Depuis son entrée dans l'opposition, l'UMP semble avoir des tas de bonnes idées. Qui demeuraient apparemment hors de portée tant qu'ils gouvernaient.
Par Baptiste Créteur.
C'est beau, l'instabilité législative française. Quoi que fasse le parti au pouvoir, l'opposition propose de le défaire ; c'était le cas lors de la réformette des retraites il y a quelques années, c'est de nouveau le cas aujourd'hui. Le procédé est simple : dès qu'une mesure semble rallier contre elle une moitié des Français, on promet de la défaire. Ce qui n'empêche pas Jean-François Copé de râler quand un parti d'opposition arrive au pouvoir et fait la même chose :
Quand nous serons revenus au pouvoir, il faudra réécrire ce texte pour protéger la filiation et les droits de l'enfant.[...] François Hollande a interrompu la totalité de nos réformes de structure
Et comme toujours, les hommes politiques veulent que tous les changements viennent de la politique. Il est inconcevable que les évolutions de la société soient uniquement le fait des citoyens.
J'invite les centaines de milliers de Français qui ont manifesté contre ce texte et les millions de Français qui s'y sont opposés dans leur coeur à transformer cet engagement sociétal en un engagement politique.
Il y a encore plus impressionnant que l'instabilité législative provoquée par l'alternance : l'instabilité idéologique au sein d'un même parti, d'un même cerveau.
L'UMP, qui est un parti de gouvernement, doit s'opposer mais aussi proposer une transformation profonde d'un modèle aujourd'hui dépassé. L'État est devenu omniprésent dans la sphère économique : il multiplie les dépenses, les embauches, les normes. Du coup, il perd son efficacité là où les Français ont le plus besoin de lui : dans l'éducation et la formation, la sécurité et la justice, l'immigration, la laïcité. François Hollande n'a fait que renforcer ce déséquilibre. Quand il demande des efforts aux Français, il leur demande plus d'impôts, alors que le véritable effort, c'est de travailler plus, d'innover plus, de produire plus et mieux. Il est temps de remettre les choses à l'endroit.
Aujourd'hui parti de gouvernement qui s'oppose, l'UMP était, encore récemment, un parti de gouvernement qui gouvernait. Et qu'a-t-il fait ? Il a accru la présence de l’État, son poids, son périmètre. Partout. Comme le dit si bien Jean-François Copé, François Hollande n'a fait que renforcer ce déséquilibre ; il est temps de remettre les choses à l'endroit. Comment s'y prendre ? En soutenant corps et âme l'ancien président.
Je serais [aux côtés de Nicolas Sarkozy], la formulation suffit à elle-même. Pour le reste, c'est à Nicolas Sarkozy de décider s'il veut revenir ou non.
Si le véritable effort, c'est de travailler plus, d'innover plus, de produire plus et mieux, pourquoi ne pas l'avoir permis aux Français lorsque l'UMP était au pouvoir ? Pourquoi ne pas avoir réduit le périmètre de l’État, la dépense publique, le nombre de lois et normes ?
Parce que le but d'un homme politique, c'est d'être dans les cœurs, et qu'il promet pour cela de satisfaire les désirs les plus irrationnels. Jean-François Copé annonce se préoccuper uniquement de la reconquête du cœur des Français, pas de leur avenir ou de leur bien-être. Et pour cela, il parle à leur cœur, pas à leur esprit ; il leur parle avec une vue à court-terme, pas long-terme. Il propose de redistribuer la richesse, sans se demander qui a créé la richesse qu'il propose de distribuer. Il exhorte à protéger les uns et les autres, sans se demander qui leur donnera les moyens de cette protection. Il suit la volonté de la majorité, quoi qu'elle demande, sans se demander si les droits de l'individu ne sont pas menacés par les caprices du plus grand nombre.
Finalement, et même monsieur Copé l'admet, les partis français ne sont pas très différents.
Je mets exactement à égalité le Front national et le Front de gauche. Pour moi, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon mènent le même combat. C'est pour cela que, dans l'hypothèse d'un duel local entre le FN et le PS, je n'appellerai pas à voter pour le FN ni pour le PS, allié à M. Mélenchon.
Mais au milieu de tous ces partis qui mènent le même combat depuis des décennies, Jean-François Copé préfère qu'on vote pour le sien.