Sylvie
20h : préparation de 60 sandwiches baguette/fromage aux
fines herbes. Dans la voiture : 9 litres de soupe carottes-haricots verts-courgettes-pommes de terre à la crème mijotées quelques heures avant.
20h45 : départ pour Gare de l'Est. 18
personnes servies en repas, tee-shirts, chaussettes et pulls. On manque terriblement de pantalons et de chaussures... Echanges sur quelques problèmes particuliers mais aussi blagues,
détente, de vrais moments d'échange quoi...
« Je trouve qu'ils n'ont pas le profil type des SDF, ces gens là », lâche Olivier dans la voiture. Flottement... Je lui rappelle qu'être SDF ne veut pas dire dormir dehors à longueur d'année. Lui raconte des p'tits bouts de l'histoire des personnes que l'on vient de servir : Celui-ci qui dort en ce moment dans un squat où il ya l'eau ; tel autre qui se démène pour aller en foyer chaque fois qu'il le peut ; celui qui va prendre sa douche quotidienne dans un centre d'accueil de jour... Il y a autant de « profil de sans-aris » que de sans-abris...
On enchaine sur un grand tour du boulevard Magenta : personne en vue mais c'est normal, il pleut
!
République : nous discutons et servons quelques
personnes et, au moment où nous approchons d'un groupe de roumains, nous rencontrons une autre équipe de maraudeurs qui travaillent super bien mais avaient déserté le terrain pendant
plusieurs semaines. Il faut dire que même si le soleil se fait attendre, la mobilisation des bénévoles baisse malheureusement toujours en été... La période où il y a néanmoins le plus de décès de
sans-abris, souvenez-vous en !
Direction Beaubourg : Ce soir il y avait vraiment
beaucoup de monde. Comme le 4 mai, nous faisons « partage de travail » avec les plus anciens maraudeurs de la capitale. Des gars formidables qui maraudent à pied, caddie en remorque,
depuis près de trois ans et dont vous trouverez d'ailleurs bientôt le portrait de leur association sur le site d'Entraides Citoyennes.
Rue de Rivoli : 5 personnes. Deux
habitués, un "occasionnel" et deux nouveaux. Là encore, ils ont tout aussi faim de paroles et d'échanges que de nourriture Il y a des moments parfois
surréalistes en maraude : comme quand Yvan se met à parler des concerts rocks de sa jeunesse ! Il extrait même de son sac pour nous le montrer un petit album photo d'AC/DC particlulièrement bien
conservé. On
écoute même un morceau de Jimmy Page sur mon smartphone, oreilles de maraudeurs et de sans-abris réunies autour du haut-parleur...
Le Louvre : 6
personnes dont 3 nouveaux. L'un d'eux, près de soixante dix ans, "fidèle au poste"
nous accueille avec un grand sourire. Qu'il fasse froid ou chaud, qu'il pleuve ou qu'il vente, il nous accueille toujours en disant "merci". Je lui lance « Omar tu es incroyable, tu as toujours le sourire ». Et il me répond, philosophe : « Il faut continuer à sourire et je n'ai aucune
raison de me plaindre tant que je vais bien ».
Ce sont les derniers que nous visitons alors ils ont droit au « rab » de sandwichs : double dose...
Dans la cocotte, il ne reste que deux louches de soupe.
La semaine prochaine, on essaiera de faire un gros plat chaud pour mieux remplir les ventres vides.
Sa recette dépendra de la
générosité de chacun.
A bon entendeur...