Une passion française, la collection Marlène et Spencer Hays au musée d'Orsay

Publié le 19 mai 2013 par Mpbernet

19 mai 2013

Marlène et Spencer Hays adorent Paris.

Spencer a fait fortune aux Etats-Unis, c’est un self-made-man. Autodidactes en art, ils se sont fiés à leur goût et à leur instinct pour acheter des tableaux, d’abord des impressionnistes américains, puis essentiellement  des peintres français de la fin du XIXème siècle et du début du XXème. Comme les Impressionnistes étaient hors de leur portée, ils ont acquis des Nabis, des symbolistes, des post-impressionnistes, des Fauves …

A regarder cette extraordinaire collection, on se dit que tous deux ont été rapidement pris en main par des conseillers remarquables. On reste en effet médusé devant l’intelligence d’un tel ensemble acheté à partir des années 70 et jusqu’à nos jours, et encore plus du fait que le couple ait accepté de dépouiller ses deux demeures (à Nashville et à New-York) de pratiquement toute leur décoration, y compris les fauteuils de Follot …

J’ai découvert avec délice des œuvres totalement inédites de l’époque qui me tient tant à cœur : celle du Paris de la Belle Epoque de Béraud, Anquetin, Goenette (dont c’est bien la première fois que j’entends parler …), Steinlen, Pierre Bonnard, Odilon Redon …

Mes préférés : une étrange toile, « Grimaces et Misère des saltimbanques » de Fernand Pelez (1888) qui fait réponse aux scènes joyeuses de café-concert … Il y a aussi la fascination du couple pour Fantin-Latour, puis les Nabis, l’école de Pont-Aven, Toulouse-Lautrec. Une merveille : Degas et le petit déjeuner après le bain … le blanc portrait présumé de la Princesse de Ligne par Helleu, la série des Vuillard, enfin la femme aux bas rouges de Derain, le portrait de Soutine par Modigliani, et enfin la nature morte au homard de Caillebotte … sans oublier le paravent rouge de Bonnard, qui ouvre l’exposition.

Un feu d’artifice venu d’Amérique et qui nous montre combien notre influence continue à jouer auprès des leaders d’opinion outre-Atlantique, malgré le manque de sérieux de nos contemporains. C’est rassurant !