu’il y a des individus « supérieurs » à
d’autres. De même, cela ne changera rien à son dérivé direct qui est le
racisme.
D’ailleurs le reste du monde et accessoirement les jeunes de banlieues qui
niquent allégrement leurs races respectives continuent à utiliser ce vocable
sans que cela leur pose un quelconque problème éthique. Les américains,
pourtant pays de l’immigration s’il en est, n’ont pas ce genre de fausse
pudeur. Dans leurs recensements, les questions sont clairement posées :
« Quelle est la race du chef du foyer : blanc, noir ou afroaméricain,
amérindien ? ».
Cela ne changera d’autant moins que les définitions de races et de racisme
ont considérablement divergées.
La vraie question est dans la définition du mot racisme.
Initialement le racisme était étroitement associé à la supposée notion de
race puisqu’ il consistait à considérer que certaines races sont supérieures à
d’autres sachant que le critère le plus usité pour associer un individu à une
race était sa couleur de peau sommairement résumée en noir, blanc, jaune voire
rouge.
Au fil du temps, la notion de racisme a évolué pour recouvrir d’abord
l’origine ethnique, notion qui contrairement à la race n’est pas
scientifiquement contestée, puis pour s’élargir au point de recouvrir quasiment
toutes les caractéristiques discriminantes entre les individus appartenant à
des zones géographiques différentes : la culture, la religion, la langue,
le mode vestimentaires etc
En conséquence, d’une notion biologique fortement contestable et à juste
titre contestée par les scientifiques dignes de ce nom, on est passé à une
notion beaucoup plus large, beaucoup plus floue et beaucoup plus
subjective.
Cet élargissement de la définition prête aux amalgames. Elle permet ainsi de
qualifier de propos raciste toute appréciation négative sur une des
caractéristiques différenciant d’une population.
Or, dans le pire des cas, ce qu’on qualifie d’actes de racisme sont des
manifestations du refus de l’autre, du différent, dont l’étranger installé en
France est l’archétype parfait. On doit appeler cela de la xénophobie et non
pas du racisme, les mots ont un sens et en l’occurrence ces deux mots n’ont pas
le même sens.
Bien évidemment, ce n’est pas parce qu’elle n’est pas de même nature que le
racisme, qu’il faut positiver la xénophobie. Comme tous les processus de rejet
de l’autre, elle doit être combattue.
Mais, amalgamer les deux notions c’est tomber dans la facilité et c’est
galvauder le terme de « racisme ».
On ne combat pas le racisme comme on combat la xénophobie. Le premier est
basé sur un concept erroné et une prétention inadmissible de supériorité de
certains hommes par rapport à d’autres. C’est une attitude qui ne se discute
pas mais qui se condamne avec la plus grande fermeté.
La seconde est plus floue et s’appuie souvent sur des raisons qu’on ne peut
ignorer si on veut la combattre efficacement.
Autant il est tout à fait inacceptable et inepte de considérer qu’un blanc
est supérieur à un noir ou qu’un jaune est supérieur à un blanc, autant chacun
a tout à fait le droit de considérer qu’une religion est
« meilleure » qu’une autre, que certains traits culturels d’une
population sont contestables au regard de ses propres valeurs ou même que
certains comportements propres à une population donnée sont inadmissibles. De
même, on est en droit de considérer que du fait d’une intégration ratée, la
progéniture de populations immigrées surtout si elle est concentrée, comprend
un taux de délinquants supérieur à la moyenne.
Plus généralement, on est en droit de croire qu’une immigration mal
maitrisée est un réel problème pour la collectivité française. Ce n’est pas
forcément tout à fait vrai mais c’est une croyance que la liberté d’expression
autorise à exprimer.
Or, tout jugement, toute critique de cet ordre est susceptible de passer
pour un propos raciste avec la chape de plomb morale et juridique que cela
suppose.
Le terme de raciste s’est largement écarté de son sens originel alors que la
connotation extrêmement négative qui l’accompagne est restée la même.
Du coup, pas de question, pas d’explication, pas de débat et en conséquence
pas de solutions … mais par contre une Marine Le Pen au zenith !